une histoire de l’Europe à travers les migrants

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Le 1er août 2016 en Méditerranée centrale par le bateau de l’ONG allemande Jugend Rettet. A son bord, 118 anonymes comme la « crise migratoire » en charrie des dizaines de milliers, rescapés de l’enfer libyen.

CESAR DEZFULI POUR “LE MONDE”

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En août 2016, le photographe espagnol César Dezfuli réalise les portraits de 118 migrants – rien que des hommes – secourus en Méditerranée à bord d’un même canot. Il en tire une série intitulée « Passengers » et récidive deux ans plus tard avec ceux qu’il parvient à retrouver à travers l’Europe. « Le Monde » a rencontré certains d’entre eux

Au départ, c’est un canot parmi d’autres, secouru au petit matin du 1er août 2016 en Méditerranée centrale par le bateau de l’ONG allemande Jugend Rettet. A son bord, 118 hommes anonymes comme la « crise migratoire » en charrie des dizaines de milliers, rescapés de l’enfer libyen et entrant en Europe par la route maritime la plus empruntée mais aussi la plus meurtrière en cet été 2016.

Le plus jeune d’entre eux a 12 ans. Le photographe espagnol César Dezfuli les immortalise à bord du navire humanitaire Iuventa avant qu’ils ne soient débarqués par les gardes-côtes italiens dans le port sicilien de Pozzalo.

Deux ans plus tard, il entreprend de retrouver la trace de ces « Passengers », du nom de sa série photographique. Un contact Facebook avec l’un d’eux et, peu à peu, la toile des réseaux sociaux s’anime et permet de localiser la plupart. Elle révèle le parcours erratique de leur vie en Europe. Si plus d’un tiers de ces hommes se trouvent en Italie, près de trente se sont établis en France et une vingtaine vivent en Allemagne. Un, au moins, est mort, de maladie.

A nouveau, les rescapés posent devant l’objectif de César Dezfuli. Ils sont souvent méconnaissables. Leur peau, leur regard, leur corps se sont transformés, comme si une vie s’était écoulée, comme s’ils étaient devenus d’autres qu’eux-mêmes.


900 000 migrants en attente de leur demande d’asile

Le Monde a accompagné ce travail d’enquête et rencontré douze de ces hommes dans quatre pays. Leurs témoignages racontent l’Europe des migrants et les profondes distorsions entre les politiques d’accueil de ses Etats membres, entre la faiblesse de la prise en charge italienne qui pousse à la fuite et le système directif allemand.

Ces fragments de vie montrent aussi la pesanteur des administrations nationales qui, face à l’afflux de migrants, n’ont que très lentement traité les situations individuelles. Dès 2018, le rythme des arrivées sur le continent a retrouvé son niveau d’avant la « crise » de 2014, mais près de 900 000 migrants attendent toujours l’issue de leur demande d’asile.

Cette inertie retarde d’autant les possibilités d’intégration des personnes au sein des sociétés, en les contraignant à une attente passive qui souvent s’étale sur plusieurs années. Elle alimente aussi les mouvements de rebond, parfois tardifs, au sein du continent.

Les destinations que « choisissent » les personnes sont avant tout le résultat d’une quête d’opportunités de vie, que laissent entrevoir la maîtrise d’une langue, l’existence de réseaux de connaissance, ou un bouche-à-oreille souvent déformant sur les chances d’être formé ou de travailler. Une part non négligeable est aussi dévolue au hasard : celui d’une rencontre amoureuse, d’une discussion dans un hall de gare ou de la destination d’un camion.

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