Trump, les armes et le terrorisme d’extrême droite

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Editorial. Le président des Etats-Unis ne peut être tenu pour directement responsable des deux tueries qui ont fait 29 morts samedi 3 août, mais, en campagne pour sa réélection, il tient un discours qui attise les haines.

Publié aujourd’hui à 10h38 Temps de Lecture 2 min.

Rassemblement à El Paso, au Texas, le 4 août 2019.
Rassemblement à El Paso, au Texas, le 4 août 2019. MARIO TAMA / AFP

Editorial du « Monde ». « La haine n’a pas de place dans notre pays » : on aimerait croire Donald Trump, à l’issue d’un week-end épouvantable, dans un pays qui a connu deux nouveaux massacres, faisant 29 morts, l’un dans un supermarché d’El Paso, à la frontière mexicaine, le second dans un bar de l’Ohio. La réalité, hélas, est inverse. La haine s’installe aux Etats-Unis, victimes d’attentats commis par des jeunes hommes blancs d’extrême droite. L’auteur présumé de la tuerie d’El Paso a rendu hommage au tueur de Christchurch (Nouvelle-Zélande), qui a assassiné froidement 51 personnes dans deux mosquées, le 15 mars. Ce « fait d’armes » est au firmament des suprémacistes blancs de la planète avec Anders Breivik, auteur d’un massacre en Norvège en 2011.

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Il ne faut pas se leurrer, les Etats-Unis sont victimes d’un terrorisme d’extrême droite destructeur. On se réjouira que le FBI l’ait reconnu, en qualifiant les faits comme tels. On saluera la réaction admirable des habitants d’El Paso, ville-frontière à majorité hispanique, qui veulent répondre à la haine par l’amour, ou, si ce mot fait peur, par la fraternité et le vivre-ensemble. Et l’on s’arrêtera là. On ne tombera pas dans le leurre de ceux qui estimeront que justice aura été rendue lorsque l’auteur des faits aura été condamné à mort (on peut compter, à ce propos, sur la funeste diligence de l’Etat du Texas).

Le terreau et l’outil

Il faut revenir aux sources de ce terrorisme, qui prospère, car il jouit d’un terreau favorable et d’un outil. Le terreau, c’est le trumpisme, l’outil, la législation sur les armes. Bien sûr, on se gardera d’accuser le président des Etats-Unis d’être directement responsable du massacre, mais, à seize mois de la prochaine présidentielle, M. Trump est entré dans des surenchères droitières qui confinent parfois au fascisme, surtout lorsqu’on voit la manière dont il excite les haines de ses partisans les plus extrêmes.

Des femmes élues au Congrès d’origine émigrées invitées à être renvoyées dans leur pays ; un sourire quand un militant républicain zélé suggère de renvoyer les clandestins en leur tirant dessus ; la ville noire de Baltimore infestée de « rats », vocabulaire digne des années 1930 : le président des Etats-Unis est devenu la caution morale de dérives inacceptables. Si M. Trump poursuit sa tactique, celle qui consiste à estimer qu’il ne peut gagner une élection que par la surenchère, le climat aux Etats-Unis va devenir irrespirable au cours des prochains mois.

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Le second axe concerne la législation sur les armes. On peut effectivement parler d’« épidémie », comme le fait la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le pays est malade de son deuxième amendement et de la National Rifle Association, le lobby des armes, qui défait aux primaires tous les candidats républicains qui ne lui sont pas favorables. Chacun y est allé, ce week-end, de sa condamnation, les médias américains tournent en boucle, mais le mal est profond, la rémission illusoire, même si l’on voudrait y croire.

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Qu’on s’en souvienne : il n’y a pas eu de renforcement fédéral de la législation après le massacre dans l’école de Parkland (Floride), qui fit 17 morts en février 2018. Et, pourtant, les lycéens issus de milieux favorisés se sont mobilisés, en pleine campagne pour les midterms. Hélas, les morts d’El Paso n’auront sans doute pas un bloc politique uni pour les défendre. Comme pour la peine de mort, la solution ne sera probablement pas globale, mais passera par un resserrement, Etat par Etat, ville par ville, des conditions d’accès. Face à ces drames, qui se répètent de façon lancinante, il n’est pas possible de baisser les bras.

Le Monde

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