un « drame écologique sans précédent » pour la faune

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Un oppossum à queue en brosse secouru dans les Blue Mountains, Australie, le 29 décembre 2019.
Un oppossum à queue en brosse secouru dans les Blue Mountains, Australie, le 29 décembre 2019. JILL GRALOW / REUTERS

Des centaines de kangourous bondissant pour fuir les flammes, des opossums et wombats couverts de brûlures, des cadavres carbonisés de kookaburras et d’échidnés, des koalas assoiffés courant sur les routes, hagards et désorientés… Depuis plusieurs semaines, les vidéos d’animaux australiens en détresse abondent sur les réseaux sociaux, à mesure que les gigantesques incendies ravagent les forêts primaires du Sud-Est de l’île.

S’il est encore difficile d’évaluer l’ampleur des dégâts sur la faune et la flore australienne, parmi les plus riches au monde, les chercheurs de l’Université de Sydney estiment que, dans le seul Etat de Nouvelle-Galles du Sud, près de 480 millions de mammifères, oiseaux et reptiles ont déjà été tués, blessés ou forcés de fuir les flammes depuis le mois de septembre. Un « drame écologique sans précédent », déplorait mi-décembre la très puissante association de défense des animaux sauvages Wires, véritable institution dans un pays où plus de 80 % des espèces sont endémiques. 

Forêts humides du Gondwana

« Depuis notre création en 1985, nous n’avons jamais assisté à autant de situations d’urgence concomitantes », regrette John Grant, porte-parole de l’ONG, qui s’inquiète de « recevoir moins d’animaux que ce que nous devrions au vu des dégâts constatés sur le terrain ». Les centres de soin de l’association, qui travaillent en partenariat avec 2 600 vétérinaires, sont pourtant débordés. Pour la seule journée de Noël, la clinique de Port Macquarie, à 400 kilomètres au nord de Sydney, accueillait 72 koalas. Trop gravement brûlés, plusieurs d’entre eux ont dû être euthanasiés.

Pour tenter de limiter les pertes animales, l’association Wires a lancé début décembre une campagne de sensibilisation pour inciter les habitants à laisser nourriture et eau en évidence. L’ONG demande en outre aux automobilistes de garder un carton et une serviette dans leur voiture, afin de porter assistance aux animaux croisés sur les routes. Mais ces précautions semblent dérisoires par rapport à l’ampleur de la destruction en cours.

Un oppossum à queue en brosse secouru dans les Blue Mountains, Australie, le 29 décembre 2019.
Un oppossum à queue en brosse secouru dans les Blue Mountains, Australie, le 29 décembre 2019. JILL GRALOW / REUTERS

Dans la Cordillère australienne, le long de la côte Est du pays, le feu a atteint les forêts humides les plus anciennes du monde, héritées du Gondwana. Classées depuis 1986 à l’Unesco, elles constituent la plus grande aire de forêts subtropicales du monde et abritent des hêtres vieux de plus de 3 000 ans. Plus de 270 espèces menacées y ont trouvé refuge, dont l’atrichtorne, un petit oiseau terrestre si rare qu’il était considéré comme éteint jusqu’en 1961. « Même s’ils en réchappent par miracle, leur habitat naturel sera de toute façon détruit et il faudra des centaines d’années pour le reconstituer », a souligné dans la presse australienne l’écologiste Mark Graham, membre du Conseil régional de conservation de la nature.

Un tiers des koalas tués

Devenus le symbole de l’île-continent, les koalas concentrent les inquiétudes. La ministre de l’environnement, Sussan Ley, a reconnu que près de 30 % de ces marsupiaux endémiques pourraient avoir été tués dans les incendies.

Déjà placés sur la liste rouge des espèces menacées à cause notamment d’une vaste épidémie de chlamydia qui les rend infertiles, les koalas, dont la population était encore récemment évaluée à 28 000 individus en Nouvelle-Galles du Sud, sont peu mobiles. Pire, leurs réflexes de survie les incitent à grimper en haut des eucalyptus dont ils se nourrissent pour fuir le danger. Or ces arbres, remplis d’huile, brûlent rapidement et explosent en projetant des morceaux d’écorce incandescents.

Des pompiers portent assistance à un koala, dans le village de Jacky Bulbin Flat, en Nouvelle-Galles du Sud, le 21 novembre.
Des pompiers portent assistance à un koala, dans le village de Jacky Bulbin Flat, en Nouvelle-Galles du Sud, le 21 novembre. PAUL SUDMALS / PAUL SUDMALS via REUTERS

Début décembre 2019, le Parlement australien a organisé en urgence une commission dédiée au mammifère, longtemps chassé pour sa fourrure aux reflets argentés. « Les feux se sont répandus si rapidement que la mortalité dans les arbres a forcément été très importante, soulignait devant les parlementaires l’écologiste Mark Graham. Des zones entières de leur habitat ont été totalement détruites ; il n’y a aucun doute sur le fait que les populations vont forcément décliner dorénavant », regrettait-il, appelant a minima à stopper au plus vite toute déforestation dans la région.

« Ce qu’il se passe montre à quel point nous sommes peu préparés pour ce genre d’événements », a renchéri la biologiste Kellie Leigh, directrice de l’association Science for Wildlife. Son centre de conservation des koalas dans les Blue Mountains, un labyrinthe de falaises gréseuses situé à deux heures de Sydney, est pris d’assaut. « Il n’y a aucune procédure, aucun protocole… Même nos soignants ne savent pas dans quelles conditions ils peuvent intervenir, a-t-elle souligné. Nous sommes complètement désemparés. »

En urgence, le gouvernement fédéral a débloqué 6 millions de dollars australiens (3,75 millions d’euros) pour financer des programmes de protection du marsupial. Ils devraient notamment financer l’installation de citernes pour hydrater les animaux, et un vaste programme de reproduction à Port Macquarie. La députée écologiste Cate Faerhmann, à l’initiative de ces auditions parlementaires, a dit espérer que les vidéos dramatiques de koalas agonisants « constitueront un signal d’alarme pour le gouvernement ».



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