Un nouveau départ franco-allemand pour l’Europe

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Editorial du « Monde ». L’Europe, dit-on, ne progresse que par les crises. Une fois encore, l’adage se vérifiera si les propositions inédites faites conjointement, lundi 18 mai, par la chancelière allemande et le président français sont acceptées par les vingt-cinq autres Etats de l’Union européenne. La pandémie de Covid-19 et le séisme économique qu’elle provoque, le pire jamais enduré par l’UE, pourraient alors lui faire franchir un pas décisif, non seulement dans le sens d’une plus grande solidarité budgétaire, mais aussi vers une politique de santé mieux coordonnée et une souveraineté mieux partagée dans des domaines industriels stratégiques.

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On a trop déploré dans ces colonnes la panne de l’Europe sous le choc de la pandémie, trop souvent appelé le tandem franco-allemand à se mobiliser, pour ne pas saluer à la fois le symbole que constitue l’image juxtaposée des deux dirigeants s’exprimant de concert en visioconférence depuis Berlin et Paris, et l’ambition que portent leurs propositions. Rien n’est fait, puisque le chancelier autrichien Sebastian Kurz a immédiatement pris ses distances, se prévalant d’une concertation avec les Pays-Bas, le Danemark et la Suède. Il faudra encore de l’énergie pour que la « locomotive » franco-allemande vienne à bout des réticences des pays du nord de l’Europe à l’égard de la principale innovation du plan Merkel-Macron : un instrument de dette européenne.

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Face à une pandémie qui a touché inégalement le continent, il fallait inventer un mécanisme de solidarité. Berlin et Paris proposent que la Commission, autrement dit les vingt-sept pays conjointement, emprunte 500 milliards d’euros sur les marchés. Ces fonds abonderaient le budget européen et seraient distribués selon la sévérité des dommages occasionnés par la crise. Cet emprunt serait remboursé non pas individuellement par les Etats, mais par l’UE.

Un tabou balayé

Comme souvent, le diable se cache dans les détails, et il reste à préciser les critères d’attribution comme ceux de remboursement. Mais Emmanuel Macron a insisté : il s’agirait de « transferts » aux Etats, puisque « les clés de répartition pour le remboursement ne seront pas nationales ». Infranchissable jusqu’ici, le tabou de la mutualisation de la dette serait ainsi balayé.

« Nous devons agir en Européens pour que l’Europe sorte renforcée par cette crise », a avancé Angela Merkel pour justifier le glissement de la position allemande. L’arrêt de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe contestant la prééminence du droit de l’Union, le 5 mai, semble avoir servi de choc à l’opportun repositionnement européen de la chancelière.

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Mais il faut aussi saluer le long travail de persuasion d’Emmanuel Macron. Entendre Mme Merkel affirmer que « l’Allemagne ne s’en sortira bien que si l’Europe se porte bien » représente un succès inespéré après des mois de cafouillage.

Sur leur lancée, les dirigeants allemands et français ont ébauché une Europe de la santé qui permettrait de constituer des stocks de masques et d’équipements médicaux communs. Rompant avec les dogmes de l’UE en matière de concurrence, ils ont aussi projeté la création de « champions [industriels] de niveau mondial ». Que ces tournants se concrétisent, et ils pourraient contredire les prévisions des Cassandre qui annoncent la fin de l’intégration européenne. Que l’impulsion franco-allemande remette les Vingt-Sept en marche au moment où le Covid-19 nourrit le « chacun-pour-soi » et le nationalisme, serait une excellente nouvelle, pour l’Europe et au-delà.

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Le Monde

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