Un mégaprojet de station de ski déchire l’Autriche

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Près de Sankt Leonhard, dans le Pitztal (Autriche), le 27 novembre 2019.
Près de Sankt Leonhard, dans le Pitztal (Autriche), le 27 novembre 2019. JOE KLAMAR / AFP

A 3 440 mètres, en admirant la forêt de sommets alpins enneigés avec un improbable café serré à la main, difficile d’imaginer la sourde bataille qui déchire les vallées du Tyrol, en contrebas. Du sommet du Brunnenkogel et de son bar d’altitude, accessible en quelques minutes de funiculaire et télécabine, l’enjeu est pourtant bien visible : des hectares de glacier encore préservés mais désormais menacés par un projet d’extension de station de ski. Le nom de celle-ci, Pitztal, est désormais synonyme d’une fracture inédite chez les Autrichiens autour de leur passion nationale pour les sports d’hiver.

« Ici, on sait ce que c’est de vivre avec la nature, contrairement aux gens de la ville qui viennent en voiture nous dire ce qu’il faut faire », lâche, en buvant son allongé, Bernhard Füruter, chargé de la communication de la société des remontées mécaniques locale, qui porte ce projet destiné à relier le domaine skiable à une vallée voisine aux moyens de 64 hectares de nouvelles pistes, trois remontées mécaniques et un tunnel skiable de 600 mètres. Tout cela pour 130 millions d’euros. Le plus gros projet depuis des années en Autriche. Le plus contesté aussi. Le directeur des remontées mécaniques a refusé de recevoir Le Monde.

Une pétition d’opposants a réuni plus de 150 000 signatures et des militants écologistes sont venus manifester jusque sur les pistes. A l’heure du changement climatique et de la fonte des glaciers, ils dénoncent « une atteinte massive à la nature alpine » et demandent de préserver « ce qu’il reste de ces paysages primitifs ».

Mais la résistance n’est pas venue que des grandes villes : elle est incarnée par un homme habitant au débouché de la vallée, à une quarantaine de kilomètres du Brunnenkogel. A 63 ans, Gerd Estermann est à la tête d’une petite organisation écologiste locale. « Quand on a vu la dimension du projet, on s’est rendu compte que c’était complètement déraisonnable », assure ce professeur à l’origine de la pétition. Comme beaucoup de Tyroliens des bas des vallées, il est aussi exaspéré par la circulation générée par les stations de ski.

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« Nous dépendons à 100 % du tourisme »

Avec l’aide du WWF et du Club alpin autrichien, qui ont constitué depuis 2017 une « Alliance pour l’âme des Alpes », il a monté une campagne afin de faire connaître les conditions de construction de ce projet. Terrassement de 120 000 m3 de terrain, dynamitage ou démolition de 750 000 m3 de roches et de glace… les chiffres sont impressionnants pour un glacier déjà en plein recul. A l’automne 2019, le débat s’enflamme après que la presse tabloïd affirme à tort que le dynamitage d’un sommet entier est prévu. Les médias allemands et autrichiens accourent pour pointer les limites du modèle touristique autrichien, qui représente 8 % du PIB au niveau national, mais jusqu’à près d’un tiers dans le Tyrol, première destination du pays.

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