« Une digue finie à 95 % ne sert à rien »

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Lors d’un chat, Jérôme Gautheret, correspondant du « Monde » en Italie, a répondu aux questions sur la marée haute qui a dévasté Venise, mercredi.

Publié aujourd’hui à 15h39, mis à jour à 16h02

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A Venise, le 15 novembre 2019.
A Venise, le 15 novembre 2019. Luca Bruno / AP

La ville de Venise a été dévastée, mercredi 13 novembre, par la pire marée haute en cinquante-trois ans, une acqua alta exceptionnelle de 1,87 mètre. Alors qu’une nouvelle montée des eaux est attendue ce vendredi, Jérôme Gautheret, correspondant du Monde en Italie, a répondu aux questions des internautes du Monde.fr.

Bosco : Cette catastrophe est-elle un « accident » comme il peut y en avoir tous les cinquante ans ou bien un signe de véritable changement climatique ?

Jérôme Gautheret : L’événement de mardi soir est exceptionnel, vu qu’il n’est pas dû uniquement à la marée haute, aux pluies torrentielles des derniers jours et aux basses pressions, mais aussi à un très gros coup de vent (sirocco) qui a comme fermé la lagune au plus haut de l’acqua alta. C’est pour cela que les prévisions d’ordinaire très fiables des services de surveillance de la lagune ont été révisées en catastrophe. Ce « cocktail » n’est réuni qu’exceptionnellement. Mais tout le fond du problème est que les événements exceptionnels se multiplient, partout dans le monde.

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Ce vendredi matin, le niveau de l’eau est remonté à 153 centimètres, selon les chiffres officiels, mais la décrue devait reprendre. Il y a peu de vent, et les jours prochains devraient être plus calmes. Un fort coup de vent est annoncé pour dimanche, mais le niveau général de l’eau devrait baisser un peu. Il semblerait que le pire soit passé, au moins pour les prochains jours. La « saison » des acque alte court d’ordinaire de mi-octobre à fin avril.

TomA : Où en est le projet MOSE ? N’est-il pas censé protéger la ville de ce genre d’événement exceptionnel ?

Le chantier du MOSE [Modulo sperimentale elettromeccanico, « module expérimental électromécanique »] a commencé il y a plus de quinze ans, sur les trois passes reliant la lagune à l’Adriatique (Lido-San Nicolo, Malamocco et Chioggia), plusieurs îles artificielles ont été posées et le chantier continue d’avancer. Mais le problème, c’est qu’une digue doit être finie à 100 % pour entrer en activité. Même à 95 %, elle ne sert toujours à rien.

Siger : Beaucoup de Vénitiens pointent du doigt le canal de la Giudecca qui a été creusé pour faire passer les paquebots et le projet MOSE qui croule sous les malfaçons et la corruption. Avez-vous des informations à ces sujets ?

Le problème est que toute intervention humaine dans la lagune entraîne une série d’effets inconnus, et que tout cela est tellement complexe qu’on ne sait jamais ce qui va arriver. Qui imaginait au début du chantier du MOSE que de nouvelles espèces d’oiseaux allaient arriver dans la lagune ? Mais la lagune de Venise, telle qu’elle est aujourd’hui, est tout sauf un milieu naturel. Elle a été créée au fil des siècles par une série d’interventions humaines (détournement de fleuves, construction de digues face à l’Adriatique, notamment à Pellestrina). Le creusement d’un canal provoque toujours des effets inattendus, mais il n’a aucune influence sur la hauteur des marées.

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