Un rapport lève le tabou sur les violences sexuelles en ex-RDA

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Des dizaines d’enfants ont été victimes d’abus sexuels dans les institutions de « redressement » communistes.

Par Cécile Boutelet Publié aujourd’hui à 12h11, mis à jour à 12h11

Temps de Lecture 3 min.

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Le sujet était hautement tabou dans un Etat qui avait décrété son ambition de devenir une « société sans délit ». Les abus sexuels sur mineurs étaient pourtant réels en République démocratique d’Allemagne (RDA), dans les familles, les écoles, les organisations de jeunes, comme dans certaines institutions à vocation « rééducative ». Pour la première fois, la lumière est faite officiellement sur cette réalité refoulée par le régime est-allemand, tombé en 1990. Un rapport, publié mercredi 6 mars, révèle la nature et l’ampleur des abus, reconnaissant le calvaire des victimes.

Corinna Thalheim est l’une d’entre elles. Son témoignage, repris dans les médias allemands, évoque le « martyre » qu’elle a subi dans l’institution fermée de Torgau, en Saxe, tristement célèbre pour les graves dérives de ses responsables. Le centre, comme une soixantaine d’autres du même type, avait pour ambition de « redresser » les enfants considérés comme « déviants ». Ils ont aussi été le théâtre de nombreux abus sexuels. Corinna Thalheim a été violée par le directeur de l’institution, comme elle le raconte au quotidien Die Welt :

« Les mois que j’y ai passés ont ruiné ma vie. On nous a cassés, détruits. Oui, la tentative de rééducation a parfaitement fonctionné. On nous a redressés : on a fait de nous des êtres hypersensibles, ayant perdu toute confiance en eux. »

Impossibilité de parler

La réalité qu’elle décrit correspond à la première partie du rapport publié mercredi. La seconde étant consacrée aux abus sexuels dans les familles, qui avaient lieu dans tous les milieux. Ils existaient aussi dans les écoles ou les colonies de jeunes, la RDA ne faisant pas exception par rapport à d’autres pays. La différence, relève le rapport, était l’impossibilité pour les victimes de parler de ce qu’elles avaient vécu, qui aurait été en contradiction avec l’image de la « famille heureuse de RDA » promue par le régime.

Le sujet n’était abordé ni en privé ni en public : officiellement, les violences sexuelles n’existaient pas. Les enfants qui recherchaient de l’aide auprès des services sociaux n’étaient pas crus. Ce tabou assurait aux agresseurs un climat d’impunité particulièrement favorable.

« Les abus sexuels sur les enfants ne passaient pas dans l’image de la société socialiste idéale »

« Les abus sexuels sur les enfants ne passaient pas dans l’image de la société socialiste idéale. Le silence s’est maintenu longtemps après les faits et dure encore aujourd’hui », a déclaré Christine Bergmann, ancienne ministre de la famille et membre de la commission indépendante formée en 2016 pour travailler sur la question des abus sexuels sur enfants en Allemagne, de l’Est comme de l’Ouest. Une centaine de témoignages ont été recueillis et analysés pour le rapport sur l’ex-RDA. S’ils ne sont pas représentatifs au sens statistique, précisent les auteurs, ils renseignent de façon qualitative sur la spécificité des violences exercées contre les enfants et les jeunes dans le contexte de la RDA.

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