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Un ado de 14 ans agressé par trois collégiens à Résidence La Cure. Un élève de Grade 8 attaqué à coups de tuyau par un autre de Grade 9 dans l’enceinte d’un collège à Rose-Hill. Des collégiennes qui en viennent aux mains à la gare du Nord, à Port-Louis. Un jeune de 13 ans roué de coups par ses camarades dans un collège du Nord… La série de violence chez les collégiens ne cesse de s’allonger. Qu’est-ce qui explique cette situation?
D’emblée, un constat unanime des pédagogues et personnels enseignant et non-enseignant interrogés : «Ce qui se passe dans la société se reflète dans les écoles et vice versa.» Ce qui fait dire à Faizal Jeerooburkhan qu’il s’agit d’un problème multifactoriel, impliquant surtout les ados issus de collèges d’État. La pression des pairs, la drogue et le stress des examens ne sont pas les seules raisons, argue-t-il.
Environnement familial Au dire de Preety Ramjuttun, présidente de la Government Secondary School Teachers Union, toute cette violence s’explique par le changement des mœurs. « Certains parents compensent leur absence en offrant des objets technologiques. Et puis, il n’y a presque plus de famille élargie et la présence des grands-parents sous le même toit.» Constat un peu rapide quand on sait qu’avant la politique de l’enfant-roi, les enfants étaient davantage livrés à eux-mêmes…
De son côté, Basheer Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés, fait valoir que «souvent, les enfants sont exposés à de la violence dans la famille dès un très jeune âge. Ils reproduisent ces actes». Sans compter que «les films sont remplis de violence. Les réalisateurs en font même une glorification».
Même son de cloche du côté de Jayshree Arnachellum, secrétaire de la School Superintendant Union. Si elle précise qu’«aucune distinction n’est faite entre les classes sociales», n’empêche, «force est de constater que les récidivistes sont ceux issus des milieux difficiles. Ça arrive que des collégiens soient impliqués dans des bagarres, mais ce n’est pas possible que ce soient les mêmes à chaque fois !» Elle ajoute que, parfois, lorsque les parents sont convoqués au collège, ils ne veulent pas croire que leurs enfants aient commis des actes de violence, car ils sont dociles chez eux.
Études trop scolaires
Le programme d’études est-il compatible avec les diverses aptitudes des élèves ? Non, martèle le pédagogue Faizal Jeerooburkhan, car trop scolaire. «Il n’est pas adapté à leurs talents sportifs ou artistiques. Sans compter que seules les élites sont prises en considération par le système éducatif. Ceux qui se sentent négligés causent alors des problèmes à d’autres personnes», fait-il remarquer.
Les recteurs ne font qu’exécuter des ordres émanant du ministère de l’Éducation, déplore-t-il. Or, ils devraient avoir plus de responsabilités car ils connaissent mieux les problèmes auxquels sont confrontés leurs établissements scolaires respectifs.
Manque de mesures dissuasives
Le constat de Basheer Taleb est le suivant : il y a un manque de mesures dissuasives contre les ados qui se montrent violents. Ces derniers s’en sortent sans aucun problème et récidivent. Or, dit-il, en référence au «bullying», il aurait fallu que le «bourreau» obtienne une aide psychologique tandis que les victimes devraient pouvoir dénoncer cette pratique dans la plus grande discrétion à des personnes désignées.
Quand les jeux mènent à la violence
Selon Ally Yearoo, secrétaire de l’Education Officers’ Union, une des sources de violence peut être… la dépendance aux jeux. De raconter le cas d’un collégien qui est accro à des jeux sur son cellulaire. En classe, comme il ne peut jouer, il a fini par développer une nature violente. Alertés, les parents ont laissé entendre que leur fils passe la nuit à jouer sur son téléphone portable.
Manque d’activités physiques
Le secrétaire de l’Education Officers’ Union montre aussi du doigt le manque d’activités physiques. «Les classes d’éducation physique ont lieu sur une base hebdomadaire. Certains sont très doués en sport, mais on n’arrive pas à développer ce talent. Quant à l’heure de la recréation, ce n’est pas suffisant pour que les jeunes dépensent leur énergie», soutient Ally Yearoo.
Que faire ?
Tout n’est pas perdu. Une des solutions préconisées est la présence en permanence de psychologues dans les collèges. Faizal Jeerooburkhan, Basheer Taleb, Jayshree Arnachellum et Preety Ramjuttun sont unanimes à ce sujet.
«Nous nous servons de notre expérience en tant qu’adultes pour régler les problèmes. Mais nous ne sommes pas habilités à résoudre le problème de la violence comme il se doit. Les enseignants n’ont pas la formation nécessaire pour traiter des comportements violents», reconnaît Basheer Taleb.
D’où la nécessité que chaque école soit dotée d’un psychologue. «Lorsque les enseignants observent des choses chez des élèves, ils peuvent faire signe au psychologue. Tout comme il peut, lui aussi, détecter les attitudes suspectes.»
Présence d’un «Discipline Master»
La création du poste de Discipline Master serait une solution viable, selon nos interlocuteurs. D’autant que les collégiens font souvent ce qu’ils veulent lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes pendant la récréation ou en classe en l’absence des enseignants.
À ce propos, Basheer Taleb propose que le personnel enseignant et non-enseignant assurent une présence à ces moments-là. Quid de certains enseignants qui affirment que ce n’est pas leur travail ? «Dans leur scheme of duty, c’est écrit qu’ils doivent faire le “orderly”, c’est-à-dire faire le tour de l’institution pendant l’heure de la récré, à tour de rôle. Certains collèges le font déjà», déclare-t-il.
Révision du système éducatif
Le pédagogue Faizal Jeerooburkhan préconise une révision totale du système éducatif. Ce qui demande du temps et des ressources. «On devrait introduire davantage d’activités extrascolaires – le sport, la musique, le bénévolat, le placement dans des entreprises. Le programme scolaire doit être adapté à tous types d’élèves», insiste-t-il.
En sus, Preety Ramjuttun préconise des cours tels que des techniques de respiration à l’intention des collégiens. Ce qui leur permettrait d’apprendre à se calmer dans des moments de colère.
Sanctions plus sévères
Il est grand temps d’introduire des sanctions pour contrôler la situation, soutient Jayshree Arnachellum. Par exemple, une déduction des notes sur les résultats pour mauvaise conduite répétée, explique-t-elle.
Le flexi-time
Avec le consentement des parents, le «flexi-time» pourrait être introduit dans les collèges, dit Basheer Taleb. Objectif : réduire le grand nombre d’élèves qui se retrouvent aux gares routières et arrêts d’autobus au même moment. Ce qui devrait aider à réduire le taux de violence chez les jeunes. Mais il est conscient qu’un tel système nécessitera la collaboration des compagnies d’autobus.
Les solutions proposées par la police
La force policière compte durcir le ton face à la recrudescence de violence impliquant des collégiens. Les agents de l’ordre expliquent que bien qu’il y ait des causeries de la brigade des mineurs dans les collèges et que des patrouilles régulières soient effectuées à la sortie des classes, le maigre effectif de cette unité ne peut contrôler de manière optimale les milliers de collégiens présents sur les gares routières, entre autres. La police observe que les accès de violence chez ces jeunes sont souvent liés à l’effet de groupe ou d’attroupement. Pour minimiser, mais surtout éviter tout dérapage des collégiens après l’école, la police propose certaines mesures.
Notamment, une présence des éléments de la Special Supporting Unit, de la Special Mobile Force, de la Dog Unit, pour épauler les agents en patrouille. Ensuite, faire les collégiens prendre leur autobus le plus vite possible afin d’éviter des attroupements sur les gares routières. La police souhaite qu’il y ait plus d’autobus disponibles à la sortie des classes car, parfois, pour certaines régions, il faut attendre au moins une heure avant d’avoir un moyen de transport pour rentrer chez soi. Il est également souhaité qu’un éducateur accompagne les élèves à la gare afin qu’ils puissent regagner leur destination dans la discipline. La police compte aussi maintenir une présence permanente sur les gares routières.
La police souhaite aussi que les parents assument un peu plus de responsabilité concernant le trajet de leurs enfants le matin et l’après-midi. Ils doivent, par exemple, s’enquérir de la situation si leurs enfants tardent à rentrer. Les parents ont aussi un rôle à jouer pour les accompagner et les encadrer, cela pour leur propre sécurité.
Un garçon de 11 ans agressé par son camarade de classe
Son camarade de classe l’aurait poussé et lancé des coups de poing dans le dos jeudi. Ce garçon de 11 ans a porté plainte au poste de police de Pope Hennessy, en compagnie de sa mère, après avoir reçu des soins à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. Ce petit habitant de Tranquebar ignore les raisons qui ont poussé son ami à le rouer de coups. Ils revenaient tous deux de l’école et marchaient pour rentrer à la maison lorsque l’incident s’est produit.
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