un troisième manifestant mort, la situation reste tendue à Bagdad

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Des manifestants à Bagdad, mercredi 2 octobre. La veille, deux d’entre eux sont morts à la suite des dispersions.
Des manifestants à Bagdad, mercredi 2 octobre. La veille, deux d’entre eux sont morts à la suite des dispersions. SALAM FARAJ / AFP

Les forces de l’ordre irakiennes ont à nouveau tiré en l’air, mercredi 2 octobre, à balles réelles, pour disperser des manifestants à Bagdad, alors qu’un troisième manifestant est mort à la suite de blessures provoquées, mardi, par une autre dispersion de manifestation dans la capitale irakienne.

Face à son premier test populaire depuis sa mise en place il y a quasiment un an, le gouvernement d’Adel Abdel-Mahdi a accusé des « agresseurs » et des « saboteurs » d’avoir « délibérément fait des victimes ». Mercredi, de nouveau, les policiers antiémeute ont tiré à balles réelles en l’air pour disperser les centaines de manifestants aux revendications variées : de la lutte contre la corruption à celle contre le chômage en passant par la récente mise à l’écart d’un général populaire.

Lire aussi Irak : des manifestations contre la corruption réprimées, au moins deux morts

Mardi, un manifestant avait été tué sur l’emblématique place Tahrir de la capitale irakienne, point de départ du mouvement de contestation. Après lui, un autre manifestant avait été tué dans la province de Zi Qar, au sud de Bagdad.

Dans le quartier de Zaafaraniya, dans le sud de Bagdad, où des manifestants brûlaient des pneus mercredi matin, un journaliste de l’AFP a entendu les balles siffler, comme cela avait été le cas pendant des heures mardi en centre-ville, aux abords de la place Tahrir, d’où est parti le mouvement. Selon des sources médicales, une dizaine de personnes au moins, en majorité des manifestants, ont été hospitalisées pour des cas de suffocation, en raison des gaz lacrymogènes ou après avoir été prises dans des bousculades.

« Ici, on a l’impression d’être des étrangers chez nous »

Les protestataires n’entendent toutefois pas laisser le mouvement faiblir. A Zaafaraniya, Abdallah Walid, journalier de 27 ans, a dit à l’AFP être sorti mercredi « en soutien aux frères de la place Tahrir », aujourd’hui bouclée par les forces de l’ordre. « Nous voulons des emplois, de meilleurs services publics, cela fait des années qu’on les réclame et le gouvernement ne nous a jamais répondu », lance-t-il, excédé, sur une rue où des blindés des forces antiémeute sont stationnés.

« On réclame tout : on veut un pays, ici, on a l’impression d’être des étrangers chez nous », renchérit Mohammed al-Joubouri, qui travaille lui aussi comme journalier en dépit de son diplôme universitaire. « Aucun Etat n’attaque son peuple comme ce gouvernement. On est pacifiques et ils tirent », affirme-t-il à l’AFP, au milieu de colonnes de fumée noire s’élevant de pneus brûlés barrant des rues du quartier d’Al-Chaab, dans le nord de la capitale.

Lire le reportage de 2018 : En Irak, la grande colère de Bassora, en proie à de nombreuses manifestations

Les manifestations contre le pouvoir ne sont pas rares en Irak, mais depuis l’arrivée aux affaires du gouvernement Abdel-Mahdi, le 25 octobre 2018, aucune d’apparence spontanée n’avait connu une telle ampleur. La mobilisation de mardi a rassemblé toute sorte de déçus du gouvernement, des diplômés chômeurs aux détracteurs de la corruption. Aucune organisation, aucun parti politique ou leadeur religieux ne s’est déclaré à l’origine des appels à manifester qui ont récemment fleuri sur les réseaux sociaux.

L’ONU appelle à la retenue

Après la mort, mardi, de deux manifestants, à Bagdad et dans la province de Zi Qar (300 km au sud), et les plus de 200 blessés recensés par les responsables de la santé, les appels à la retenue se sont multipliés. Le président, Barham Saleh, a estimé sur Twitter que « manifester pacifiquement » était « un droit constitutionnel », « les forces de l’ordre sont là pour protéger les droits des citoyens ».

« Nos jeunes veulent des réformes et du travail, c’est notre devoir de satisfaire ces demandes légitimes », a écrit M. Saleh, alors que le pays est sorti, fin 2017, de sa dernière guerre, celle contre le groupe Etat islamique (EI), avec une économie exsangue et un chômage de 25 % parmi les jeunes.

Les forces de sécurité irakiennes bloquent l’accès à la place Tahrir, au centre de Bagdad, mercredi 2 octobre.
Les forces de sécurité irakiennes bloquent l’accès à la place Tahrir, au centre de Bagdad, mercredi 2 octobre. Khalid Mohammed / AP

La représentante de l’ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a dit être « très inquiète » et a exhorté « à la retenue ». La Commission des droits de l’homme du Parlement a dénoncé une « répression » qui constitue « une faute » et dont « les responsables devront rendre des comptes ». Le patron du Parlement a réclamé une enquête, de même que Moqtada al-Sadr, très influent leadeur chiite devenu héraut des anticorruption.

Mais, dans la nuit de mardi à mercredi, alors que les proches du manifestant tué à Bagdad l’enterraient à Sadr City, remuant bastion chiite, le porte-parole du ministère de l’intérieur, Saad Maan, a dénoncé « des saboteurs » cherchant à « propager la violence ». Peu après, M. Abdel-Mahdi a salué « la grande responsabilité et la retenue des forces armées » face à « des agresseurs (…) ayant délibérément fait des victimes parmi les manifestants innocents ». Ce communiqué a suscité des commentaires enflammés sur les réseaux sociaux, mercredi matin.



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