un nombre de positifs sous-évalué et des hôpitaux qui craquent »

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L’Europe, Italie en tête, avec 3 405 morts, reste en première ligne du combat contre la pandémie due au coronavirus, la planète entière renforçant encore plus vendredi les mesures de précaution.

Le correspondant du Monde en Italie, Jérôme Gautheret, a répondu à vos questions dans un tchat sur la situation sanitaire chez notre voisin transalpin.

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Des membres de l’Unité militaire d’urgence (UME) procèdent à une désinfection générale de l’aéroport international de Barcelone-El Prat, le 19 mars 2020.
Des membres de l’Unité militaire d’urgence (UME) procèdent à une désinfection générale de l’aéroport international de Barcelone-El Prat, le 19 mars 2020. JOSEP LAGO / AFP

Jérem : Est-ce que l’Italie rencontre aussi un problème d’approvisionnement de masques ?

Selon le gouvernement, les besoins pour les Italiens seraient d’au moins 90 millions de masques par mois. Pour l’heure, le pays ne dispose pas de cette ressource, et les hôpitaux sont, bien entendu, les premiers à en manquer (les hôpitaux de Lombardie ont notamment protesté, ces derniers jours, contre les 200 000 masques que la protection civile leur avait envoyé, et qu’ils ne jugeaient pas aux normes). Mais la tension sur ce sujet est plutôt moins forte qu’en France.

Par ailleurs (au moins à Rome) le port du masque se généralise peu à peu dans les commerces et dans la rue. Il était minoritaire il y a une semaine, il tend à se généraliser très vite.

JujudeSG : Les marchés sont-ils ouverts et les plages accessibles, en Italie ?

Les marchés alimentaires restent ouverts, mais ils ont vu des restrictions dans leurs heures d’ouverture et leur règlement, de façon à veiller que soient bien respectées les distances de sécurité. Pour les primeurs, on privilégie la distribution à domicile.

En ce qui concerne les bords de mer, il subsiste le flou sur la pratique sportive en plein air, qui reste autorisée quand elle est solitaire. Mais pour combien de temps ? Tout indique que de nouvelles restrictions arriveront dans les prochains jours.

Le personnel au travail à l’hôpital de campagne Samaritan’s Purse, à Crémone, dans le nord de l’Italie, le 20 mars 2020.
Le personnel au travail à l’hôpital de campagne Samaritan’s Purse, à Crémone, dans le nord de l’Italie, le 20 mars 2020. CLAUDIO FURLAN / AP

Philippe : Si le temps d’apparition du virus est d’une dizaine de jours et si le confinement est efficace, pourquoi le nombre de personnes contaminées ne baisse-t-il pas en Italie ?

Le rythme de l’augmentation ralentit, et c’est déjà considérable. On est passé d’une croissance quotidienne de 25-30 % à 15 % environ. La décrue, si elle arrive, prendra encore plus de temps, en raison du nombre de personnes positives sans symptômes, qui ne sont pas conscientes d’être atteintes mais peuvent tout de même propager la maladie.

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Stéphane Menu : Question terrible mais que tout le monde se pose : le nombre de morts en Italie est-il lié à une moindre qualité du système de santé ?

Les deux provinces où la situation est la plus extrême (Bergame et Brescia, en Lombardie) regroupent les meilleures structures sanitaires d’Italie, et sans doute parmi les meilleures d’Europe. Mais, quand il y a un tel afflux de malades, de toute façon, aucun système de santé n’est efficace. Si vous avez 20 % de lits supplémentaires, vous tenez juste vingt-quatre heures de plus. Si tout le monde est malade en même temps, on rentre dans une logique de guerre, et on pare au plus pressé. C’est ce qui explique la dramatique mortalité dans ces zones.

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MDC-Suresnes : Comment expliquer la proportion plus élevée de décès en Italie par rapport à d’autres pays comme l’Espagne ?

Il faut d’abord rappeler que si on ne teste personne, il n’y a que les malades connus qui deviennent positifs. En Lombardie, où le système est complètement débordé, on n’a plus les moyens de tester. Donc on arrive à un nombre très « faible » de personnes positives. Les 20 000 cas ne sont que la « partie émergée de l’iceberg », et le taux de mortalité anormalement élevé n’est que le reflet de cette double réalité : un nombre de positifs sous-évalué et des hôpitaux qui craquent.

Dans le reste du pays, d’ailleurs, les taux de mortalité sont beaucoup plus faibles, comparables à ce qu’on a pu observer en Asie. Ce qui indique bien que les données italiennes sont complètement faussées, surtout en Lombardie.

E. T. : En Italie, reste-t-il possible de se déplacer pour aller travailler, ou le télétravail est-il obligatoire pour tous ? Y a-t-il le même débat que nous avons sur la continuité de l’activité économique ?

Dès les premiers jours, la question de la continuité de l’activité économique a été le premier obstacle aux restrictions. Et comme on s’aperçoit que les demi-mesures ne servent pas à grand-chose, sans doute a-t-il été perdu un temps précieux. Cette inquiétude était d’autant plus forte que la Lombardie est le cœur de l’activité économique en Italie. Arrêter Milan, c’est mettre à genoux toute l’Italie.

Pour le reste, les transports continuent, pour l’heure, à fonctionner, et certains services, comme les aides à la personne, commerces alimentaires ou de première nécessité, restent naturellement ouverts, sans pénurie. Comme en France, le télétravail n’est pas possible pour tout le monde.

Des gens faisant la queue pour entrer dans un supermarché, à Milan, en Italie, le 20 mars 2020.
Des gens faisant la queue pour entrer dans un supermarché, à Milan, en Italie, le 20 mars 2020. LUCA BRUNO / AP

Adonis : En Italie, en combien de jours les clusters du Sud ont commencé à se développer ? Sont-ils liés avec la fuite du confinement au Nord ?

Pour l’instant la contagion dans le Sud ne fait que commencer, et les mesures de confinement ont été prises très tôt (en Basilicate, par exemple, il n’y a eu aucun mort du Covid-19, mais toute l’activité est quand même à l’arrêt), ce qui permet d’espérer que la contagion reste « raisonnable ». Il faut l’espérer parce que l’état des structures sanitaires au sud de Rome et sur les îles est tout sauf rassurant.

Elisabeth : Nous sommes un peu perdu en France concernant certaines branches professionnelles, notamment le BTP, et l’avis du gouvernement à ce sujet. Qu’en est-il en Italie ? Les chantiers ont-ils été mis à l’arrêt, ou le milieu du bâtiment continue de travailler ?

Pour l’heure, il n’a pas été décidé en Italie d’arrêter complètement la production, et certaines entreprises (surtout les plus importantes) continuent donc à tourner au ralenti. Après, c’est un peu le coup par coup qui règne. Certains travaux ont l’air de continuer, et dans certaines communes tout est à l’arrêt… les maires ont une grande latitude pour interpréter les consignes, et ils ne s’en privent pas.

A Rome, des habitants confinés échangent de leur balcon, le 18 mars 2020.
A Rome, des habitants confinés échangent de leur balcon, le 18 mars 2020. REMO CASILLI / REUTERS

Fabrizzio : Savez-vous s’il y a des plaintes déposées par les médecins italiens contre leur gouvernement (comme on peut le voir en France) ? La France est-elle le seul pays dans ce cas ?

Rien de tel n’a été pour l’heure répercuté. Ce qu’il faut bien souligner, c’est que même si la vie politique italienne est d’ordinaire très agitée, on est depuis dix jours au moins dans une ambiance d’unité nationale très forte. S’en prendre à l’exécutif actuel, et au premier ministre, Giuseppe Conte, serait très mal perçu.

Ouvertes ou fermées : Les églises sont-elles fermées en Italie ou ouvertes mais sans qu’il y ait de culte célébré ?

Là encore la situation est très contrastée. La règle générale, c’est l’interdiction des messes, et l’ouverture des églises reste possible. Mais le pape François donne l’exemple en limitant le plus possible ses apparitions publiques (hormis un pèlerinage dans les rues de Rome désertes le week-end dernier), et il a déjà été annoncé que les célébrations de la Semaine sainte, cette année, se dérouleraient à huis clos.

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Mariage à Naples, le 20 mars 2020.
Mariage à Naples, le 20 mars 2020. CIRO DE LUCA / REUTERS

Philippe : Quelle est la situation dans le Mezzogiorno, et particulièrement à Naples et en Campanie ?

Pour l’heure, il y a nettement moins de cas que dans le Nord, mais beaucoup de cas « importés » par les personnes qui ont fui les zones rouges aux débuts de l’épidémie. C’est d’ailleurs un grand classique dans l’histoire des pandémies… Pour l’heure, en Campanie, il y a 749 cas comptabilisés. Donc si la hausse se calme, la crise paraît peu probable.

Mais attention, au sud de Rome, c’est l’ensemble du système sanitaire qui est très peu développé. Naples ne pourrait jamais « encaisser » le même nombre de cas qu’une région comme la Vénétie ou la Lombardie.

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Le Monde

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