Vingt ans après leur intervention en Afghanistan, les Américains s’en vont sur un sentiment d’échec

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Publié aujourd’hui à 16h26

Au sommet d’une colline, le Bala Hissar de Kaboul, forteresse historique du pouvoir afghan, surplombe la capitale qui semble s’étendre jusqu’aux montagnes. Ses ruines résument le destin d’un pays pas comme les autres, jaloux de son indépendance, et jouet, de tout temps, de puissances extérieures. En ce mois de mai, les travaux de restauration de la citadelle et la mission archéologique en cours exhument, chaque jour, des vestiges de l’époque des envahisseurs perses, moghols ou britanniques. Subsistent aussi des graffitis, laissés par des soldats soviétiques entre 1979 et 1989, et des carcasses de chars datant d’une guerre civile, entre 1992 et 1996, qui a vu les talibans prendre le pouvoir à Kaboul.

En contrebas, une vaste enceinte militarisée gardée par l’armée afghane témoigne d’une présence américaine qui s’achève, vingt ans après la chute d’un régime taliban coupable d’avoir hébergé Al-Qaida. Le président Joe Biden a promis un retrait total des troupes au plus tard le 11 septembre. En réalité, début juillet, tout sera terminé. Les talibans en quête de vengeance auront le champ libre, même s’ils jurent vouloir poursuivre le processus de paix interafghan ouvert le 12 septembre 2020, à Doha. En attendant, ils regagnent, district par district, à force de combats meurtriers contre l’armée régulière, un pays dont ils contrôlent déjà plus d’un tiers du territoire.

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Le départ américain ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l’Afghanistan, empreint d’incertitude et d’un immense sentiment de gâchis. A Kaboul, dans son bureau de chef de l’exécutif afghan, fonction qu’il cumule depuis 2020 avec celle de président du Haut Conseil pour la réconciliation nationale chargée des pourparlers de paix avec les talibans, Abdullah Abdullah regrette ces « occasions manquées de parvenir à la paix ». Ces vingt dernières années, il les a passées aux premières loges du pouvoir. Il était déjà ministre des affaires étrangères du gouvernement intérimaire, nommé à la suite des accords de Bonn, en décembre 2001, censés définir les nouvelles fondations politiques du pays.

Population emplie d’espoir

« Après la chute du régime taliban, la population était sincèrement emplie d’espoir et ouverte aux changements portés par l’intervention américaine », dit-il au Monde. Même si, en 2002, le mollah Omar, chef des talibans, déclarait encore, dans un entretien accordé au quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, que « la bataille [venait] à peine de commencer, sa flamme [avait] été ravivée et elle réduira en cendres la Maison Blanche », prédisant « le feu, l’enfer et la défaite totale pour les Etats-Unis ». Mais les règles du système tribal afghan se sont retournées contre les insurgés. Les tribus pachtounes, dont ils étaient à cette époque tous issus, leur ont retiré leur allégeance car ils n’étaient plus en mesure de leur garantir la sécurité physique ou économique. Alors que les talibans avaient conquis le pouvoir sur fond de conflits ethniques, l’intervention américaine a eu pour effet d’apaiser les relations entre Pachtouns, Tadjiks, Hazara et Ouzbeks. Par ailleurs, Hamid Karzaï, président de l’administration provisoire, désigné à Bonn, promet alors de tenir tête aux redoutés warlords, les « seigneurs » de guerre non pachtouns qui ont combattu le régime taliban aux côtés des Américains.

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