Tursunay Ziavdun, Ouïgoure, internée pendant onze mois

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Une Ouïgoure raconte l’enfer vécu dans le camp où elle était enfermée pour avoir « séjourné à l’étranger ».

Par Publié aujourd’hui à 19h05, mis à jour à 19h08

Temps de Lecture 5 min.

Tursunay Sziavdun, ouïgoure, ancienne détenue, installée aujourd’hui au Kazakhstan
Tursunay Sziavdun, ouïgoure, ancienne détenue, installée aujourd’hui au Kazakhstan DOCUMENT LE MONDE

Tursunay Ziavdun est une Ouïgoure d’une quarantaine d’années, qui a passé onze mois dans un « centre d’éducation et de formation » chinois, à Künes (Xinyuan en chinois), dans l’ouest du Xinjiang. Elle fait partie des détenus libérés car ils avaient de la famille à l’étranger – dans son cas, au Kazakhstan, où vivait son mari, chinois d’ethnie kazakhe. C’est d’Almaty, au Kazakhstan, qu’elle s’est confiée au Monde lors de deux longs entretiens vidéo, mi-novembre.

Son parcours illustre le mélange souvent surréaliste d’arbitraire, de mensonge et d’intimidation qui a accompagné la politique d’internement en masse des Ouïgours et des Kazakhs. En 2016, Tursunay et son mari, installés depuis plusieurs années au Kazakhstan, décident de rentrer en Chine, car elle n’a pu obtenir la nationalité du Kazakhstan, et son visa expire. Ils ne se doutent de rien. Tursunay s’étonne toutefois qu’en Chine sa famille au téléphone « ne semblait pas se réjouir que je rentre ».

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Le couple, qui a dû rendre ses passeports chinois en arrivant en Chine – les passeports des Ouïgours sont systématiquement confisqués –, s’installe à Ghulja, la grande ville de l’ouest du Xinjiang. Au bout de quelques mois, Tursunay reçoit un appel lui demandant de participer à une « réunion » dans sa ville d’origine, Künes. Sur place, elle est emmenée par la police dans une ancienne école professionnelle technique de la ville. Elle apprend qu’elle doit y passer la nuit… et y restera vingt jours.

« On pouvait garder nos propres téléphones. On était une quinzaine par chambre, mais les portes n’étaient pas fermées à clé. Les conditions n’étaient pas trop dures », explique-t-elle. Ayant subi peu de temps avant une opération, elle doit être hospitalisée. L’hôpital la renvoie en centre, mais son mari, médecin, parvient toutefois à la faire sortir le jour même, pour des raisons de santé, en mai 2017.

Une vie dans la terreur

Le couple reprend sa vie à Ghulja. Son mari récupère son passeport et est autorisé à retourner au Kazakhstan, à condition que sa femme se porte garante de lui et qu’il revienne dans deux mois. Le couple estime que c’est la meilleure solution : « Si on restait en Chine, on allait se faire arrêter tous les deux, explique Tursunay. Je suis allée à Künes avec lui, j’ai signé. Il est parti au Kazakhstan. Je suis retournée à Ghulja. »

C’est à cette époque, raconte-elle, que les gens ont commencé à vivre dans la terreur des arrestations. « La seule chose qu’on disait quand on croisait une connaissance dans la rue, c’était : “Ah, tu es encore là !” Dans toutes les familles, il y avait quelqu’un d’arrêté. Et parfois, c’était des familles entières. » Les deux frères de Tursunay sont arrêtés l’un après l’autre, en février 2018 – pour avoir passé des appels téléphoniques à l’étranger.

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