« Uber touché au cœur de son modèle économique »

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La Californie devrait obliger la plate-forme à requalifier en salariés ses chauffeurs. L’enjeu de la protection du travail flexible permettra le développement de l’économie numérique, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 12h30 Temps de Lecture 2 min.

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Des chauffeurs d’Uber manifestent devant le le siège social de la plate-forme à San Francisco, en Californie, le  27 août 2019.
Des chauffeurs d’Uber manifestent devant le le siège social de la plate-forme à San Francisco, en Californie, le  27 août 2019. JUSTIN SULLIVAN / AFP

Pertes & profits. Elles sont toutes deux nées dans les rues de San Francisco avant de partir à la conquête du monde. Uber, créée en 2009, est aujourd’hui présente dans presque 800 villes dans le monde, avec près de 3 millions de chauffeurs. Lyft, lancée en 2012, opère dans des centaines de villes aux Etats-Unis. Pour imposer leur modèle de taxis alternatifs accessibles par smartphone, elles ont bataillé partout contre les acteurs en place et les autorités de tous bords. Mais c’est finalement de chez elles qu’est venu le coup le plus sévère. L’Assemblée puis le Sénat de l’Etat de Californie ont adopté la législation la plus sévère au monde les concernant. Elle devrait les obliger à requalifier en salariés la majorité de leurs chauffeurs, afin de leur donner droit à un salaire minimum, au chômage et à une couverture santé. Le texte, voté à une large majorité, mardi 10 septembre, est supposé s’appliquer au 1er janvier 2020.

Uber, Lyft et quelques autres n’ont pas encore rendu totalement les armes. Elles tentent de négocier une exemption à cette loi qui concerne le million de travailleurs indépendants qui œuvrent en Californie, coursiers, travailleurs domestiques, dans la construction et autres services. Elles envisagent même l’appel à un référendum pour rejeter cette loi.

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« Il n’y a rien d’innovant à sous-payer quelqu’un »

Elles déploient une énergie considérable car ce texte, ainsi que tous ceux en préparation dans de nombreux Etats américains, menace le cœur de leur modèle économique. Alors que ces entreprises perdent encore des sommes considérables, plus de 5 milliards de dollars (454 milliards d’euros) pour Uber au deuxième trimestre 2019, la requalification généralisée de ses chauffeurs pourrait augmenter ses coûts de 20 % à 30 %, selon les estimations qui circulent.

C’est la raison pour laquelle elles ont négocié, sans succès, pendant un an avec les autorités et les syndicats, proposant un statut intermédiaire entre celui de salarié et d’indépendant, permettant d’accéder au chômage et à un salaire minimum, au travers de négociations de branche.

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L’histoire n’est pas finie. L’économie numérique tout entière a cru pouvoir prospérer sur le concept de la flexibilité du travail librement choisie par les employés qui utiliseraient ces jobs comme des compléments à une activité principale. La réalité est tout autre. En Californie et dans tous les pays développés s’est établie une forme de sous-prolétariat survivant exclusivement de ces expédients. « Il n’y a rien d’innovant à sous-payer quelqu’un », a rappelé la sénatrice démocrate Maria Elena Durazo. Mais l’innovation doit aussi faire son chemin dans le droit du travail, largement conçu à l’ère des grandes organisations industrielles. L’enjeu de la protection efficace du travail flexible sera la clé du développement futur de l’économie numérique.

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