Yvelines : enquête après la mort de Nana, 23 mois, pour qui le Samu ne s’est pas déplacé

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Le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire après la mort de l’enfant, à la fin février, à Poissy. Appelé par ses parents, le Samu avait refusé d’intervenir.

Nana a été inhumée, lundi dernier, au carré des Anges du cimetière de Poissy, en présence de ses parents, Michel et Louise, et de quelques employés municipaux. La petite fille, emportée par les suites d’une violente crise de diarrhée dans la nuit du 23 au 24 février dernier, n’était âgée que de 23 mois.

« Je ne suis pas bien. J’ai perdu mon enfant…, confie sa maman. Nana était belle et joyeuse. Elle était encore très petite, mais elle parlait déjà très bien. »

Inconsolable, cette femme de 30 ans, installée depuis avril 2018 dans un hôtel social de Poissy, avec son mari et ses quatre enfants, est surtout « en colère ». Car cette nuit-là, sentant la santé de sa fillette s’aggraver, elle avait appelé à l’aide les services de secours. Mais ces derniers ont refusé de se déplacer. « Si le Samu était intervenu dans la nuit, la petite ne serait pas morte », martèle Louise.

«Le monsieur du Samu a dit qu’il ne pouvait rien faire pour moi et il a raccroché»

Les premiers maux sont apparus le samedi 22 février, alors que le coronavirus envahissait peu à peu le pays : Nana souffrait de coliques. Le lendemain, vers 11 heures, sa maman se rend aux urgences de l’hôpital de Poissy, qui l’orientent vers la maison médicale. Louise et Nana rencontrent un généraliste et vers 16 heures, la mère et l’enfant se rendent à la pharmacie pour acheter les médicaments prescrits par le médecin.

« Mais la diarrhée ne s’arrêtait pas, raconte Louise. Malgré le traitement, la petite s’agitait et à 00h50, j’ai téléphoné au Samu. J’ai eu une dame au téléphone. Je lui ai expliqué ce qui se passait et elle m’a fait patienter. Puis j’ai eu un monsieur. Je lui ai tout expliqué. Je lui ai dit que la diarrhée ne s’arrêtait pas et que l’enfant s’agitait de plus en plus. Il m’a dit qu’il fallait suivre le traitement durant trois jours et que s’il n’y avait aucune amélioration, je devrais aller consulter un pédiatre. Il a ajouté qu’il ne pouvait rien faire pour moi et il a raccroché. »

Poissy. Michel et Louise, les parents de la petite Nana, veulent savoir pourquoi le Samu n’a pas jugé utile de se déplacer. LP/Julien Constant
Poissy. Michel et Louise, les parents de la petite Nana, veulent savoir pourquoi le Samu n’a pas jugé utile de se déplacer. LP/Julien Constant  

Nana est morte de déshydratation, provoquée par la diarrhée

Louise passe toute la nuit au chevet de sa fille, qui se plaint et demande à boire. Mais l’enfant rejette tout. Vers 5 heures, Michel, employé en intérim dans le bâtiment, part travailler. Inquiet, il incite son épouse à retourner à l’hôpital.

Une heure plus tard, le corps de l’enfant devient tout mou. Louise appelle sa voisine au secours puis elle compose le 15, le numéro du Samu. « Je les ai suppliés de venir, car ma fille était en train de mourir dans mes bras, insiste-t-elle. Nana demandait de l’eau et son papa. Puis elle s’est tue. Je l’ai secouée, je lui ai soufflé dans la bouche, mais elle ne bougeait plus. »

Entre-temps la voisine a appelé les pompiers, qui arrivent en premier. Ils emmènent le corps de la fillette dans leur ambulance, où ils sont rejoints par un médecin du Samu, qui ne peut que constater le décès de l’enfant. L’autopsie révélera que Nana est morte de déshydratation, provoquée par la diarrhée.

«Je ne comprends pas qu’en France, on puisse laisser mourir une enfant»

Un mois plus tard, la famille est toujours en quête de réponses. « Moi, je n’avais aucune solution pour conduire l’enfant à l’hôpital. Je n’ai pas de voiture et c’est loin, reprend Louise. Je me suis dit que je l’y conduirais en bus, dès la première heure et finalement Nana est décédée… »

« Je ne comprends pas, qu’en France, avec son système de médecine moderne, on puisse laisser mourir une enfant comme ça », souffle Michel, qui précise « n’attendre rien de spécial ». « Même si on nous donnait un avion, cela ne nous ramènerait pas notre enfant. Ce que nous voulons, c’est savoir la vérité », souligne le père endeuillé.

Le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire afin de faire toute la lumière sur le décès de l’enfant et les conditions d’intervention des secours. « C’est une affaire qui prendra beaucoup de temps, confie une source proche du dossier. Le juge va nécessairement passer par une série d’expertises médicales, qui permettront, à terme, d’évaluer les éventuelles responsabilités. Il faudrait aussi écouter la conversation avec le Samu et peut-être s’interroger sur le premier diagnostic posé par le généraliste. »

Les écoutants du Samu mieux formés depuis la mort de Naomi, en 2017

Ce médecin a appelé Louise, pour lui présenter ses condoléances, quand il a eu connaissance du décès de Nana, rapport la maman. Mais personne du Samu n’a pris contact avec elle, ni avec son mari, regrette-t-elle. La mairie de Poissy a également donné un coup de pouce pour l’inhumation. Contacté, le Samu des Yvelines, accaparé par la crise sanitaire, a répondu qu’il ne « communique plus, quel que soit le sujet abordé ».

Depuis la mort de Naomi Musenga, cette jeune femme de 22 ans décédée quelques heures après son vain appel au Samu de Strasbourg (Bas-Rhin), en décembre 2017, une formation diplômante a été mise en place pour les assistants de régulation médicale (ARM), premiers interlocuteurs de tout citoyen qui compose le 15.



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