Viraj Ramharai: «La victime faute souvent par insouciance»

0
98

[ad_1]

Viraj Ramharai, International Lifesaving Trainer.

Viraj Ramharai, International Lifesaving Trainer.

Quand il y a un cas de noyade, à qui peut-on attribuer la faute ? 
Cela dépend. Tout d’abord la faute revient à la personne qui se retrouve en difficulté si elle s’est aventurée en mer malgré des annonces faites contre. Souvent, c’est la victime qui est fautive, par insouciance. Ensuite, il faut savoir si la personne a décidé de se baigner dans une région où il y a risques de grosses vagues, comme à Gris-Gris ou Pomponette, par exemple. Dans ce cas, la faute revient évidemment à la personne en question.

Par contre, on peut aussi attribuer la faute au surveillant de la baignade, qui s’est absenté pour un moment de son lieu de travail… On appelle cela Breach of duty of care et c’est le surveillant de baignade qui est le responsable.

Enfin, il y a ceux qui ne respectent pas les consignes, que ce soit comme zone de baignade dangereuse ou de baignade délimitée. Ils nagent au-delà de la zone indiquée. Cela peut poser des problèmes non seulement aux nageurs mais également aux skippers de bateaux, qui doivent redoubler de vigilance afin d’éviter des accidents.

Concernant les enfants, des parents les laissent sans supervision sur nos plages, tout comme à la piscine. Souvent des enfants sont emportés par le courant. Pour la plupart des cas donc, ce sont les parents qui n’assument pas leur responsabilité. Un malheur peut arriver pendant un moment d’inattention.

Quelles sont les causes susceptibles de provoquer des cas de noyade ? 
Dans ma profession, on qualifie ces causes de Drowning chain … la chaîne de noyade. En première position, c’est la négligence. Négligence des nageurs et des parents. Deuxièmement, nous trouvons la panique, qui est un facteur psychologique. Peu importe que l’on soit un excellent nageur, un moment de panique peut provoquer une noyade. Il arrive qu’une personne perde son sang-froid lorsqu’elle ne sent pas la profondeur ; elle panique alors et se noie. Il y a aussi un manque d’éducation aquatique, qui fait que les gens n’appréhendent pas le danger, ni ce qu’il faut faire dans des moments de détresse. Finalement, il y a ceux qui s’aventurent en mer malgré le mauvais temps, par simple curiosité ou par bravade. Cela se termine souvent par de mauvais résultats.

Quelles sont les mesures à prendre pour justement éviter les noyades provoquées par les causes que vous mentionnez ? 
Avant tout, il faut cesser de prendre des risques inutiles et mettre sa vie en péril. Depuis quelque temps, j’essaie de mettre en avant le Pink Rescue. C’est une bouée prête à être lancée aux personnes se trouvant en difficulté en mer. Elle les aide à rester à la surface en attendant du secours. Sinon, il y a aussi le besoin urgent d’une éducation aquatique dans nos écoles et à travers le pays. Par éducation aquatique, je veux aussi dire des campagnes de prévention.

Depuis quelques années, j’ai lancé Waterwise avec l’aide de Peter Bacon. Waterwise est un programme de sensibilisation et de formation. On organise aussi des causeries pour éviter les cas de noyade.

Vous êtes sauveteur. Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser ce métier ? 
C’est la série télévisée Baywatch (Alerte à Malibu) avec David Hasselhoff, qui m’a impressionné. J’ai cru comprendre qu’être sauveteur est un travail formidable. Toutefois, il y a aussi le fait que Maurice est entourée de belles plages mais qu’il y a eu toujours des noyades. C’est ce qui m’a poussé à entamer des études en Australie en 2004 pour devenir sauveteur. Depuis 2006, je prends ce travail à cœur. Il faut valoriser le lifesaving à Maurice.

De combien de cas de noyade avez-vous été témoin depuis que vous êtes sauveteur ? 
Plus d’une quarantaine à Maurice comme à l’étranger. J’ai aussi été sauveteur en Australie, en Angleterre et en Afrique.

Y a-t-il un cas en particulier que vous n’allez jamais oublier ? 
Je me souviens de tous les cas mais je ne vais jamais oublier celui d’une dame française. C’était en 2009. Des pêcheurs l’avaient ramenée sur la plage. Mon équipe et moi avons dû la ranimer. Deux jours après je suis passé la voir. Elle était saine et sauve. La même année, j’ai perdu mon père et en tant que sauveteur, j’ai essayé de lui donner les premiers soins à la maison. Mais en vain. C’était traumatisant pour moi.

En combien de temps une personne peut se noyer ? 
Cela dépend de la personne. C’est-à-dire de sa masse corporelle, de son âge et de son sexe. Normalement, un enfant peut se noyer plus rapidement qu’un adulte. Il y a aussi l’aspect environnemental dans lequel la personne se retrouve en difficulté.

Et que doivent faire les gens, qui n’ont pas la même formation que vous lorsqu’ils se retrouvent face à une noyade ? 
Pour commencer, ceux qui se trouvent en difficulté ne doivent pas paniquer. Sinon, cela va empirer la situation. Par la suite, il faut essayer de lancer des cris de secours pour que les gens puissent savoir qu’une personne est en danger. Il faut se maintenir à flot et lever ses bras en air.

Pour ceux qui veulent apporter leur aide aux personnes en difficulté, je leur suggère de garder leur calme d’abord. Souvent, en portant secours à une personne, on se retrouve dans la même situation à cause de la panique. Cela dit, il faut appeler du renfort, de l’assistance. Entre-temps, il faut lancer un objet, que ce soit un t-shirt ou une bouée à la personne en détresse pour qu’elle puisse bien s’y accrocher.

Ne faudrait-il pas avoir un plus grand nombre de sauveteurs à Maurice ? 
Oui, pour la simple et bonne raison que peu importe les mesures que nous prenons, la mer est imprévisible, tout comme la psychologie humaine. La panique et la négligence peuvent surgir à tout moment. Les sauveteurs peuvent sauver des vies. C’est pour cette raison que nous avons besoin d’un plus grand nombre de sauveteurs à Maurice.

Toutefois, il faut commencer à valoriser ce travail et bien rémunérer les sauveteurs. Ce n’est pas un travail facile mais il est digne. Tout comme moi, plusieurs jeunes sont prêts à prendre le flambeau. Je suis prêt à former ces jeunes et à apporter mon soutien dans ce but.

Bio Express

Viraj Ramharai, 36 ans, est un visage connu dans le domaine du sauvetage. En 2004, il se rend en Australie pour obtenir une licence en Sports Development avec spécialisation en Lifeguard. C’est en 2006 qu’il rentre au pays. Par la suite, ce père de famille fait également du volontariat en Afrique en tant que sauveteur. Il est le premier Mauricien à participer, en 2013 en Allemagne, et en tant qu’intervenant, à la World Conference for Drowning Prevention. Chaque année, il apporte son aide au Festival international de Kitesurfing à Rodrigues. Il lance en 2012 Waterwise Mauritius, un programme de sensibilisation et prévention, avec l’aide de Peter Bacon de Sea Rescue. Cinq ans après, il participe au programme Search and Rescue à Cape Town, en Afrique du Sud. Cette année, c’est lui qui était responsable de l’équipe des sauveteurs lors des Jeux des îles à Maurice.


[ad_2]

Source link