tensions au sein de l’armée

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La garde d’honneur de l’armée turque  lors d’une cérémonie au mausolée de Mustafa Kemal Ataturk, à Ankara le 19 mai.
La garde d’honneur de l’armée turque  lors d’une cérémonie au mausolée de Mustafa Kemal Ataturk, à Ankara le 19 mai. Burhan Ozbilici / AP

La rétrogradation, puis la démission du contre-amiral Cihat Yayci, connu pour avoir été l’architecte de l’engagement militaire d’Ankara en Libye, ont créé une onde de choc en Turquie, où les rapports entre l’armée et le pouvoir civil ont connu de nombreux revirements ces dernières années. Populaire au sein des cercles nationalistes, Cihat Yayci, 54 ans, occupait depuis 2017 le poste de chef d’état-major de la marine turque. Jusqu’ici, sa carrière semblait en pleine ascension. Le décret présidentiel signé vendredi 15 mai à 3 heures du matin, juste après la prière de la nuit, a mis fin à ses espoirs de carrière. D’un trait de plume, le président turc Recep Tayyip Erdogan l’a démis de sa fonction de chef d’état-major de la marine pour le verser à l’état-major général, sans plus de précisions sur les fonctions qu’il était censé y exercer.

S’estimant injustement sanctionné, M. Yayci a démissionné trois jours plus tard. Dans sa lettre de démission, rendue publique le 18 mai, il explique qu’il lui est impossible d’accepter sa nouvelle nomination, évoque « des mensonges et des calomnies » et conclut à « un complot » ourdi contre sa personne.

Cette allusion au « complot » est d’autant plus troublante que le contre-amiral était de ceux qui se sont rangés aux côtés du président Erdogan lors du coup d’Etat manqué de juillet 2016, dont la paternité a été attribuée au prédicateur Fethullah Gülen, un ancien allié du numéro un turc, devenu depuis sa bête noire. Fervent partisan de M. Erdogan, ennemi juré de Gülen, M. Yayci avait d’ailleurs développé une technique particulière pour identifier les prétendus adeptes de l’imam dans l’armée. Grâce à ce système appelé « FETÖmètre » (le terme FETÖ désignant les « gülenistes terroristes »), des dizaines de milliers de militaires ont été limogés et jetés en prison en raison de leur implication présumée dans le putsch raté de 2016.

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Avant tout, le contre-amiral s’est illustré en tant qu’architecte du pacte de démarcation maritime que le président turc a signé le 27 novembre 2019 avec Faïez Sarraj, le chef du gouvernement libyen reconnu par l’ONU. Controversé, le pacte assure à la Turquie l’accès à des zones économiques revendiquées par la Grèce et par Chypre dans l’est de la Méditerranée.

Vives critiques

La nouvelle de sa démission a fait l’effet d’une bombe, suscitant de vives critiques y compris dans la presse progouvernementale. Sur les réseaux sociaux, des fans du gouvernement islamo-conservateur sont allés jusqu’à appeler le numéro un turc à revenir sur sa décision. La sanction est d’autant plus surprenante qu’elle survient à un moment où l’engagement militaire d’Ankara en Libye semble porter ses fruits, les drones turcs ayant infligé récemment de sérieux revers au maréchal dissident Haftar, le protégé de Moscou dans le conflit libyen.

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