Votera ou votera pas ? En Afrique, une année électorale affectée par le coronavirus

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De gauche à droite, les présidents Alpha Condé (Guinée), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique) et Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) lors de scrutins dans leurs pays respectifs.
De gauche à droite, les présidents Alpha Condé (Guinée), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique) et Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) lors de scrutins dans leurs pays respectifs. AFP

2020 sera-t-elle l’année électorale annoncée en Afrique ? De la Côte d’Ivoire au Ghana, en passant par l’Ethiopie ou la Guinée, une dizaine de scrutins présidentiels ou généraux, sans compter les élections législatives ou locales, étaient prévus sur le continent au cours des mois à venir. Mais la pandémie liée au coronavirus, dont l’impact sanitaire reste à mesurer, s’est déjà invitée dans le jeu politique, floutant les calendriers établis et perturbant les ambitions personnelles.

Si, pour sa quatrième élection contestée, le président du Togo, Faure Gnassingbé, a dû prêter serment, dimanche 3 mai, devant des juges masqués et en l’absence de ses pairs africains, confinés chez eux, d’autres dirigeants pourraient devoir attendre avant de rempiler ou de passer la main.

En Ethiopie, pays qui a connu en deux ans bien plus de bouleversements politiques que le Togo lors des cinq dernières décennies, la date du premier test de popularité du premier ministre Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, demeure encore inconnue. Le Bureau national éthiopien des élections (NEBE) a annoncé le 31 mars un report sine die des élections générales qui devaient se tenir le 29 août. Dix jours plus tard, le Parlement a voté cinq mois d’état d’urgence, mais, en octobre, le mandat des députés sera arrivé à terme, laissant planer la menace d’une crise institutionnelle. Plébiscité à l’international mais soumis à des contestations locales, le premier ministre est en première ligne.

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« La manière dont Abiy gère cette situation sera cruciale pour le succès de la turbulente transition en Ethiopie, analyse le think tank International Crisis Group (ICG). Bien que le Covid-19 représente une menace grave pour l’Ethiopie, il offre également une opportunité à son gouvernement d’utiliser ce moment de solidarité nationale pour relancer son voyage troublé vers la démocratie multipartite. […] Alors que le NEBE dispose désormais de plus de temps pour finaliser les règles électorales et recruter des scrutateurs, la gestion par le gouvernement de l’état d’urgence et sa capacité à dégager un consensus sur la forme d’un gouvernement intérimaire seront essentielles. »

Autre dirigeant en vogue à l’étranger, Nana Akufo-Addo, président du Ghana, a encore plusieurs mois devant lui. Les élections générales demeurent prévues le 7 décembre, mais si celles-ci devaient être repoussées, une solution devra être trouvée pour éviter une vacance du pouvoir. Qui conduira l’intérim ? La question demeure pendante.

Le dauphin de Ouattara hospitalisé à Paris

En Centrafrique, aucun report n’a été annoncé, mais les esprits sont déjà préparés. Les textes aussi. Si l’Autorité nationale des élections (ANE) a maintenu le premier tour de la présidentielle et des législatives au 27 décembre, l’Assemblée nationale, sous l’initiative de députés proches du pouvoir, s’est prononcée en faveur d’un amendement de la Constitution permettant en cas de « force majeure » au président Faustin-Archange Touadéra de conserver les rênes jusqu’à l’entrée en fonction d’un nouvel élu. Le texte est à l’étude au gouvernement, mais déjà les principales figures de l’opposition se sont déclarées hostiles à un glissement où seul l’exécutif actuel assurerait l’intérim.

Une partie de la réponse à la crise qui couve est entre les mains des groupes armés et de leurs soutiens régionaux. Depuis l’accord signé en février 2019 au Soudan, les milices, sans jamais cesser leurs exactions dans les zones où elles opèrent, avaient dans l’ensemble fait le jeu de s’associer au pouvoir en place. Mais le 24 avril, après une vague d’arrestations à Bangui, plusieurs d’entre elles ont annoncé qu’elles suspendaient leur participation aux instances gouvernementales.

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Si Faustin-Archange Touadéra ambitionne de se succéder à lui-même, en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara reste, lui, focalisé sur sa volonté d’installer son premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, à sa place en automne. Au palais, on assure « travailler pour que tout se passe dans les temps » et que « le président a hâte de retrouver sa fondation, dont les bureaux sont en cours de finition ». Deux impondérables pourraient cependant bouleverser ses plans.

D’une part, le virus est susceptible de retarder les opérations d’inscription sur les listes électorales en vue du scrutin fixé au 31 octobre ; d’autre part, la question de la santé de son poulain s’est invitée dans le débat. Transplanté cardiaque en 2012, le premier ministre a été évacué le 2 mai à Paris, où lui a été posé un stent. Son absence devrait durer « deux à trois semaines », selon ses proches. Pas de quoi retarder son entrée en campagne, mais bien assez pour laisser la Côte d’Ivoire et les nombreux ambitieux qui agitent sa vie politique spéculer sur la capacité physique d’Amadou Gon Coulibaly à assumer la charge.

A 82 ans, son voisin Alpha Condé ne semble affecté par aucune de ces questions. Le président de la Guinée, s’il ne s’est pas encore déclaré candidat pour l’élection prévue elle aussi en octobre, laisse très clairement poindre son désir de rempiler pour un troisième mandat. En dépit des protestations de ses opposants, des violences qui ont émaillé la campagne et des fortes réserves internationales, la Constitution a été modifiée à cet effet lors d’un vote organisé le 22 mars, alors que de premiers cas de Covid-19 étaient apparus dans ce pays déjà frappé par Ebola (2013-2016). Précautions de santé publique et répression des contestataires pouvant faire bon ménage, un état d’urgence sanitaire a depuis été décrété, interdisant notamment les rassemblements de plus de 20 personnes.

Le Burundi protégé par « la grâce divine »

Au Niger, le pouvoir en place s’est évité ce type de scénario. Le chef de l’Etat, Mahamadou Issoufou, plus avisé que l’un de ses prédécesseurs, Mamadou Tandja, chassé de la présidence il y a dix ans pour avoir tenté de s’offrir un troisième bail à la tête de l’État, a déjà fait savoir qu’il ne concourra pas le 27 décembre. Mohamed Bazoum, l’actuel ministre de l’intérieur, a déjà entamé sa course vers la fonction suprême, mais l’un des « meilleurs amis » de Paris au Sahel, outre la difficile gestion de la pandémie, doit faire face aux incessantes attaques djihadistes sur les frontières occidentales et orientales du pays.

Présenter un bilan défendable lorsqu’on a incarné un des plus beaux espoirs de démocratisation du continent sera le défi de son voisin burkinabé. Le président Roch Marc Christian Kaboré devrait tenter de succéder à lui-même lors des élections générales prévues le 22 novembre, mais depuis son accession au pouvoir, fin 2015, le Burkina Faso connaît une plongée vers l’abîme. L’insécurité générée par l’irruption de groupes djihadistes a provoqué le déplacement de près de 800 000 personnes, dont le vote devra être organisé.

Outre les mesures imposées pour contenir l’épidémie, faire campagne comme mener des opérations d’enregistrement électoral est devenu impossible sur un bon tiers du territoire, dans le nord et l’est, ayant échappé au contrôle de l’Etat. Nul report n’a été annoncé mais si tel était le cas, les acteurs politiques burkinabés devront au préalable s’entendre pour éviter une vacance du pouvoir et une crise institutionnelle.

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La concertation politique et les précautions sanitaires sont des concepts que le pouvoir actuel au Burundi semble avoir bannis de son langage. Alors que la pandémie commençait à apparaître sur le continent, celui-ci a décidé d’aller à marche forcée aux élections générales, maintenant celles-ci au 20 mai. « Le Burundi est un pays qui a donné à Dieu la première place. Un Dieu qui le tient à l’écart des malheurs », explique la présidence pour appuyer ses déclarations rassurantes sur une épidémie « sous contrôle ».

Retiré de la course, le chef de l’Etat devrait voir le candidat de son parti, le général Evariste Ndayishimiye, lui succéder. Pierre Nkurunziza pourra cependant continuer de placer son pays sous « la grâce divine ». Son parti l’a élevé en mars au rang de « guide suprême éternel ».

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