Une troisième journée de manifestations au Liban pour dénoncer la corruption de la classe politique

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En dépit des appels à la retenue de plusieurs responsables, des dizaines de milliers de Libanais ont encore manifesté samedi 19 octobre.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 22h52, mis à jour à 22h52

Temps de Lecture 3 min.

Les manifestants étaient plusieurs dizaines de milliers à se rassembler pour une troisième journée afin de dénoncer leur ras-le-bol. Ici, au centre de la capitale Beyrouth, le 19 octobre.
Les manifestants étaient plusieurs dizaines de milliers à se rassembler pour une troisième journée afin de dénoncer leur ras-le-bol. Ici, au centre de la capitale Beyrouth, le 19 octobre. MOHAMED AZAKIR / REUTERS

Des dizaines de milliers de Libanais se sont rassemblés samedi à travers le pays pour une troisième journée de manifestations contre la classe politique accusée de corruption, un mouvement inédit depuis des années qui paralyse le pays depuis jeudi.

En dépit des appels à la retenue de plusieurs responsables politiques ainsi qu’une intervention musclée des forces de l’ordre dans la nuit de vendredi et des dizaines d’arrestations, les manifestants se sont rassemblés à nouveau dans plusieurs villes du pays. Les rangs des manifestants n’ont eu de cesse de grossir aussi bien dans le centre de Beyrouth qu’à Tripoli, deuxième ville du pays, mais aussi à Tyr (sud), dans le Akkar (nord) et à Baalbeck (sud).

« Révolution, révolution », ont scandé des manifestants dans la capitale, quelques-uns portant une écharpe autour du visage après que des gaz lacrymogènes eurent été tirés la veille. « Les gens veulent la chute du régime », ont-ils aussi martelé.

Amnesty International a appelé les autorités « à mettre fin immédiatement à l’usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques ». Les forces de l’ordre ont lancé d’« énormes quantités de gaz lacrymogène » contre la foule, « ont poursuivi des manifestants dans les rues (…) et les ont frappés », a fait savoir l’ONG dans un communiqué.

Une affiche équivoque cotoie des drapeaux libanais sur la place des Martyrs à Beyrouth, le 19 octobre 2019.
Une affiche équivoque cotoie des drapeaux libanais sur la place des Martyrs à Beyrouth, le 19 octobre 2019. PATRICK BAZ / AFP

Plus du quart de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté

Plusieurs axes routiers ont été bloqués par des barricades dressées par des manifestants ou des pneus et des bennes à ordure incendiés. Le matin, l’armée avait rouvert des autoroutes, pendant que des volontaires nettoyaient le centre de Beyrouth. Des débris de verre des vitrines de magasins et de banques vandalisés jonchaient le sol, tandis que des morceaux de tôles avaient été installés devant des devantures pour les protéger. Les banques étaient encore fermées samedi.

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Dans un communiqué, l’armée a appelé samedi les manifestants à « s’exprimer de manière pacifique sans porter atteinte aux biens publics et privés ». Les services de sécurité ont fait état de « l’arrestation de 70 personnes pour actes de sabotage, incendies et cambriolage dans le centre-ville ». Mais en début d’après-midi, « tous les détenus » d’une des principales casernes de police dans la capitale ont été relâchés, selon l’Agence nationale d’information (ANI).

Le mouvement de contestation a été déclenché par l’annonce jeudi d’une nouvelle taxe sur les appels effectués via les applications WhatsApp et Viber, annulée dans la foulée. Les manifestants conspuent l’ensemble des dirigeants les qualifiant de « voleurs ». Plus du quart de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. La classe politique, quasi inchangée depuis la guerre civile (1975-1990), est accusée de corruption et de népotisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence.

Les manifestations s’étendent à Tyr, comme à Tripoli

Fait aussi rare que marquant, le mouvement a gagné plusieurs fiefs du puissant mouvement chiite du Hezbollah et de son allié Amal. A Tyr, où le puissant chef du Parlement et chef du parti Amal, Nabih Berri, avait été accusé d’escroquerie la veille par les manifestants, des dizaines de ses partisans s’en sont pris samedi aux contestataires, selon un témoin. Dans un communiqué, Amal a dénoncé ces agressions, affirmant vouloir « ouvrir une enquête ».

A Tripoli, dans le nord du pays, des enseignants et étudiants ont rallié les manifestants. Hoda Sayyour, la cinquantaine, assure ne pas vouloir déserter la rue. « Ils nous exploitent et ne font rien pour améliorer les services », déplore-t-elle.

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Après avoir insinué vendredi qu’il pourrait démissionner, le premier ministre libanais Saad Hariri a lancé un ultimatum de 72 heures aux partis représentés au sein de son gouvernement – qu’il accuse d’entraver ses efforts de réformes -. Il a mené samedi des réunions de consultation avec des députés, des ministres et des économistes.

Hassan Nasrallah, le leadeur du Hezbollah chiite, s’est dit opposé à une démission appelant toutefois « à répondre au message retentissant » des manifestants. Son discours a suscité l’ire de certains d’entre eux. « Le Liban est plus important que la Syrie ! », a lancé l’un d’eux sur une chaîne locale, en allusion aux combats du Hezbollah au côté du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie voisine.

Cette nouvelle journée de mobilisation n’était pas sans rappeler le soulèvement populaire inédit en 2005 ayant mis fin à 29 ans de tutelle syrienne sur le Liban.

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