trois quarts des ambassadeurs sont des hommes

0
210

[ad_1]

Jusqu’au début des années 2000, l’ambassadrice était la femme de l’ambassadeur, et les (rares) femmes à ce poste étaient appelées Madame l’ambassadeur. L’appellation officielle d’ambassadrice pour désigner une chef de mission à l’étranger date de 2002.

Où en est-on aujourd’hui alors que l’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée par Emmanuel Macron comme une grande cause de son quinquennat et que la France s’est engagée en faveur d’une « diplomatie féministe », un concept venu de Suède et qui vise à promouvoir la place des femmes dans la politique étrangère ?

« Dans les cinq dernières années, le nombre de femmes ambassadrices a été doublé »

C’est « une diplomatie concrète qui ne se contente pas de discours, elle agit et produit des effets pour soutenir les femmes, toutes les femmes », affirmaient le 8 mars, dans une tribune conjointe, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa. « Dans les cinq dernières années, le nombre de femmes ambassadrices a été doublé », s’enthousiasment les deux ministres. Il faut dire que la France partait de loin puisque, même en doublant les effectifs, les femmes ne représentent qu’un quart des troupes. En janvier, le réseau diplomatique français comptait 179 ambassadeurs et 89 consuls et consuls généraux. Parmi eux, respectivement 25,7 % et 23,6 % de femmes. A titre de comparaison, la Suède est autour de 40 %.

Selon une analyse des données issues de la liste des ambassadeurs en poste, par Tim Laurence, étudiant-chercheur à Science Po, l’ambassadeur type est « un homme prénommé Philippe, né en 1961, à Paris ou dans les Hauts-de-Seine, et étant passé par Sciences Po Paris ou l’ENA ».

Lire aussi Des cabinets majoritairement masculins dans le gouvernement Philippe

Postes de seconde zone

Non seulement les ambassadrices restent minoritaires en dépit de la loi Sauvadet, qui depuis 2012 impose des quotas progressifs pour les femmes dans la fonction publique. Mais, quand elles accèdent à un tel poste, elles sont le plus souvent cantonnées dans les ambassades de moindre importance : les anciens satellites du bloc soviétique, les îles des confins du monde, les micro-Etats…

La première ambassadrice française a été nommée en 1972, pour représenter le pays au Panama. Puis, dans les années 1980 et 1990, d’autres femmes ont occupé des postes multiples auprès de petits Etats, dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Afrique australe.

Les postes considérés comme les plus prestigieux sont rarement confiés aux femmes

« Les petits Etats ont toujours été et demeurent davantage susceptibles d’accueillir des femmes diplomates, notait, en 2003, l’historien Yves Denéchère, dans son articleLa place et le rôle des femmes dans la politique étrangère de la France contemporaine”. Le Quai d’Orsay n’a-t-il pas cantonné les femmes dans des représentations difficiles et de moindre importance ou dans celles qui nécessitaient des compétences linguistiques très particulières ? » Londres, Rome, Washington, Pékin… les postes considérés comme les plus prestigieux sont rarement confiés aux femmes. Sur les cinq pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), seule la Russie voit la France représentée par une femme.

Ambassadeur, un emploi à temps plein

Des expérimentations sont actuellement tentées : en 2018, l’ambassadrice Corinne Meunier et l’ambassadeur Philippe Meunier, époux, ont été accrédités conjointement auprès de la République de Croatie. Ils occuperont le poste en alternance. Une expérience, explique-t-on au ministère, ayant pour objectif de lever les obstacles que rencontrent les couples diplomates pour concilier vie professionnelle et personnelle, et de favoriser l’accession des femmes à ce poste.

« Les personnes en charge de [la parité] sont trop peu nombreuses au Quai d’Orsay »

Mais la question de la diversité passe aussi par les moyens qui y sont affectés. Dans leur rapport d’information à l’Assemblée nationale, les députées Mireille Clapot (LRM) et Laurence Dumont (PS) soulignaient que « les personnes en charge de ces questions sont trop peu nombreuses au Quai d’Orsay compte tenu de l’ampleur des enjeux » : 1,5 équivalent temps plein est consacré uniquement à cette question de la parité dans la représentation française.

Kareen Rispal, ambassadrice de France au Canada, confiait sur son blog que, malgré un taux de féminisation de 66,6 % au niveau d’encadrement supérieur du Quai, les habitudes étaient bien ancrées et que l’adoption, en 2016, de la charte fixant des limites à la journée de travail avait provoqué une véritable « vague d’angoisse ».

Historiquement, le Quai d’Orsay a longtemps réservé un accueil difficile aux femmes. Suzanne Borel, la première femme admise au concours, en 1929, ne pourra embrasser une véritable carrière consulaire comme ses collègues masculins, rappelle Yves Denéchère. « Ceux-ci ont du reste exercé un recours devant le conseil d’Etat, et le ministère des affaires étrangères ne recrutera plus aucune femme diplomate jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. »

Lire aussi Bercy, une administration qui peine à respecter la parité

Mathilde Damgé

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: