« Tous ceux qui se disent “antisionistes” ne sont pas antijuifs, mais beaucoup le sont »

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Projet d’éradication de l’Etat d’Israël, l’antisionisme radical ou absolu est la plus récente forme historique de l’« antisémitisme », estime le sociologue et politologue dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 05h00, mis à jour à 05h00 Temps de Lecture 5 min.

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Rassemblement contre l'antisémitisme, place de la République, à Paris, mardi 19 février 2019.
Rassemblement contre l’antisémitisme, place de la République, à Paris, mardi 19 février 2019. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH POLITICS POUR LE MONDE

Tribune. S’engager dans la tentative de définir « l’antisionisme », c’est pénétrer dans une zone d’ambiguïtés, de malentendus et de manipulations rhétoriques, liés à des conflits de divers ordres. Un différend surgit entre deux camps, celui de l’antisionisme revendiqué et celui de l’antisionisme dénoncé. Soit, d’une part, ceux qui s’assument en tant qu’antisionistes et postulent que l’antisionisme, en tant que rejet du sionisme, est légitime et respectable et qu’en conséquence il n’a rien à voir avec l’antisémitisme ; et, d’autre part, ceux qui considèrent que l’antisionisme représente la dernière forme historique de l’antisémitisme.

Pour simplifier et clarifier la question, distinguons les quatre significations principales du mot « antisionisme » qui, dans les controverses, interfèrent et se chevauchent souvent, engendrant des dialogues de sourds.

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Le rejet de l’idée sioniste, c’est-à-dire du mouvement de libération nationale du peuple juif, est apparu, à la fin XIXe siècle, en même temps que ce dernier, qui, présupposant l’existence d’un peuple juif, visait à en normaliser l’existence en créant un Etat pour les juifs. Ceux qui, parmi les juifs, se montrèrent hostiles au projet sioniste furent les partisans de l’assimilation, du communisme ou du nationalisme culturel (les bundistes), sans parler de certains groupes de juifs religieux orthodoxes. Après la Shoah, puis la création d’Israël, en mai 1948, l’antisionisme a changé de sens : ce n’était plus un projet politique qui était rejeté, mais soit telle ou telle politique israélienne, soit l’existence même de l’Etat d’Israël.

Une fois l’Etat d’Israël créé, on a pris l’habitude de qualifier d’« antisioniste » la critique de la politique israélienne en tel ou tel de ses aspects et dans une conjoncture déterminée. Il n’y a rien là qui soit judéophobe ou « antisémite », du moins tant qu’on ne fait pas intervenir d’autres critères. Qualifier d’« antisioniste » cette critique d’ordre politique, que ce soit pour la justifier ou la récuser, relève de la catégorisation abusive. Nul ne qualifie d’« antifrançaise » la simple critique de la politique d’un gouvernement français.

Prophétie menaçante

La dénonciation du « sionisme mondial » prend souvent une forme complotiste et recycle les stéréotypes associés à la figure mythique du « juif international » ou à celle des « sages de Sion ». Le mythe antijuif par excellence, celui du « complot juif international », s’est métamorphosé en « complot sioniste mondial ». Nous sommes ici devant un récit mythologique construisant l’ennemi absolu : « le sioniste », figure diabolisée. Il s’ensuit que cet « antisionisme » n’a rien à voir avec le sionisme réel, phénomène historique, ni avec l’Etat-nation qu’est Israël.

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