un ancien policier aux frontières d’Orly sur le banc des accusés

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L’aéroport d’Orly, près de Paris, le 26 juin 2020.

Près de 200 documents confidentiels, dont des fiches S, transmis aux services secrets marocains : un ancien policier aux frontières d’Orly et un responsable de sûreté aéroportuaire seront prochainement jugés à Créteil, soupçonnés d’avoir organisé la fuite d’informations sensibles de 2014 à 2017.

C’est dans l’enceinte du deuxième aéroport français, rythmé en temps normal par 600 décollages et atterrissages quotidiens, que les deux hommes se sont rencontrés. L’ancien policier, aujourd’hui retraité, est alors à la tête de l’unité d’information de l’état-major de la direction de la police aux frontières (PAF), service chargé de faire remonter les informations sur les allées et venues des personnes apparaissant au Fichier des personnes recherchées. Parmi elles, les fichés S, pour « sûreté de l’Etat », qui regroupent notamment les personnes soupçonnées de radicalisation islamiste.

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L’autre protagoniste du dossier, un Franco-Marocain de 57 ans connu dans le microcosme d’Orly, est alors directeur d’une entreprise de sûreté aéroportuaire et aurait fait l’intermédiaire avec un agent secret marocain intéressé par ces données confidentielles.

Des voyages au Maroc ou en Angola

Au total, le cadre de la PAF aurait transmis de 100 à 200 fiches confidentielles, en contrepartie de voyages tous frais payés au Maroc ou en Angola, selon l’ordonnance de renvoi datée du 30 juillet dont l’AFP a eu connaissance, confirmant une information du Parisien. L’enquête a également mis au jour « le dépôt d’espèces d’origine inconnue » d’un montant de 17 000 euros sur le compte du policier et de son épouse, couple par ailleurs endetté, d’octobre 2014 à mai 2017. « A l’époque, mon client est convaincu d’agir dans l’intérêt supérieur de la France. On lui propose de collaborer avec le Maroc. Pour lui, c’est un moyen de surveiller les fichés S et d’éviter de nouveaux attentats », a défendu auprès de l’AFP son avocate, Blandine Russo, insistant sur « les troubles psychologiques » de son client au moment des faits.

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Selon l’enquête, l’intermédiaire aurait eu une « place centrale » dans la combine en transmettant les fiches confidentielles, dont plusieurs ont été retrouvées à son domicile et à son bureau. Il aurait également réglé les voyages à l’étranger du policier et de sa famille, ce qu’il a réfuté durant ses auditions, tout en rejetant sur le policier l’initiative de la magouille. Sollicité par l’AFP, son avocat n’a pas souhaité réagir.

Les deux hommes sont poursuivis pour « corruption, violation et recel du secret professionnel, détournement et recel de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel ». L’agent marocain, qui avait déclaré une adresse en Alsace, reste quant à lui introuvable. Visé par un mandat d’arrêt, il est poursuivi pour « corruption active ».

Vol de médicaments dans un hôpital

La femme du policier apparaîtra également sur le banc des prévenus. Les magistrats ayant estimé qu’elle ne pouvait ignorer l’origine des voyages, elle comparaîtra pour « recel de biens provenant de corruption » mais également pour le vol de médicaments – remis à l’intermédiaire – dans l’hôpital où elle exerçait en tant qu’aide-soignante. Mis en examen, un autre fonctionnaire de la PAF a obtenu un non-lieu total au terme de l’enquête.

Au début de l’enquête, une source proche des services marocains avait expliqué à l’AFP que le recrutement des « taupes » susceptibles de fournir des informations se focalisait sur les « points de faiblesse » et les possibilités de chantage sur ces failles (difficultés financières liées à l’endettement ou au jeu, habitudes sexuelles, engagement idéologique, etc.). « Il y a partout des gens prêts à se laisser convaincre, c’est humain », avait indiqué cette source.

Ouverte à la suite d’un renseignement anonyme en juillet 2016, l’enquête n’a rien eu de commun. « Il est rarissime qu’un dossier relevant du secret étatique soit ainsi judiciarisé, surtout par le biais d’un renseignement anonyme », relèvent les magistrats instructeurs dans leur ordonnance. Le procès devrait se tenir courant 2021, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.

Le Monde avec AFP

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