un décrochage français serait une menace pour la zone euro

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Emmanuel Macron (en haut à gauche) et les membres du Conseil européen s’entretenant par vidéoconférence, à L’Elysée, à Paris, le 23 avril 2020.
Emmanuel Macron (en haut à gauche) et les membres du Conseil européen s’entretenant par vidéoconférence, à L’Elysée, à Paris, le 23 avril 2020. POOL / REUTERS

Editorial du « Monde ». Dans une Europe de nouveau hérissée de frontières, la pandémie de Covid-19 est propice aux comparaisons internationales. Elles ne sont guère à l’avantage de la France. Avec une baisse de 5,8 % de son produit intérieur brut (PIB) au cours du premier trimestre de 2020 en comparaison du dernier trimestre 2019, l’Hexagone enregistre la plus mauvaise performance des grands pays de la zone euro (– 3,8 % de PIB en moyenne).

Tandis que le chiffre allemand (attendu le 15 mai) devrait tourner autour de – 2 %, l’économie française s’est contractée davantage que celles de l’Espagne (– 5,2 %) ou de l’Italie (– 4,7 %). Encore le premier trimestre ne comprend-il que le tout début de la période de confinement qui paralyse l’économie. « Le plus dur est devant nous du point de vue économique », prévient le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

La plongée particulièrement brutale de l’activité en France, la plus forte constatée depuis 1949, interroge non seulement les difficultés structurelles du pays, mais aussi certains aspects de la gestion de la crise par le président Macron et le gouvernement Philippe.

Pesanteurs de l’économie française

A la centralisation excessive empêchant l’adaptation des politiques à des régions diversement touchées, au confinement plus massif que chez nos voisins s’ajoute une gestion autoritaire face à un pays déjà cabré par les conflits des « gilets jaunes » et sur la réforme des retraites.

Les ambiguïtés de la communication gouvernementale – « Nous sommes en guerre », mais « Restez chez vous » et « Félicitons les travailleurs » –, la trop longue pénurie de masques et, à présent, un protocole national de reprise du travail d’une complexité toute bureaucratique participent aux pesanteurs de l’économie française.

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Certes, les gouvernements des pays voisins se heurtent à des difficultés comparables. Mais ils le font dans un climat autrement moins crispé et suspicieux. Tandis que 62 % des Français se déclarent insatisfaits de l’action gouvernementale, les Allemands ne sont que 26 % dans ce cas, selon une récente enquête européenne Ipsos-Cevipof. Conséquence de leur sévère appréciation de la gestion de la pandémie par l’exécutif, mais aussi d’une situation économique plus dégradée, les Français sont 64 % à s’attendre à des conséquences économiques « très graves », contre 39 % des Allemands.

La schizophrénie qui consiste à attendre tout de l’Etat central, à dénoncer son autorité tout en rejetant les responsabilités locales, est une maladie française parfaitement documentée, tout comme l’intériorisation d’une tendance au déclin qui n’a rien d’inéluctable. Mais cette fois, alors que toutes les économies sont atteintes du même mal, ce décrochage français met la zone euro, voire l’Union européenne, à rude épreuve.

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En découplant un peu plus encore Paris de Berlin, en faisant basculer symboliquement la France parmi les « pays du sud de l’Europe », avec tous les clichés négatifs associés, la médiocre performance française risque de renforcer les clivages. D’un côté, les pays du nord du continent, moins touchés par le Covid-19 et qui rebondiront plus vite ; de l’autre, ceux du sud, endettés et handicapés dans leur reprise.

Autrement plus brutal que la crise financière de 2008, le choc provoqué par le Covid-19 porte en lui le risque d’une implosion de l’union monétaire. Il renforce donc la nécessité de solides mécanismes d’entraide. Mais combien de temps Emmanuel Macron, qui se fait à juste titre le champion de cette solidarité européenne, resterait-il crédible dans ce rôle, si la France dérapait durablement ?

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Le Monde

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