Violence envers les femmes: pas que des mots ou des marches mais s’attaquer à la racine…

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Des députées dimanche 24 novembre, à Réduit, pour la cérémonie marquant la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Des députées dimanche 24 novembre, à Réduit, pour la cérémonie marquant la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Le monde entier célèbre en ce lundi 25 novembre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette année, huit femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou leur fils. Tout le monde est d’accord qu’il est temps d’y remédier.

«Assez…» Ce mot, c’est la nouvelle ministre de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, Kalpana Koonjoo-Shah, qui l’a prononcé en demandant à l’assistance de faire de même alors qu’elle prenait la parole hier, lors de la cérémonie organisée à l’auditorium Octave Wiehe, à Réduit, pour marquer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Consciente que le durcissement des lois n’est pas l’unique solution, elle estime qu’il faut s’attaquer au problème à la racine en donnant un suivi psychologique non seulement aux agresseurs qui ont ôté la vie mais également à ceux qui n’arrivent pas à gérer leur colère.

Pour cela, la ministre considère que les femmes ne doivent plus se taire. Une chose que semblent avoir comprise des citoyennes. Car, de janvier à septembre 2019, 1 795 cas de femmes victimes de violence domestique ont été rapportés aux autorités.

Brigitte Parver, assistante sociale à SOS Femmes, ajoute, pour sa part, avoir remarqué que les femmes sont plus à l’aise pour en parler en public maintenant. De plus, depuis les récents assassinats de femmes à Maurice (voir plus bas), plusieurs groupes ont émergé sur les réseaux sociaux pour dire «Stop».

Groupes de parole

Ces groupes, à l’instar de Linion fam ou encore Fam ensam nou kapav, ont fait leur apparition en septembre dernier et, en trois mois seulement, 3 900 et 16 000 femmes s’y sont abonnées. Sur ces plateformes réservées exclusivement aux femmes, les témoignages de femmes battues, victimes à la fois de violences physiques et psychologiques, fusent.

Des citoyennes qui ne sont certes pas victimes aident de leur mieux. D’ailleurs, Jessica Marianne, gérante de la page Fam ensam nou kapav, a fondé ce groupe avec une autre femme, en tant que citoyennes qui veulent aider les victimes à se confier et à se libérer. «Tout est allé de fil en aiguille. Une policière, des avocates, des femmes à travers l’île se sont rassemblées pour aider en tant que citoyennes ces femmes qui ont besoin d’aide, d’avis et de conseils à travers leurs témoignages anonymes ou à visage découvert.»

Linion fam suit la même direction. Catherine Prosper, victime de violences conjugales pendant quatre ans, s’est mise avec deux autres victimes pour fonder ce groupe sur les réseaux sociaux. «Nous l’avons créé car nous avons vu qu’il y avait un besoin d’élever la voix.» Cependant, elle a vite compris que rester derrière un écran ne servait vraiment à rien. D’ailleurs, elle était présente hier à Réduit, où elle a livré un émouvant témoignage en présence des membres du gouvernement.

Banaliser

Catherine Prosper rappelle que le système judiciaire n’éradique pas le problème car certains ont toujours tendance à banaliser l’ampleur de la violence domestique et il y a des failles. Du reste, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’a lui-même dit, hier: «Mo constate ena dimounn pa fer travay kouma bisin. Zot banaliz bann ka», ajoutant que son gouvernement considère ce fléau comme une priorité.

Cependant, Catherine Prosper est claire : il faut apporter un vrai changement et pas seulement des mots. «C’est pour cela qu’ensemble avec d’autres citoyens, des organisations non gouvernementales, des avocats, entre autres, nous voulons créer un collectif pour travailler ensemble et apporter des recommandations à ceux concernés.»

Anushka Virasawmy, directrice de Gender Links, est aussi d’avis que «les marches et la sensibilisation ne marchent pas». Elle estime qu’il est temps, en tant qu’association, de s’attaquer au problème de la violence domestique à la racine, c’est-à-dire, en essayant de comprendre pourquoi l’agresseur frappe. Quelle est la raison derrière la violence et que faire pour y remédier ?

«On a dépensé beaucoup d’argent pour faire des ‘workshops’ ou des campagnes de sensibilisation mais, ‘at the end of the day’, on se rend compte que le nombre de cas augmente et qu’il faut commencer à se poser les bonnes questions. Ena enn failure. Nou pa kapav contigne pas nou lavi fer kauseri.» Si l’association travaille sur le sujet, elle estime tout de même qu’il est temps de parler de la violence domestique sans banaliser la situation et n’en faire que des faits divers. Il faut aussi évoquer le gender-based violence en commençant par les plus petits.

Historique des huit femmes tuées à Maurice et Rodrigues

Huit visages de femmes, huit êtres de trop qui ont perdu la vie cette année.

4 juin : Anita Gangadoss, 53 ans, succombe à ses blessures à l’unité des soins intensifs de l’hôpital A. G. Jeetoo, à Port-Louis. Elle avait été poignardée par son compagnon, Sewduth Bundhoo, 54 ans, le 29 mai.

20 août : Chansella Perrine, 22 ans et mère de trois enfants en bas âge, perd la vie à Citron-Donis, Rodrigues. Son ex-concubin et père de ses trois enfants, Jean Maurice Collet, l’a poignardée à mort, sous les yeux de leurs enfants.

4 septembre : Stéphanie Ménès, 32 ans, est poignardée à Ste-Croix par son époux violent, Alex Steeve Ménès, 50 ans. Ce dernier se pend peu après avoir commis son crime.

10 septembre : Shabneez Mohammed, 35 ans, est étranglée par son mari, Naseerudhin Mohamud, un maçon de 38 ans, sur un soupçon d’infidélité. Elle demande à ses enfants de se rendre à la police alors qu’elle se fait agresser. Mais la police est venue sur place bien trop tard.

12 septembre : Mary Joyce Revat Jamac, 31 ans, est rouée de coups au cours d’une énième dispute avec son compagnon, Rodney Rambhojun, un récidiviste de 36 ans. Ce dernier lui aurait ensuite plongé la tête dans une barrique remplie d’eau. La victime est décédée d’une asphyxie due à la noyade.

15 octobre : Le corps de Marie Charis Sorenza, 23 ans, est retrouvé attaché et enveloppé dans un drap dans un état de décomposition. Patrice Rita, son concubin, a avoué l’avoir tuée.

17 octobre : Nazmah Rummun, 64 ans, est portée manquante. Son époux fait une déposition au poste de police de St-Pierre le lendemain. Deux jours plus tard, après un long interrogatoire par la CID de Moka, son fils Shakeel avoue avoir tué sa mère. Aidé de son épouse, Nishita Jagarnath, il aurait découpé le corps avant de le mettre dans une valise pour s’en débarrasser au Souffleur.

8 novembre : Le corps sans vie de Ganeshwaree Buleeram, 24 ans, est retrouvé par des policiers en patrouille. La jeune femme a été poignardée par son ex-mari, Mamode Nubeebuccus, 28 ans.


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