« Une résurrection miraculeuse pour Joe Biden »

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L’ancien vice-président démocrate Joe Biden lors de la soirée du Super Tuesday, à Los Angeles, le 3 mars.
L’ancien vice-président démocrate Joe Biden lors de la soirée du Super Tuesday, à Los Angeles, le 3 mars. FREDERIC J. BROWN / AFP

A l’issue du Super Tuesday, Joe Biden, arrivé en tête devant Bernie Sanders, s’est relancé dans la course à l’investiture démocrate. L’ancien vice-président remporte neuf Etats : l’Alabama, l’Arkansas, la Caroline du Nord, le Massachusetts, le Minnesota, l’Oklahoma, le Tennessee, le Texas et la Virginie. Le sénateur du Vermont se contente de quatre Etats : la Californie, le Colorado, l’Utah et le Vermont. Les résultats sont encore trop serrés dans le Maine pour désigner un vainqueur.

Derrière ces deux candidats, le milliardaire Michael Bloomberg n’a pas passé la barre des 15 % (qui donne droit à des délégués) dans plusieurs Etats malgré des millions de dollars investis. La sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, a, elle aussi, passé une soirée difficile, terminant troisième dans son propre Etat.

Corine Lesnes, correspondante du Monde à San Francisco a répondu aux questions des internautes sur les nouveaux enjeux après cette journée électorale importante.

veergeel : Les résultats du Super Tuesday sont-ils conformes aux prévisions ?

Corine Lesnes : Pas du tout. C’est même une résurrection assez miraculeuse pour Joe Biden. Dans les Etats qui restent, chacun des candidats y trouvera son compte. Mais certains des « gros » Etats, les plus grands pourvoyeurs en délégués, sont traditionnellement centristes, donc plutôt pro-Biden. Cela dit, les électeurs se décident au dernier moment. Et il y a des facteurs incontrôlables, comme le coronavirus. Quel va en être l’impact sur la campagne ? Les candidats feront-ils des meetings ? Le Los Angeles Times rappelait, il y a peu, qu’en 1918, les meetings avaient été interdits à cause de la grippe espagnole. Les électeurs étaient allés voter avec des masques !

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Étoile : comment Bernie Sanders peut-il remonter ?

Plus d’un tiers des délégués sont distribués en fonction des résultats du Super Tuesday (soit 1 512 sur 3 979). Or, il en faut au moins 1 991 pour emporter l’investiture à la convention démocrate, qui se tiendra à Milwaukee (Wisconsin) à la mi-juillet. Selon les estimations du New York Times (on reste au stade des estimations : le résultat final de la Californie pourrait prendre plusieurs jours), Joe Biden mène avec 660 délégués, devant Bernie Sanders, qui totalise 587 délégués. On est donc loin du compte. Il est probable que Joe Biden remporte la Floride, le Mississippi et Bernie Sanders, l’Etat de Washington, le Wisconsin, l’Indiana, comme en 2016. Il reste le Michigan, la Pennsylvanie, New York… A suivre aussi l’Arizona, qui avait été gagné par Hillary Clinton, mais dont la démographie a changé.

Samuel : pourquoi le vote des Afro-Américains est-il à ce point favorable à Joe Biden ?

C’est une question intéressante. Surtout si on se reporte au début de la campagne, quand Kamala Harris et les autres candidats avaient attaqué Joe Biden sur sa position sur le busing par exemple (il s’était opposé au transfert d’enfants noirs dans les écoles blanches dans les années 1970). Joe Biden était taxé de racisme et le voilà « sauvé » par l’électorat noir de Caroline du Sud. Le premier Etat à faire sécession en 1860, celui qui avait encore récemment un drapeau confédéré au pied du Capitole, et qui a vu naître le Tea Party sous la présidence Obama…

Mais il y a un fossé de générations. Les jeunes Noirs n’ont pas voté Biden. Ils voient en lui l’auteur de la « Crime Bill » de 1994, qui a abouti à la surincarcération des Afro-Américains pour des affaires de drogue. Pour les plus âgés, je dirais qu’il y a une sorte de complicité, le sentiment d’avoir traversé ensemble un pan de l’histoire des Etats-Unis, la marche des droits civiques… Les anciens comprennent l’évolution d’hommes comme Joe Biden. La génération « woke » – sensibilisée aux thématiques de justice sociale et raciale – n’a pas la même indulgence. Plus directement : Joe Biden a été le fidèle compagnon de Barack Obama. L’ancien président a peut-être fait passer un message discret ?

Enfin, les électeurs afro-américains sont réputés pragmatiques. lls veulent quelqu’un qui puisse s’imposer contre Donald Trump. Peut-être ne sont-ils pas convaincus que Bernie Sanders est le mieux placé.

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Jean-Charles : Barack Obama n’a pas officiellement soutenu Joe Biden. Est-ce normal ?

Oui. A ce stade, les figures du parti restent en réserve : Nancy Pelosi – la présidente de la Chambre des représentants –, par exemple, ne s’est pas prononcée. Ni Bill Clinton, ni Hillary Clinton… A fortiori « Barack » (comme dit Joe Biden). Son nom est invoqué en permanence par son ancien vice-président (et par Donald Trump). Moins il apparaît, plus il est dans le débat. Il est vrai qu’on réexamine son bilan, aussi, à la faveur de la candidature Biden. Surtout, il veut se réserver une position de conciliateur si la bagarre entre démocrates va jusqu’à la convention.

Gabin. Bertrand : en cas de victoire de Joe Biden aux primaires, quels noms circulent pour devenir colistier sur le ticket démocrate pour la Maison Blanche ?

Avez-vous vu la bousculade, à la veille du Super Tuesday, pour appeler à voter Biden ? Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, et même Beto O’Rourke (dont l’ancienne équipe de campagne, plutôt favorable à Bernie Sanders, s’est désolidarisée) ! Certains pensent que c’est une manière de poser sa candidature pour la vice-présidence. Joe Biden pourrait en effet avoir intérêt à choisir quelqu’un de beaucoup plus jeune. Une femme, sûrement : Amy Klobuchar a montré sa solidité. Ou pourquoi pas Kamala Harris, la sénatrice d’origine indienne (par sa mère) et jamaïcaine (par son père) ? Joe Biden s’est montré à Oakland ce mardi. C’est la ville de Kamala Harris. Il espérait probablement qu’elle le soutiendrait, mais elle avait à faire à Washington. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte pour le choix du vice-président : l’appui géographique ou d’une communauté (Latinos, Noirs…).

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Arnonyme : en cas de renoncement, Elizabeth Warren va-t-elle appeler à soutenir Bernie Sanders, tant leurs stratégies sont proches sur le fond ?

On peut l’imaginer. Encore faudrait-il qu’elle renonce, car elle se voit comme un recours, en cas d’impasse à la convention. Je ne sais pas si leurs stratégies sont proches, mais leurs programmes le sont en tout cas, même si elle ne parle pas de « révolution ». Elizabeth Warren a clairement exposé en quoi elle était « plus qualifiée » que Bernie Sanders pour faire passer un tel programme, mais elle ne l’a jamais attaqué comme elle a attaqué Michael Bloomberg par exemple. Ils ont dit qu’ils étaient amis et ne tomberaient pas dans le piège de ceux qui voulaient les opposer. Jusqu’au jour où Bernie Sanders a démenti (en plein débat) lui avoir dit qu’une femme n’avait aucune chance de gagner la présidence. Après quoi elle a refusé de lui serrer la main…

Certains la verraient bien sur le « ticket » de Sanders. Mais il n’est pas évident d’imaginer, ensemble, deux fortes têtes aux opinions aussi tranchées. En même temps, Bernie Sanders est tellement à part, dans le paysage politique, qu’on ne voit pas très bien quel colistier il pourrait choisir…

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Pierre BS : comment expliquez-vous le très faible engouement pour Elizabeth Warren ?

Je ne me l’explique pas. Elle a eu son « moment » l’an dernier, elle a fait la couverture de Time, elle avait trouvé son style « j’ai un plan pour ça » : une battante qui fait avancer les choses. Elle avait trouvé une manière très pédagogique de présenter sa proposition d’impôt sur la fortune : « 2 cents ». Il s’agit d’un impôt sur la fortune avec un taux de 2 % sur chaque dollar au-delà d’une fortune de 50 millions de dollars. Dans les meetings, elle faisait répéter à la foule : « Two cents ! Two cents ! »

Et puis l’engouement est retombé. Elle a changé. Elle a décidé d’accepter l’argent des Super-PAC (comités de financement) dont elle ne voulait pas jusque-là. Dans les débats, elle s’est mise à attaquer sans retenue ses adversaires. Dont Michael Bloomberg au sujet de ses commentaires méprisants sur les femmes, ce qui arrangeait bien Bernie Sanders mais ne lui a pas particulièrement profité à elle. Le Super Tuesday, c’est une vraie gifle pour elle. Elle ne gagne même pas dans son Etat du Massachusetts.

Le Monde

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