une rose spectaculaire pour un récit national mythifié

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Jean Nouvel a conçu pour son bâtiment une scénographie à base de projections qui célèbrent la mémoire du pays et la famille régnante.

Par Isabelle Regnier Publié aujourd’hui à 16h18, mis à jour à 16h21

Temps de Lecture 4 min.

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Vue partielle du Musée national du Qatar à Doha, le 27 mars.
Vue partielle du Musée national du Qatar à Doha, le 27 mars. KARIM JAAFAR / AFP

« Le Musée national du Qatar est un musée du XXIe siècle », se félicite la Cheikha Mayassa, directrice de l’agence Qatar Museum, responsable à ce titre de la construction des musées du pays. Dans son écrin de rose des sables géante, nouveau symbole de la puissance du pays, l’institution propose un parcours qui est tout à la fois une promenade architecturale spectaculaire et une expérience sensorielle puissante. Le nouveau récit national s’y déploie, sous la forme d’un formidable son et lumière multimédia et interactif, réassigne les pièces de la collection au statut de pièces à conviction. Ce faisant, il résout le problème posé par la disproportion entre l’échelle colossale du bâtiment (52 000 m2 de surface construite, sur 1,5 kilomètre de long) et le peu d’objets qu’il y a à exposer. Dans ce petit pays qui ne comptait que 25 000 habitants en 1950, essentiellement des Bédouins et des pêcheurs (il en compte aujourd’hui 2,7 millions), l’ancien musée national, petit palais datant du début du XXe siècle autour duquel le musée s’étend désormais, suffisait largement à exposer la collection dans son intégralité.

Lire le reportage : Jean Nouvel, architecte des princes du Golfe

Responsable de la scénographie du musée autant que de son architecture, Jean Nouvel a pensé ses murs courbes comme des espaces de projection spectaculaires pour des films qui viennent « compléter », selon ses termes, les objets. Chaque salle a ainsi son thème : d’abord la mer et les poissons, ensuite les animaux terrestres, les plantes médicinales, les Bédouins, les perles, le pétrole, le gaz, la modernité… Et son cinéaste attitré : Mira Nair pour les perles, Jacques Perrin pour les fonds marins, Abderrahmane Sissako pour les Bédouins…

C’est donc plongé dans un grand bain visuel – et dans un paysage sonore évocateur – que l’on s’attarde sur la scintillante collection de tiares perlées, sur les objets d’artisanat divers et variés, les échantillons de plantes médicinales… Des alcôves invitent les plus jeunes, à travers toutes sortes de dispositifs visuels, à faire pour de faux l’expérience de ce que les générations qui les ont précédés faisaient pour de vrai.

Un bain d’images folkloriques

D’une salle à l’autre, l’ambiance change, donnant au visiteur l’impression qu’il saute d’un musée océanographique à un musée d’histoire naturelle, d’un musée des arts et traditions populaires à un musée d’archéologie, d’un musée d’histoire à un musée d’art contemporain… Lui vendant (gratuitement) une expérience qui se voudrait totale, dans un bain d’images folkloriques, décoratives, muettes pour l’essentiel. Le malaise qui s’en ressent s’intensifie dans la série de courts témoignages filmés (1’30’’ chacun), récits énoncés face caméra par des personnes d’un certain âge, en noir et blanc, censés évoquer les charmes de la vie avant le boom économique. Le contenu de ces vidéos ne traduit aucune expérience singulière, ne suscite guère d’émotion. Mais en suggérant que la réalité qu’elles sont censées évoquer est inconnue des jeunes générations, leur présence en ce lieu révèle en creux la violence d’un processus de développement qui anéantit au passage la mémoire du pays.

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