victoire tactique, défaite stratégique ? », le texte qui embarrasse l’armée française

0
310

[ad_1]

« Le Monde » publie de larges extraits de l’article du colonel François-Régis Legrier, paru dans la « Revue Défense Nationale », en février, mais aussitôt retiré au motif qu’il critiquait la stratégie de la coalition internationale dans la guerre contre l’organisation Etat islamique en Irak et en Syrie.

Par François-Régis Legrier Publié aujourd’hui à 06h00

Temps de Lecture 9 min.

Article réservé aux abonnés

Le contexte

Le colonel François-Régis Legrier, chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019, est l’auteur d’un article paru dans la Revue défense nationale (RDN, n°817), en février.

Intitulé « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? », celui-ci critique la méthode et les résultats de la coalition internationale sous commandement américain dans la guerre contre l’organisation Etat islamique.

A peine publié, l’article a suscité une vive réprobation de la part de la hiérarchie militaire, et notamment de la ministre des armées, Florence Parly. Il est reproché au colonel Legrier de ne pas avoir soumis son projet et de s’être exprimé sans attendre son retour en France – le premier « retour d’expérience » que doit un chef de corps auprès de ses généraux est le traditionnel « compte rendu de fin de mission » confidentiel.

L’article a été retiré du site de la RDN, son rédacteur en chef, le général Jérôme Pellistrandi ayant indiqué « avoir manqué de discernement ».

L’ancien colonel et historien Michel Goya, qui apporte son soutien au colonel Legrier, a diffusé sur Twitter l’article en question.

De son côté, le général Serge Cholley, représentant de la France auprès du commandant de l’opération « Inherent Resolve » de juillet 2016 à 2017, apporte des éclairages plus précis sur la stratégie de la coalition et s’exprime dans « Le Monde » avec l’aval de sa hiérarchie.

Document. La bataille d’Hajin (septembre 2018-janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo-Etat islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement sur les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée (…) ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. (…)

Au prix de nombreuses destructions

Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’Etat islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et d’épargner à la population plusieurs mois de guerre.

Le colonel François-Régis Legrier (à gauche) avec la ministre de la défense, Florence Parly (au centre), le général français Jean-Marc Vigilant, le général américain Paul LaCamera et l’ambassadeur français en Irak, Bruno Aubert, sur une base près d’Al-Qaim, en Irak, le 9 février.
Le colonel François-Régis Legrier (à gauche) avec la ministre de la défense, Florence Parly (au centre), le général français Jean-Marc Vigilant, le général américain Paul LaCamera et l’ambassadeur français en Irak, Bruno Aubert, sur une base près d’Al-Qaim, en Irak, le 9 février. DAPHNE BENOIT / AFP

Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est-à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place –, la conduite des opérations au sol, la coalition (operation Inherent Resolve) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: