Témoignage : Donner un enfant à ce qui ne peuvent pas, c’était mon destin

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Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour aider votre prochain? Marie, une enseignante de 39 ans, a redéfini sa conception de l’altruisme au point de porter les enfants de parfaits inconnus à deux reprises. Elle s’estime choyée d’avoir contribué au bonheur de ces couples accablés par l’infertilité.

«Voir des couples incapables de concevoir des enfants pour des raisons médicales est pour moi une injustice. J’ai eu le bonheur d’être en santé et fertile. Pourquoi ne pas en faire profiter d’autres si la science le permet?», s’interroge marie.

En 2009, cette résidente américaine d’origine et mère de deux jeunes filles s’est lancée dans un projet pour le moins insolite: devenir mère porteuse.

«J’étais à une période de ma vie où j’étais ambivalente à l’idée d’avoir un troisième enfant. Je sentais que ma famille était complète, mais j’avais le goût de revivre la grossesse. Une collègue m’a lancé l’idée à la blague!» Loufoque au départ, la suggestion a lentement germé dans son esprit.

Marie a lu tout ce qu’elle pouvait trouver sur le sujet. «Ma crainte principale était de m’attacher au bébé, mais plus j’en apprenais sur la maternité par substitution, plus mon cœur me dictait que c’était la voie à suivre.»

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Avec l’appui de ses proches

Bien que perplexe au départ, son conjoint de l’époque l’a soutenue dans son choix.

«Nous nous sommes toujours épaulés dans nos projets.» Si aujourd’hui ils ne sont plus ensemble, la femme assure que son expérience n’est pas à l’origine de leur séparation. Sa famille s’est aussi montrée solidaire.

Marie a contacté une agence aux Etats-Unis de consultants en fertilité. Cette compagnie a pour mission de jumeler les mères potentielles avec les couples infertiles, aux frais de ces derniers. L’agence lui a fait remplir un long questionnaire sur son état de santé, son historique de grossesse, mais aussi sur ses motivations et le type de couples qu’elle recherchait.

«S’il n’y a pas d’affinités au départ, ce sera pire pendant la grossesse, d’où l’importance d’avoir des attentes compatibles.»

Quelques jours plus tard, on lui a présenté le profil de Sylvie et de Guy, un couple infertile de Montréal qui essayait d’avoir un enfant depuis 12 ans, en vain. Les deux femmes se sont rencontrées et ont vite développé une belle complicité.

Les deux parties ont convenu des modalités entourant la grossesse, contrat à l’appui. Si le transfert d’ovules a eu lieu à Montréal, l’accouchement allait se dérouler en Ontario, essentiellement pour des raisons légales.

Le Code civil québécois ne reconnaît pas la validité des contrats de la gestation pour autrui. Si un enfant naît d’une mère porteuse au Québec, ses parents biologiques doivent faire une demande d’adoption.

«Le contrat reconnaissait qu’il s’agissait de mon corps et de ma grossesse. En contrepartie, je m’engageais à suivre les recommandations du médecin et à me maintenir en bonne santé. Dans toute l’aventure, je ne me suis jamais sentie brimée», insiste Marie qui a dû consommer plusieurs centaines de comprimés d’œstrogène et s’injecter des dizaines de doses de progestérone pendant le processus.

Marie assure que, conformément à la loi, elle n’a pas été rémunérée pour ses deux grossesses. Ses dépenses reliées à la gestation, comme les frais médicaux, les vêtements, les vitamines ou les frais de déplacement et d’hébergement à Montréal, ont été remboursées, selon ce qui est permis. «Ce n’est pas une question d’argent. En tant qu’enseignante dans le réseau public ontarien, je gagne très bien ma vie.» Aussi, Marie précise que le couple était issu de la classe moyenne, tout comme elle.

Un travail d’équipe

Le transfert d’ovules en janvier 2010 s’est avéré concluant: Marie est vite tombée enceinte, non pas d’un bébé, mais de jumeaux! Tout au long de sa grossesse, elle a maintenu un dialogue constant avec Sylvie et Guy. «Une relation très spéciale s’est développée avec Sylvie. Si je portais son enfant, elle devait se préparer à la maternité.»

Aussi, Marie a dû trouver les mots justes pour expliquer la situation à ses filles, respectivement âgées de 4 ans et de 2 ans et demi à l’époque. «J’ai expliqué qu’un couple ne pouvait pas avoir de bébé parce que le ventre de la madame était brisé et que maman allait faire pousser la graine de bébé dans son ventre pour les aider.»

L’accouchement a été déclenché après 36 semaines de grossesse, car l’un des garçons ne grandissait pas assez vite. Marie a donné naissance à deux bébés en excellente santé, en présence de Guy et Sylvie. «Pour eux, c’était la fin d’une longue angoisse.»

Contrairement à ses craintes, Marie n’a pas senti de déchirement au moment de voir les jumeaux partir auprès de leurs parents biologiques. «Les bébés étaient en sécurité et entourés d’amour. C’était suffisant. Les gens me demandent comment ai-je pu donner ces bébés, mais ils n’ont aucun lien biologique avec moi. Ce n’est pas comme une femme qui place son enfant en adoption et qui risque de le regretter.»

Prête pour une seconde fois

Marie est retournée à sa vie normale 48 heures après l’accouchement. Elle a profité de ses dernières semaines de congé de maternité – on lui avait accordé 4 mois – pour rédiger un livre où elle relate son expérience, Aventures au pays des cigognes.

En février 2011, un couple de Montréalais dans la trentaine, Natasha et Stéphane, l’a abordée par courriel. La femme n’était plus en mesure de porter d’autres enfants depuis l’accouchement de leur fils unique, alors âgé de 3 ans. En revanche, ils avaient congelé plusieurs embryons et recherchaient une mère porteuse. «Leur histoire m’a interpellée. Donner un petit frère ou une petite sœur à leur fils me semblait être une excellente motivation pour accepter.» Cette fois-ci, Marie avançait en terrain connu. Elle a repris le gabarit du contrat précédent pour rédiger une nouvelle entente.

Après une première tentative infructueuse, elle est tombée enceinte en septembre 2011. Hormis un peu de diabète gestationnel, la grossesse s’est bien déroulée. À 38 semaines, elle a donné naissance à une fille pleine de santé devant Natasha et Stéphane. «Ce fut un moment très émotif. Ils pleuraient de joie. Quand la petite est sortie, sa mère l’a prise dans ses bras. Elle leur a souri aussitôt. C’était une fille adorable.»

Les enfants sont au courant

L’enseignante de 39 ans, qui vit désormais à Gatineau, assume parfaitement son geste avec le recul des années. «Au début, tu penses que tu fais un cadeau à ce couple en particulier, mais finalement tu te rends compte à quel point toute la famille et l’entourage attendaient l’enfant.»

Marie a maintenu le contact avec les deux couples et elle a rencontré à quelques reprises les trois enfants qui ont grandi dans son ventre. Ces derniers sont au courant de leurs origines. «Leurs parents leur ont raconté la même histoire que celle que j’ai dite à mes filles et ils ne semblent pas trop émerveillés. Si un jour ils souhaitent en savoir plus, je serai là.»

Présentement, ce sont ses propres filles, maintenant âgées de 11 et 12 ans et demi, qui réalisent à quel point l’expérience de leur mère a été exceptionnelle et hors-norme. «Elles me posent beaucoup de questions, mais elles comprennent pourquoi je l’ai fait. C’est une valeur que je veux leur transmettre. Dans la vie, quand on a beaucoup reçu, il faut savoir redonner.»

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