« Terre d’émigration au profit de l’Europe de l’Ouest, l’Europe postcommuniste est aujourd’hui un puissant pôle de recrutement de l’immigration hors UE »

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Chronique. Qui se souvient de la terrible fracture Est-Ouest qui a déchiré l’Europe sur la question de l’accueil des réfugiés du Moyen-Orient en 2015 ? Très vite, le débat s’est déplacé de la question des réfugiés à celle des migrants. Monté en première ligne, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a assis sa doctrine sur la dynamique du refus : « Aucun document ne dispose que pour rejoindre l’Union européenne il faut être un pays d’immigration, proclamait-il dans un discours le 16 juin 2018. Nous tolérons le fait que certains Etats membres dans la zone Schengen admettent des migrants. Eux-mêmes doivent donc tolérer le fait que nous n’en voulons pas. »

Sauf que… au même moment, ses services distribuaient des permis de travail à plus de 30 000 migrants, soit plus du double de l’année précédente, selon des chiffres récents d’Eurostat. Ceux-là, certes, venaient principalement d’Ukraine, de Chine et de Serbie, plutôt que du Moyen-Orient, mais déjà, la Hongrie, contrairement à sa posture officielle, acceptait de faire appel à l’immigration pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre.

C’est une version inattendue des vases communicants. Terre d’émigration au profit de l’Europe de l’Ouest, l’Europe postcommuniste est aujourd’hui un puissant pôle de recrutement de l’immigration hors UE. Le plus grand bénéficiaire en est l’Ukraine, mais, sans le crier sur les toits, l’Europe centrale entrouvre ses portes aux travailleurs d’Asie, y compris de pays musulmans. Et cette évolution des flux migratoires non seulement modifie la physionomie des pays d’accueil, mais elle alimente aussi de nouvelles revendications de la « jeune Europe » à l’égard de la « vieille ».

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Nulle part cette transformation est aussi spectaculaire qu’en Pologne, en dépit de la rhétorique du parti nationaliste au pouvoir. La tendance remonte à 2014, lorsque, en pleine croissance économique, le marché du travail intérieur souffre du double effet négatif de la baisse démographique et de la forte émigration, qui a vu partir 2,5 millions de Polonais (sur 38 millions) vers le reste de l’UE. La même année, l’agression russe et la guerre dans le Donbass incitent les Ukrainiens à émigrer à leur tour : leurs voisins polonais leur ouvrent les bras, en même temps qu’aux Biélorusses, Russes, Moldaves, Arméniens et Géorgiens.

Mais le moteur économique de la Pologne s’accélère et en 2017, nous explique Andrzej Kubisiak, de l’Institut polonais d’économie, lorsque le taux de croissance atteint 5 %, les voisins de l’est ne suffisent plus, d’autant plus que le secteur de la construction, gros consommateur de main-d’œuvre, utilise des techniques modernes que les ouvriers ukrainiens ne connaissent pas. La Pologne commence donc à faire appel à des travailleurs du Bangladesh et du Népal formés sur les chantiers du Golfe, pour des contrats de travail courts.

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