Vladimir Poutine : l’obsession du contrôle

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Ecran installé sur la façade d’un hôtel retransmettant le discours annuel de Vladimir Poutine devant le Parlement, à Moscou, mercredi 15 janvier.
Ecran installé sur la façade d’un hôtel retransmettant le discours annuel de Vladimir Poutine devant le Parlement, à Moscou, mercredi 15 janvier. EVGENIA NOVOZHENINA / REUTERS

Editorial du « Monde ». Comment quitter le pouvoir lorsqu’on l’a occupé sans partage pendant vingt-quatre ans ? En ne le quittant pas. C’est la conclusion à laquelle semble être parvenu le président Vladimir Poutine, si l’on regarde de près les propositions de réformes constitutionnelles qu’il a présentées à Moscou, mercredi 15 janvier, dans son discours annuel devant le Parlement.

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Ce projet d’une nouvelle répartition des pouvoirs au sommet de la Fédération de Russie, à l’issue de ce qui doit être le quatrième et dernier mandat présidentiel de M. Poutine, en 2024, donne le coup d’envoi d’un processus de transition très attendu, puisque la Constitution actuelle interdit au président de remplir plus de deux mandats successifs. Arrivé au pouvoir en 2000 après avoir été choisi comme successeur par Boris Eltsine, M. Poutine avait dû recourir à un artifice en échangeant son poste avec son premier ministre, Dmitri Medvedev, de 2008 à 2012, pour pouvoir se faire réélire président en 2012, puis en 2018.

Il fallait maintenant trouver autre chose. A 67 ans, Vladimir Poutine peut sans doute envisager de quitter la présidence, mais plus difficilement de lâcher le contrôle d’un pays sur lequel il règne depuis vingt ans – le plus long règne d’un dirigeant russe depuis Staline. A la tête de la Russie, il a établi un système de prise de décisions plus concentré encore que sous la défunte Union soviétique, où le secrétaire général du Parti communiste devait au moins compter avec le bureau politique. En s’assurant l’appui des forces de sécurité, il est parvenu à marginaliser toute réelle opposition politique.

Une opposition muselée

Les rivaux potentiels hors système, comme l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, gracié et exilé en 2013 après dix ans de prison, ou l’opposant Alexeï Navalny, resté en Russie, mais rendu pratiquement inéligible, ont été mis hors d’état de nuire. Restent les camps rivaux au sein du système : selon les rares informations issues de ce pouvoir opaque, leurs appétits s’aiguisaient à l’approche de l’échéance 2024. La nature ayant horreur du vide, c’est aussi pour maîtriser leurs ambitions que M. Poutine a souhaité établir dès maintenant un cadre pour la transition. Le fidèle mais impopulaire Medvedev a été, lui, prié de remettre la démission de son gouvernement et placé sur une voie de garage en attendant mieux – ou pire.

Certains prêtaient au président russe l’intention de créer une Union de la Russie et de la Biélorussie, dont il aurait pris la tête pour se maintenir au pouvoir après 2024. Si cela était le cas, la résistance de l’homme fort de Minsk, Alexandre Loukachenko, a dû le dissuader. Les propositions de réformes de M. Poutine, dont il a indiqué qu’elles seraient soumises à un « vote des citoyens », semblent plutôt lui ménager la possibilité d’évoluer au sein de l’appareil d’Etat de la Russie, soit de nouveau comme premier ministre, mais avec des pouvoirs accrus par rapport à la fonction actuelle, soit à la tête du Conseil d’Etat.

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Quelle que soit sa forme institutionnelle finale, cette « révolution par le haut », comme l’ont surnommée quelques commentateurs russes, a en tout cas un objectif : celui de préserver un pouvoir central fort en Russie. « La Russie devra rester une république présidentielle forte », a affirmé M. Poutine, douchant les espoirs de ceux qui verraient une évolution démocratique dans le renforcement des compétences du Parlement. Au bout du compte, c’est l’obsession du contrôle qui l’emporte.

Le Monde

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