villes désertes, télétravail et quarantaine… le quotidien en Chine raconté par des expatriés

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Un technicien de surface traverse l’enceinte déserte d’un immeuble de bureaux à Pékin, le 10 février.
Un technicien de surface traverse l’enceinte déserte d’un immeuble de bureaux à Pékin, le 10 février. Andy Wong / AP

Plus de deux semaines après le Nouvel An lunaire, la Chine semble reprendre un peu vie. La période de congés, qui devait initialement s’achever dimanche 2 février, avait été rallongée d’une semaine, de nombreuses municipalités préférant repousser la reprise d’activité au 10 février pour limiter les risques de propagation du coronavirus 2019-nCoV.

Mais le pays tourne encore au ralenti, dans une atmosphère marquée par l’épidémie, dont le bilan dépasse mardi 11 février les 1 000 morts. Les étudiants et autres élèves restent en vacances et les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile. Plusieurs régions, où vivent des dizaines de millions de personnes, restent soumises à des restrictions de déplacement. A travers le pays, de nombreux commerces ou restaurants restent fermés.

Des Français installés en Chine et à Hongkong ont partagé, à la faveur d’un appel à témoignages sur Le Monde.fr, leurs souvenirs de l’apparition du virus, les informations auxquelles ils ont eu accès et leur quotidien fait d’attentes et d’incertitudes.

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  • Début janvier, « personne n’est préoccupé par le coronavirus »

L’étrange maladie apparue à Wuhan, la capitale tentaculaire de la province du Hubei, Adam A. en entend parler pour la première fois début janvier. Cet étudiant de 20 ans, qui fait alors un semestre à l’université Jiao-Tong de Pékin, dans le cadre de son cursus d’ingénieur, se souvient que la situation était alors présentée comme « sans danger ». Le 15 janvier à Zhangjiajie, à 500 kilomètres au sud-ouest de Wuhan où il est en vacances, « personne ne porte de masque, personne n’est préoccupé par le coronavirus », se rappelle ainsi Theotime Massot, 19 ans, étudiant à Sciences Po Bordeaux en échange à l’université de Sun-Yat-Sen à Zhuhai (sud-est).

Tout bascule dès les premiers morts. Alors que le nombre d’infections recensées s’accélère de manière exponentielle, les réseaux sociaux commencent à se faire l’écho de rumeurs sur une pathologie « extrêmement contagieuse », se souvient Adam A. Les comptes WeChat – application mobile de messagerie textuelle et vocale – de quelques-uns de ses amis sont bloqués pour avoir partagé des vidéos d’un hôpital à Wuhan, où on aperçoit des malades du virus allongés dans les couloirs. « Puis vinrent les explications officielles du gouvernement : un virus similaire à celui de 2002 », le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), poursuit le jeune homme.

Le 23 janvier, les autorités décident de placer Wuhan en quarantaine. Ce même jour, Theotime Massot est dans le train qui doit le ramener à Zhuhai. Un « train fantôme », décrit-il. « Nous arrivons ensuite à Canton. La ville est entièrement désertée, les métros habituellement pleins à craquer sont vides… »

  • Rues désertes et effervescence sur les réseaux sociaux

« Quel sentiment étrange en voyant nos belles rues shanghaïennes habituellement remplies de vie, silencieuses, vides, inertes », témoigne ainsi Léa Pellequer, gestionnaire de relations. Alors que la plupart des expatriés ont profité des vacances du Nouvel An lunaire, le 25 janvier, pour quitter le pays, la trentenaire a décidé de rester. « On reste positifs et confiants. Les autorités chinoises ont mis en place des actions préventives et des restrictions très fortes. Alors on attend… », ajoute-t-elle.

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En revanche, les réseaux sociaux ne s’arrêtent jamais, souligne la jeune femme. Suivi en temps réel des malades et cas potentiels infectés, des messages dans les groupes et questionnements des uns et des autres tout au long de la journée… « Economie à l’arrêt, psychose des médias étrangers, les contacts en France perdus de vue qui reviennent te parler après cinq ans pour savoir si ça va », souligne Pierre Louis Marchal. « C’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose », estime ce directeur artistique de 28 ans installé à Shanghai ; le coronavirus 2019-nCoV est avant tout « une grippe ».

  • Télétravail et quarantaine : « Je suis prisonnier de cette situation »

La taille du pays le plus peuplé au monde et la période de congés – marquée par une grande transhumance – fait craindre une propagation à grande échelle du virus. Très vite, les autorités décident donc de multiplier les mesures de sécurité, dont le télétravail. « Pas de psychose, mais des règles d’hygiène et du bon sens », résume Yves Delors, cinquantenaire installé à Hongkong. Pour se rendre au bureau, il utilisait une petite navette, puis quatre stations de métro et un ferry très fréquentés : « Le risque est là. »

A l’instar des autres cadres dirigeant, M. Delors continuait de venir chaque jour dans les locaux de la société mais face à l’augmentation exponentielle du nombre de cas, il est revenu sur sa décision : « C’est trop dangereux. Je travaille donc de chez moi et organise des téléconférences. »

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Mais les autorités chinoises ont aussi pris des mesures plus drastiques. Depuis la fin du mois de janvier, de nombreuses localités de la province du Hubei ont été placées en quarantaine. « Il est malheureusement impossible de quitter la ville [de Suizhou]. Je suis littéralement prisonnier de cette situation », déplore Aurélien Viard. Avec son épouse, de nationalité chinoise, ils se sont rendus pour le Nouvel An dans cette petite ville, à quelque deux heures de route de Wuhan, foyer de l’épidémie de coronavirus.

« Toute l’assistance gouvernementale et l’attention médiatique nationale et internationale est tournée vers Wuhan. Or, Suizhou est l’une des cinq villes les plus touchées par le virus. Les hôpitaux sont trop petits et le matériel médical manque clairement. Les personnes contaminées sont délaissées », s’indigne-t-il.

  • « La situation était très anxiogène, puis au fur et à mesure cela se calme »

Si plus de 42 000 cas ont été détectés à travers le pays, l’impact du virus sur le quotidien varie grandement d’une ville à l’autre. Ainsi, explique Cécile Roux, 45 ans, la mégalopole de Shanghaï reste « relativement protégée jusque-là » : « les rues sont désertes, mais il est encore facile de s’approvisionner en tout sauf en masques ou désinfectants. » Et si, par précaution, les écoles resteront fermées jusqu’au 3 mars, de nombreuses structures mettent en place des enseignements à distance.

A l’université du Yangtze à Jingzhou, dans le Hubei, « des cours en ligne vont débuter cette semaine », explique Jean Humbert, 22 ans. La ville de quelque 6 millions d’habitants, située à 200 kilomètres de Wuhan, est confinée depuis deux semaines. L’étudiant fait attention, mais il continue de sortir « même si tous les magasins sont fermés » à l’exception d’une poignée de supermarchés et supérettes. « Au début de la crise, la situation était très anxiogène, l’inquiétude grandissante. Puis, au fur et à mesure, cela se calme », témoigne-t-il. En contact avec le consulat de France à Wuhan en vue d’un rapatriement, il a finalement décidé de rester en Chine : « Je n’ai plus vraiment peur. »

« L’incertitude pour les expatriés est plus l’arrivée potentielle d’une quarantaine comme à Wuhan, Ningbo, Hangzhou ou même Nanjing. Les compagnies aériennes ne desservent plus la Chine, les solutions de repli sont de plus en plus chères et difficiles à organiser », explique Cécile Roux. Avec sa famille, ils ont décidé de ne pas quitter le territoire : « Nous n’avons pas de domicile en dehors de la Chine. Rentrer où ? »

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