vents mauvais sur l’île de Pâques

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Par Nicolas Celnik

Publié le 21 janvier 2020 à 00h26

ADRIA FRUITOS

C’est une terre du bout du monde, l’endroit habité le plus isolé de la planète, une tête d’aiguille en plein Pacifique. L’île habitée la plus proche, Pitcairn, pointe à 2 075 kilomètres à l’ouest. Les côtes du Chili, le pays de tutelle, sont plus éloignées encore : 3 525 kilomètres, à l’est cette fois. Et au milieu, donc, Rapa Nui, l’île de Pâques, 7 750 résidents et un petit millier de moais, ces visages de pierre aux origines mal connues que le poète chilien Pablo Neruda peignait comme des « statues que la nuit a construites/et égrenées en cercle clos/pour n’être vues que de la mer ».

A l’ombre de ces sculptures monumentales vivent les Rapanuis, des Polynésiens débarqués autrefois sur ces rivages grâce à une science de la navigation tout aussi intrigante. Depuis leur premier contact avec les Occidentaux, au XVIIIe siècle, ils ont subi diverses tutelles, mené quelques révoltes et bien failli disparaître, mais ils ont réussi à survivre, et avec eux leur culture, qui subsiste à travers une langue, des chants, des danses et la sculpture du bois. Mais beaucoup d’insulaires estiment faire face aujourd’hui à une nouvelle menace : l’arrivée d’une population dont la présence, à les entendre, remet en question leur mode de vie. Plus que les touristes (120 000 en 2017), le reproche vise les compatriotes chiliens venus du continent, les « contis » comme on les surnomme ici.

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Le sujet a été évoqué lors de l’Assemblée constituante, tenue fin novembre 2019, dans la capitale, Hanga Roa. Une cinquantaine de Rapanuis y étaient réunis pour déterminer le message à envoyer au Chili qui, face à la crise sociale traversée par le pays, a engagé un processus de rédaction d’une nouvelle Constitution. Au micro, ce jour d’été, plusieurs orateurs animent le débat en langue rapanuie, tandis que les pales paresseuses d’un ventilateur peinent à rafraîchir la salle.

Une femme finit tout de même par intervenir en espagnol, la langue officielle de l’île : « Cela fait plus de quarante ans que je vis ici, et je me suis toujours cantonnée à une position d’observatrice. » Ana-Maria Arredondo a les cheveux gris clair, coupés courts, et parle d’une voix douce et bienveillante. « Je suis la mère et la grand-mère d’enfants rapanuis. Il y a quelques mois, ma situation a changé. J’ai reçu une autorisation de séjour sur l’île. Une autorisation temporaire, pour un an. Alors, ce soir, je voudrais simplement poser une question : quelle est la place du continental intégré à la communauté ? Nous n’avons pas de voix, pas d’espace pour nous exprimer. »

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