Yu Jianrong, l’un des derniers porte-parole des sans-voix en Chine

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L’intellectuel chinois, très populaire, essaie de jongler avec la censure.

Par Publié aujourd’hui à 09h21

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Changement de la garde devant le portrait du fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, sur la place de Tiananmen à Beijing, le 7 mai 2019.
Changement de la garde devant le portrait du fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, sur la place de Tiananmen à Beijing, le 7 mai 2019. THOMAS PETER / REUTERS

Conseiller au gouvernement chinois de ne pas « transformer la Constitution en papier-toilette » suffit pour vous faire passer quelques années derrière les barreaux. Yu Jianrong, lui, a seulement vu, en 2016, son compte bloqué sur l’application de messagerie la plus populaire de Chine, WeChat. Même ses cours de management aux cadres du Parti communiste n’ont pas été remis en question.

Un pied dedans, un pied dehors : depuis une vingtaine d’années, cet intellectuel iconoclaste est passé maître dans l’art d’exploiter les failles du système. Avec, jusqu’ici, une ligne rouge : ne pas s’exprimer dans la presse internationale.

Atelier de peinture

Une ligne qu’il a franchie en mai en acceptant de recevoir Le Monde après avoir vu, en avril, son compte aux 7 millions d’abonnés sur Weibo, équivalent chinois de Twitter, bloqué pour trois mois en raison d’une critique implicite du pouvoir. « Si on ne peut plus s’exprimer sur WeChat, on le fait sur Weibo. Et si on ne peut plus utiliser Weibo, on a Twitter. Et si on n’a plus Twitter, on a Le Monde… Il y a toujours une solution », explique dans un grand éclat de rire cet homme aux multiples talents.

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Sa carte de visite indique qu’il est directeur du Centre d’études sur les conflits sociaux au sein de l’Institut du développement rural de l’Académie chinoise des sciences sociales. Mais la maison où il nous reçoit, à l’est de Pékin, renferme son atelier de peinture. Au mur, de nombreux tableaux, tous très sombres mais avec à chaque fois un point lumineux. A ses côtés, un client venu lui acheter une toile représentant une resplendissante croix catholique sur fond noir.

Lors d’une visite à Pékin en 2010, Angela Merkel a, elle aussi, eu droit à son tableau : un homme au front ceint d’un bandeau portant l’inscription « erreur judiciaire ». « Elle a davantage le sens des valeurs que les présidents français », note-t-il.

« C’est mon devoir. Je veux aider les gens qui n’ont pas voix au chapitre », Yu Jianrong

La notoriété de cet homme de 57 ans, habillé en tenue de chasseur, est immense, dans tous les milieux : « Certains parents me demandent de proposer un prénom pour leur enfant à venir et j’ai de vrais disciples dans le Parti communiste. En fait, je pense que les gens apprécient ma conscience morale. »

Dans ce pays où le mensonge est une assurance-vie très répandue, le franc-parler de Yu Jianrong n’a pas de prix. Le chercheur français Jean-Philippe Béja, qui a assisté il y a plusieurs années à l’une de ses conférences devant les cadres du Parti, le confirme : « Il parle trois heures sur la gestion des incidents de masse. Et il s’en va. Sans répondre à aucune question. C’est une vraie vedette ».

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