« Une célébration de plus en plus instrumentalisée par la diplomatie »

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Au fil des décennies, et plus encore depuis la fin de la guerre froide, les anniversaires du Débarquement sont le fidèle baromètre de l’état de la relation transatlantique, analyse, dans une tribune au « Monde », Frédéric Bozo, professeur d’histoire à La Sorbonne.

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 4 min.

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Le 6 juin 1994, à Ouistreham, François Mitterrand passe en revue les vétérans des 177 fusiliers marins des Forces français libres du commando Kieffer, seuls Français ayant débarqué en Normandie le 6 juin 1944.
Le 6 juin 1994, à Ouistreham, François Mitterrand passe en revue les vétérans des 177 fusiliers marins des Forces français libres du commando Kieffer, seuls Français ayant débarqué en Normandie le 6 juin 1944. GERARD FOUET / AFP

Tribune. Les anniversaires du débarquement allié du 6 juin 1944 s’inscrivent de plus en plus dans ce que l’on pourrait qualifier de diplomatie mémorielle, exercice très prisé de nos présidents sous la Ve République.

Depuis longtemps, la commémoration de Verdun est l’occasion de mettre en scène la réconciliation et l’amitié franco-allemandes, comme l’ont fait à Douaumont (Meuse), en septembre 1984, François Mitterrand et Helmut Kohl (il s’agissait d’ailleurs pour ce dernier d’un lot de consolation pour ne pas avoir été convié aux cérémonies du 6 juin précédent). Plus récemment, comme on l’a vu à l’automne 2018, la célébration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 est devenue l’occasion de mettre en avant la paix et la sécurité collective face au recul généralisé du multilatéralisme. Les anniversaires du Débarquement, quant à eux, permettent de braquer les projecteurs sur la relation transatlantique – euro-américaine en général et franco-américaine en particulier. Car quel autre événement symbolise autant ce qui aura été, pendant trois quarts de siècle, le fondement même de cette relation : l’engagement des Etats-Unis en Europe et l’Alliance atlantique qui en est le cadre ?

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Dès lors, que nous disent ces anniversaires, au fur et à mesure des décennies, de l’état de la relation transatlantique ? Ils en sont le fidèle baromètre. Pendant plus d’un demi-siècle – en gros, les quatre décennies de guerre froide et la décennie de l’immédiat après-guerre froide –, cette relation s’impose comme une évidence. La diplomatie qui est associée aux célébrations, discrète d’abord, s’intensifie progressivement dans la seconde partie de la période.

« En 1984, c’est une France mitterrandienne à l’aise dans sa relation avec l’Amérique triomphante de Reagan qui célèbre l’événement en grande pompe »

Malgré les péripéties gaulliennes et post-gaulliennes, l’exercice reflète la solidité de la relation transatlantique. Sans surprise, la IVe République, en 1954, honore comme il se doit l’allié américain, pierre angulaire de sa politique étrangère. Sans surprise non plus, en 1964, le général de Gaulle, tout à son défi lancé à la toute-puissante Amérique – défi qui aboutira deux ans plus tard au retrait de l’OTAN –, boude un événement qui lui rappelle par ailleurs de mauvais souvenirs, celui d’une France traitée comme quantité négligeable par les « Anglo-Saxons ».

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