Un scandale ébranle la confiance dans les statistiques japonaises

0
236

[ad_1]

Du fait des « erreurs » du ministère du travail, 19,7 millions de Japonais ont été privés d’aides.

Par Philippe Mesmer Publié aujourd’hui à 10h46, mis à jour à 10h46

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 7 février 2019.
Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, à Tokyo, le 7 février 2019. KAZUHIRO NOGI / AFP

Peut-on faire confiance aux statistiques du gouvernement japonais ? L’annonce jeudi 14 février d’un PIB en hausse de 1,4 % en glissement annuel entre octobre et décembre 2018, après un recul de 2,6 %, reste sujette à interrogation en raison d’un vaste scandale entourant les données du ministère du travail.

L’affaire a éclaté fin décembre 2018, lorsque la section du ministère chargée des salaires a décidé de modifier les composants de l’enquête mensuelle sur ces revenus. Elle a découvert que la méthode utilisée ne respectait pas les règles. Les enquêteurs du ministère doivent normalement consulter l’ensemble des entreprises de plus de 500 salariés. Or, entre 2004 et 2017, ils n’ont collecté les informations qu’auprès d’un tiers d’entre elles.

De quoi fausser les résultats, et alimenter de vifs échanges depuis la reprise des débats parlementaires en janvier. Le 8 février, après plusieurs journées de tergiversations, le ministère évoquait une hausse du salaire moyen, ajusté de l’inflation, de 0,2 % en 2018. L’opposition a immédiatement réagi car, selon ses calculs, cette rémunération aurait en réalité baissé de 0,4 %.

Un gouvernement manifestement embarrassé

« Pouvez-vous nous assurer qu’il n’y a pas eu de volonté de dissimulation ? », n’avait pas hésité à lancer auparavant Akira Nagatsuma, du Parti démocrate constitutionnel (opposition) à un gouvernement manifestement embarrassé. « Est-ce que tout va bien au ministère de la santé et du travail ? », s’interrogeait avec un soupçon d’ironie Shinjiro Koizumi, pourtant membre du Parti libéral démocrate, le PLD au pouvoir. Et les parlementaires de se gausser du slogan adopté par le gouvernement pour souligner l’importance des statistiques – il y a une journée des statistiques au Japon, le 18 octobre : « Exploiter les statistiques pour fixer un cap pour l’avenir » (« Ikase tokei, mirai no shishin »).

Les « erreurs » du ministère ont déjà eu des conséquences pour les services sociaux qui s’appuient sur ses données pour calculer le montant des allocations-chômage ou encore des primes d’assurance versées aux victimes d’accidents du travail. Au total, selon une première estimation du ministère, 19,7 millions de personnes auraient été privées d’un total de 79,5 milliards de yens (632 millions d’euros).

La Banque du Japon utilise de son côté l’enquête mensuelle pour évaluer l’impact de l’inflation sur l’économie. L’affaire menace aussi d’ébranler les certitudes du gouvernement sur l’économie. Dans son rapport économique mensuel de janvier, il considérait l’économie comme « en redressement sur un rythme modéré ». Invoquant les données faussées, l’opposition a qualifié les abenomics, la politique économique du premier ministre, Shinzo Abe, d’« escroquerie ».

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: