« Un vent de progressisme souffle sur la campagne de Joe Biden »

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Tribune. Depuis le meurtre de Trayvon Martin en 2012, les noms des victimes de crimes raciaux sont devenus familiers : Eric Garner, Michael Brown, Tamir Rice, Stephon Clark, Atatiana Jefferson, Breana Taylor forment la litanie des manifestations actuelles. Celui de George Floyd a pris une dimension de martyr. Pour une Amérique qui refuse trop souvent de voir, il lui a été, cette fois, impossible de détourner le regard. Le choc, visuel, a forcé une réaction collective d’indignation, même dans les rangs les plus conservateurs. Il intervient aussi dans un moment de très forte tension politique et sociale aux Etats-Unis. Non seulement 2020 est une année présidentielle, mettant en jeu la réélection du président le plus clivant de l’histoire moderne américaine, mais le pays est plongé dans une crise économique et sanitaire sans précédent, qui touche de manière disproportionnée les Noirs américains et autres minorités.

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Mais il se joue autre chose derrière la mobilisation de grande ampleur, sur l’ensemble du territoire, d’une jeunesse diverse, organisée et déterminée, réclamant justice pour George Floyd. Derrière aussi le soutien massif de l’électorat pour les manifestants (64 % selon Reuters/Ipsos), et cela malgré les violences et les pillages. En réalité, le moment est marqué par la conviction largement partagée que la cause est juste et que le combat doit être mené. Phénomène souvent camouflé par le nationalisme populiste de l’Amérique de Trump, la société américaine est traversée par un vent de progressisme nouveau, qui porte les questions d’équité et de justice au cœur des préoccupations publiques.

La jeunesse de Lafayette Square à Washington ne défie pas le confinement et le couvre-feu seulement pour imposer une rebuffade à Donald Trump. Bien sûr, les manifestants lui reprochent son usage politique du racisme et du suprématisme blanc, ses abus racistes et sa mise en compétition des communautés. Mais, il ne faut pas s’y tromper, le combat est antérieur à sa présidence et perdurera même s’il quitte le pouvoir. C’est au cours de l’été 2014, pendant les émeutes de Ferguson, dans le Missouri, sous la présidence de Barack Obama, que le mouvement Black Lives Matter, né du hashtag du même nom, se structure.

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C’est un mouvement d’un genre nouveau, rassemblement horizontal d’activistes, organisés à travers les réseaux sociaux, qui dit ne pas être « le mouvement des droits civiques de papy ». En contraste avec leurs aînés qui menèrent la lutte des années 1960, leurs revendications sont volontairement intersectionnelles et systémiques. Les nouveaux activistes se préoccupent des vies noires mais aussi des discriminations croisées affectant les femmes, les pauvres, les handicapés ou les queers. Ils réclament le démantèlement d’un système d’oppression que l’élection du premier président noir américain n’a pas permis d’abattre. Ils dénoncent l’incarcération massive aux Etats-Unis, qui affecte en particulier les minorités visibles. Un homme noir sur trois connaît la prison au cours de sa vie, perpétuation d’un système ségrégationniste pour la professeure Michelle Alexander. Ils mènent aussi des combats mémoriels, poussant pour le déboulonnage des statues de confédérés ou la création du premier mémorial des victimes de lynchage, à Montgomery, en Alabama. Beaucoup vont jusqu’à réclamer, comme l’écrivain Ta-Nehisi Coates, le versement de réparations pour les descendants d’esclaves.

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