Ukraine : Odessa, ville gangster

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Entrée du bar à striptease

GUILLAUME HERBAUT POUR LE MONDE

Par Benoît Vitkine

Dans la métropole du Sud, le maire, Guennadi Troukhanov, est jugé pour détournement de fonds publics. Proche du président Porochenko, qui brigue un second mandat le 31 mars, il gouverne une cité portuaire gangrenée par la violence et la corruption.

Se pourrait-il que ces rangées de babouchkas permanentées constituent le dernier rempart contre la chute du maire d’Odessa, le redoutable Guennadi Troukhanov ? A chacune de ses convocations au tribunal du district de Malinovski, les vieilles femmes surgissent en essaim pour occuper les bancs de la petite salle d’audience, empêchant ainsi l’accès aux journalistes et activistes locaux identifiés comme leurs ennemis.

« Odessa n’a jamais eu de meilleur maire, sussure Marina Ivanovna, 71 ans, lors d’une interruption de séance. Lorsque ma sœur est tombée malade, la mairie a même envoyé un taxi pour récupérer les documents dont elle avait besoin. » Une autre interrompt la conversation : « C’est maintenant ! », glisse-t-elle, entraînant les grands-mères dans son sillage.

« On ne les a jamais prises la main dans le sac, mais c’est le moment où elles reçoivent leur paye pour la journée, assure alors Tatiana Guerassimova, une activiste locale qui assiste vaillamment à l’intégralité des audiences. Il y a quelques semaines, c’était pire : on devait faire face à des jeunes gars musclés. Avec les vieilles, on arrive au moins à jouer des coudes pour s’asseoir. Sinon c’est long, huit heures debout ! »

Fer de lance de l’enquête citoyenne

Mme Guerassimova a été le fer de lance de l’enquête citoyenne sur les événements du 2 mai 2014. Lors de cette journée tragique, tache sombre de l’histoire récente d’Odessa, 42 séparatistes prorusses sont morts, brûlés dans l’incendie de leur quartier général, la Maison des syndicats. Les conclusions du groupe d’experts réunis par Tatiana Guerassimova lui ont valu le respect des deux camps, renvoyés dos à dos pour leurs responsabilités partagées dans ce drame.

Le 13 mars, au tribunal d’Odessa, le maire, Guennadi Troukhanov, en discussion avec l'un de ses avocats avant l'ouverture de son procés pour détournement de fonds publics.
Le 13 mars, au tribunal d’Odessa, le maire, Guennadi Troukhanov, en discussion avec l’un de ses avocats avant l’ouverture de son procés pour détournement de fonds publics. GUILLAUME HERBAUT POUR LE MONDE

Depuis, la militante s’est donné pour mission de surveiller le déroulement du procès pour détournement de fonds publics de Guennadi Troukhanov, maire d’Odessa depuis 2014 et réélu en 2015. Avec l’accélération du rythme des audiences, désormais quotidiennes, c’est devenu un travail à plein temps. « C’est du jamais vu, commente Tatiana Guerassimova. Notre crainte est que l’équipe du maire ait décidé d’en finir au plus vite avec ces juges qu’elle contrôle pour clore le procès avant la création, à Kiev, du Tribunal spécial anticorruption. »

Les déboires de M. Troukhanov, 54 ans, sont scrutés au-delà de la métropole du sud de l’Ukraine. Ce maître incontesté d’Odessa est en effet l’un des alliés du président Petro Porochenko, lequel brigue un deuxième mandat lors de l’élection prévue le 31 mars. Pour le camp réformateur, l’homme est surtout emblématique de l’échec du président Porochenko à briser le système oligarchique corrompu qui prévaut dans le pays.

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