« Un vieillard emprisonné a le droit d’être optimiste »

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[Ecrivain, essayiste et journalise turc de renom, Ahmet Altan, 70 ans, est un cas emblématique de l’acharnement judiciaire des autorités d’Ankara et du président Recep Tayyip Erdogan contre les intellectuels d’opposition. Incarcéré depuis trois ans et demi, remis en liberté sous contrôle judiciaire, le 4 novembre 2019, sur décision de la Cour suprême turque, Ahmet Altan fut à nouveau incarcéré une semaine plus tard après un appel du procureur général. Il avait été condamné en juillet 2019 à dix ans et demi de détention pour « soutien à un groupe terroriste sans en être membre », pour ses liens supposés avec le mouvement du prédicateur Fetullah Gülen, accusé d’être l’organisateur du coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016. Un premier verdict de perpétuité aggravée avait été cassé par la Cour suprême. « Vous pouvez m’emprisonner, mais vous ne pouvez pas me garder ici. Comme tous les écrivains, je suis magicien. Je peux traverser vos murs sans mal », écrivait-il dans son dernier livre Je ne reverrai plus le monde (Actes Sud, 2019), recueil de ses lettres de prison.]

Tribune. En ces jours où tout le monde se retrouve emprisonné chez soi, être vraiment en prison, c’est un peu habiter un aquarium plongé au fond de la mer. A la lecture des quelques journaux de l’avant-veille qu’on a bien voulu nous donner – après nous avoir maintenus vingt-quatre heures « en quarantaine » –, et au vu également des rares bribes d’informations télévisées qu’on nous autorise à regarder, j’ai compris quelle angoisse mortelle s’était emparée de vous.

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J’ai 70 ans et je suis en prison. Et en tant que personne qui sait mieux que la plupart d’entre vous ce qu’est vivre sous l’eau et n’attendre plus que la mort, je veux vous dire ceci : ne perdez pas espoir. Nous vivons un moment de cassure historique, comme une faille qui s’ouvre, béante, et fait tout trembler dans son sillage. Cette rupture, pourtant, promet un avenir riche d’espérances.

Le véritable début du XXIe siècle

J’ai conscience de l’atroce épreuve que les gens vivent. Telles des milliards d’antilopes obligées de traverser un fleuve grouillant de crocodiles, nous nous débattons follement en eaux sombres, dans l’espoir de survivre en gagnant, sains et saufs, l’autre rive. Cette image est proprement une vision d’enfer. Mais dans quelques mois, la catastrophe sera derrière nous et l’histoire de l’humanité, mettant le pied sur des terres fertiles, entrera dans une nouvelle ère.

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