« Tout ce qu’ils veulent, c’est gagner du temps pour garder la main sur la suite »

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La perplexité domine dans les rues de la capitale algérienne après l’annonce du départ du président Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril.

Par Zahra Chenaoui Publié aujourd’hui à 11h44, mis à jour à 11h44

Temps de Lecture 2 min.

Manifestation dans le centre d’Alger, le 29 mars 2019.
Manifestation dans le centre d’Alger, le 29 mars 2019. Ramzi Boudina / REUTERS

« C’est bien, il fallait calmer les choses. » Meriem, 36 ans, a accueilli avec le sourire l’annonce du départ président algérien Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril. Saïd, son mari, n’est pas d’accord. « Ils ont compris qu’ils s’étaient trompés et ils essaient de rattraper les choses, dit-il. Tout ce qu’ils veulent, c’est gagner du temps pour garder la main sur la suite. Mais ça ne va rien changer pour nous. »

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Dans la soirée du lundi 1er avril, les rues d’Alger, sous la pluie, étaient très calmes et les habitants perplexes. « Démissionner ? Ça fait six ans qu’il aurait dû le faire ! Est-ce que c’est normal qu’ils mettent un cadre [une photo encadrée se substitue au président Bouteflika lors des cérémonies officielles] à sa place, parce qu’il est trop malade ? Ils se moquent de 40 millions d’Algériens, ça ne se fait pas, on n’est pas des enfants ! » Mohamed est très remonté : « Moi, je suis né sous Liamine Zeroual [l’ancien président en poste de 1995 à 1999]. Et ensuite, je n’ai connu que Bouteflika, Bouteflika, Bouteflika et Bouteflika. »

« C’est un premier pas, mais c’est brouillon. Ils bafouent une fois encore la Constitution », enchaîne Toufik, ingénieur. Les deux hommes partagent une même crainte, celle de voir les autorités ne pas répondre assez vite aux demandes du peuple. Mohamed s’inquiète : « Silmiya, Silmiya [« Pacifique, pacifique », le slogan répété lors des manifestations], mais au bout d’un moment, les gens vont s’énerver. »

Rumeurs diffusées

Plus tôt dans la journée, le parquet d’Alger avait annoncé l’ouverture d’enquêtes préliminaires pour « corruption » et « transfert illicite de capitaux vers l’étranger », confirmant une « interdiction de sortie du territoire national » pour « certaines personnes », dont l’homme d’affaires Mohamed Bairi. « La déclaration est étonnante. Le parquet, habituellement, c’est la deuxième grande muette », sourit un avocat.

Parallèlement, le chef d’entreprise Ali Haddad, ancien patron de la principale organisation patronale et proche de Saïd Bouteflika, le frère du chef de l’Etat, a été présenté lundi devant un juge. Il avait été arrêté la veille à la frontière de la Tunisie. La justice lui reproche d’avoir été en possession de 5 000 euros en liquide sans les avoir déclarés. « Ce n’est pas un délit, 5 000 euros », souligne un jeune homme. « Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Pourquoi une telle violence contre les hommes d’affaires, si ce n’est pas pour s’attaquer à Saïd Bouteflika ? Et pourquoi s’attaquer à lui si, en parallèle, on annonce une démission ? Ce soir, on a plus de questions que de réponses », estime Abdelhafidh, commerçant.

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Certains s’inquiètent aussi des rumeurs diffusées à tout bout de champ par des télévisions privées. Ils y voient l’indice d’une lutte de clans au sommet de l’Etat se déchaînant par médias interposés. Samedi soir, la chaîne de télévision privée Echourouk avait affirmé que la gendarmerie avait été déployée dans le centre de la capitale. Les gens s’étaient précipités à leur balcon mais n’avaient rien noté d’anormal. Que cache ce type d’informations erronées ?

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Depuis le 22 février, le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant l’élection présidentielle prévue le 18 avril.

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Zahra Chenaoui (Alger, correspondance)

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