Un étudiant étranger redoute l’acharnement du régime Orban

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Adrien Beauduin, doctorant en études de genre à l’université d’Europe centrale fondée par George Soros, a été arrêté lors de la manifestation contre la loi assouplissant le temps de travail. Il risque jusqu’à huit ans de prison.

Par Blaise Gauquelin Publié aujourd’hui à 14h50

Temps de Lecture 3 min.

Le 12 décembre 2018, à Budapest, des milliers de manifestants protestent contre la réforme du droit du travail et l’autoritarisme du président, Viktor Orban.
Le 12 décembre 2018, à Budapest, des milliers de manifestants protestent contre la réforme du droit du travail et l’autoritarisme du président, Viktor Orban. Peter Kohalmi/AFP

Il est un peu sonné, Adrien Beauduin. En venant faire ses études à Budapest, il ne pensait pas passer par la case prison. Et pourtant, en ce petit matin frisquet du 12 mars, il sort du commissariat. Une fois encore, la police voulait l’interroger sur le rôle qu’il a joué en marge de manifestations ayant eu lieu il y a exactement trois mois. « Je suis accusé de violences en réunion contre des représentants des forces de l’ordre », s’insurge ce doctorant belgo-canadien de 33 ans. « Mais c’est absurde ! J’ai été arrêté avec quatre Hongrois. On nous reproche d’avoir frappé un policier avec notre bras gauche, puis de lui avoir donné des coups de pied. Je réfute ces faits. J’attends toujours qu’on me présente une preuve. J’ai manifesté pacifiquement et j’ai été arrêté arbitrairement. »

Autoritarisme

Comme des milliers d’habitants de la capitale, il était descendu dans la rue ce 12 décembre 2018 pour protester contre un nouvel amendement à la loi qui autorisait les employeurs à faire travailler leurs salariés jusqu’à quatre cents heures supplémentaires par an. Il voulait aussi dénoncer l’autoritarisme de Viktor Orban, un dirigeant qui surjoue désormais la confrontation avec sa famille politique, le Parti populaire européen (PPE), la grande formation de droite, majoritaire sur le continent et à laquelle appartient la chancelière allemande, Angela Merkel.

En ce 12 mars, Manfred Weber, le chef de file bavarois du PPE, qui rêve de remplacer Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, avait d’ailleurs fait le déplacement jusqu’à Budapest pour tenter de convaincre son encombrant allié de cesser d’attaquer Bruxelles à coups de « fake news ». Douze membres du PPE, ulcérés par ses dérives antidémocratiques, réclament en effet son exclusion pure et simple. Un vote en ce sens doit avoir lieu le 20 mars.

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Ce contexte rend Adrien Beauduin vraiment nerveux. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à huit ans d’emprisonnement. Or, par le passé, de nombreux exemples ont montré que la justice hongroise a pu être instrumentalisée à des fins politiques. Dans son rapport d’octobre 2015, l’Association internationale du barreau a indiqué que l’indépendance et l’impartialité du pouvoir judiciaire hongrois ne pouvaient plus être garanties.

Une accusation qui a notamment été évoquée dans le rapport Sargentini du Parlement européen qui a servi de base au recours, en septembre 2018, à l’article 7 du traité de l’UE contre la Hongrie, pour non-respect de l’Etat de droit.

« J’ai peur d’être une bonne proie pour la propagande. Dans les médias proches de l’exécutif, je suis déjà dépeint comme un mercenaire à la solde de Soros. » Adrien Beauduin

L’avocate de l’étudiant, elle aussi, est inquiète. « La police a tendance à poursuivre la moindre infraction à la loi, déplore Kata Nehéz-Posony. Par exemple, si, après une manifestation, des gens restent ensemble et se rendent dans un autre lieu public, s’ils marchent sur la route au lieu du trottoir, ils sont punis d’une amende de 50 000 forints [159 €]. »

Elle craint que le profil de son client joue en sa défaveur : il est inscrit à l’université d’Europe centrale, un établissement fondé par la bête noire de Viktor Orban, le philanthrope américain d’origine hongroise George Soros. Son travail de thèse porte sur les études de genre, qui ont été bannies des programmes par le gouvernement hongrois en septembre. Adrien Beauduin a étudié en première année le rôle du genre et de la sexualité dans les mouvements antimigrants et anti-islam.

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« Je ne pense pas que les policiers connaissaient son profil lorsqu’ils l’ont arrêté, relativise Kata Nehéz-Posony. Mais c’est vrai qu’il personnalise tout ce contre quoi le gouvernement se bat. Il avait déjà participé à des manifestations auparavant, il se peut donc qu’il ait été observé. Mais je n’ai aucun élément qui prouve cela. » Adrien Beauduin, dont le casier judiciaire est vierge, s’étonne d’être toujours menacé d’un procès. « J’ai peur d’être une bonne proie pour la propagande. Dans les médias proches de l’exécutif, je suis déjà dépeint comme un mercenaire à la solde de Soros. »

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C’est l’envers du décor en Hongrie. Celui qu’on ne découvre pas tout de suite, lorsqu’on pense atterrir dans un pays européen démocratique. Le nombre d’étudiants français inscrits en Erasmus dans le pays a augmenté de 66 % depuis 2012. Ils sont attirés par le développement de cours en anglais, une hausse des accords d’échange et une vie quotidienne restant bon marché. Adrien Beauduin leur souhaite de ne jamais
avoir affaire à la justice.

Blaise Gauquelin (Vienne, correspondant)

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