« Un nouveau rideau de fer s’est dressé à l’est de l’Europe, où la logique de stagnation-répression fige toute évolution politique »

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Chronique. Les cieux ne sont décidément pas cléments à l’est de l’Europe. Un jour, c’est l’opposant numéro un à Vladimir Poutine qui se tord de douleur et sombre dans le coma dans un avion au-dessus de la Sibérie. Empoisonné au Novitchok, il ne doit sa survie qu’à la présence d’esprit du pilote qui décide un atterrissage d’urgence à Omsk puis à une équipe médicale qui a les gestes qui sauvent. Soigné en Allemagne, Alexeï Navalny refusera l’exil. Il croupit depuis en prison dans son pays, la Russie.

Un autre jour, c’est un jeune journaliste qui, lui, a choisi l’exil mais que le régime de son pays, la Biélorussie, pourchasse jusqu’au bord de la Méditerranée. Lorsque l’avion Ryanair qui doit l’emmener d’Athènes à Vilnius survole l’espace aérien biélorusse, dimanche 23 mai, Roman Protassevitch est saisi d’horreur : les deux ou trois passagers dont la mine avait éveillé ses soupçons à l’embarquement sont, selon toute probabilité, des agents secrets qui orchestrent le détournement vers Minsk de l’avion, diligemment escorté par un Mig-29. Vingt-quatre heures plus tard, le visage bouffi et maquillé, l’opposant fait d’une voix mécanique et en clignant des yeux des « aveux » filmés dont on ne connaît que trop la sinistre logique. Il croupit depuis en prison. Comme sa compagne, Sofia Sopega, étudiante russe à Vilnius, arrêtée elle aussi à sa descente d’avion à Minsk sans que le consulat de Russie n’y trouve à redire.

Non loin de là, il y a sept ans, dans le ciel de l’Ukraine, un avion de Malaysia Airlines a été abattu par un missile sol-air Buk russe, au-dessus d’une zone de conflit entre séparatistes prorusses et l’armée ukrainienne. Le vol MH17 transportait 298 civils d’Amsterdam à Kuala Lumpur. Ils sont tous morts. Au terme d’une longue et minutieuse enquête, les Pays-Bas ont établi en 2018 que le missile qui a fait exploser l’avion avait été acheminé de Russie dans l’est de l’Ukraine le jour même. La Russie nie sa responsabilité.

Toutes les dérives encouragées

Qu’y a-t-il de commun à ces trois événements ? Ils participent d’une même dynamique, ou plutôt de l’absence d’une dynamique autre que celle de la répression, qui fige toute évolution politique dans cette partie de l’Europe depuis près d’une décennie.

A Moscou, le président Vladimir Poutine s’est installé dans une logique de pouvoir pour le pouvoir, sans projet politique autre que son propre maintien au Kremlin, qu’il a rendu possible jusqu’à 2036 – il s’y trouve depuis 2000. Le traitement réservé à Alexeï Navalny est l’illustration la plus spectaculaire d’un système qui obture lentement mais sûrement l’espace de liberté dont pouvait encore jouir la société civile russe : associations, ONG et médias indépendants sont soumis à des règles de plus en plus draconiennes qui les étouffent sous le statut d’« agent de l’étranger » ou d’« extrémiste ». Même en prison, « je commets de plus en plus de crimes », ironisait, mardi, Navalny dans un post de blog publié par la radio Echo de Moscou, en découvrant que le parquet lui avait ajouté une nouvelle incrimination. « Mon puissant syndicat du crime prospère. Je suis un génie. »

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