« Tel qu’il est, l’Iran est aussi notre création »

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Ce mélange de nationalisme, de messianisme révolutionnaire chiite, d’expansionnisme régional, de nostalgie impériale est l’héritage de l’histoire, auquel l’Occident a participé, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h45 Temps de Lecture 4 min.

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Célébrations du quarantième anniversaire de la République islamique, à Téhéran, le 11 février.
Célébrations du quarantième anniversaire de la République islamique, à Téhéran, le 11 février. Vahid Salemi / AP

Chronique. John Bolton, le conseiller de Donald Trump pour la sécurité, disait récemment que la République islamique d’Iran n’atteindrait pas les 40 ans. Elle y est et célèbre ces jours-ci cet anniversaire – même si c’est dans la peine et sur la défensive. L’avenir du régime issu de la révolution de 1979 n’a pas les couleurs d’une rose d’Ispahan, mais, quoi qu’en pense Bolton, ne paraît pas non plus menacé.

Née du renversement du chah Mohammad Reza Pahlavi – cette monarchie précaire s’effondre dans les journées des 9, 10 et 11 février 1979 –, la République islamique a déjà vécu nombre d’épreuves. Elle a connu la guerre et d’éternelles dissensions intérieures. Elle a écrasé ses opposants et continue, à intervalles réguliers, à être défiée dans la rue. Le mécontentement populaire n’est jamais loin. Elle a traversé embargos économiques et boycottages diplomatiques. Mais elle est toujours là. L’Iran de 2019 compte 82 millions d’habitants : plus de la moitié d’entre eux n’ont connu que la République islamique.

Missiles et milices

Elle a changé le pays et la face du Moyen-Orient. Dans une bataille où se mêlent nationalisme, volonté de puissance et querelle théologique, elle dispute à l’Arabie saoudite le droit à la prépondérance régionale. Elle n’entend renoncer ni à ses missiles balistiques ni à financer les milices armées qui assurent ses positions de force dans le monde arabe – en Irak, en Syrie, au Liban, notamment. Missiles et milices : la recette du pouvoir iranien à l’extérieur.

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A l’intérieur, le cocktail est plus complexe. Pilier du dispositif stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient, allié des Occidentaux face à l’URSS, le chah Pahlavi était un dictateur chez lui. Grisé par l’explosion du prix du pétrole, dont l’Iran est l’un des plus importants producteurs, le chah voulait faire de son pays « le Japon du Moyen-Orient ». En ces années 1970 naissantes, il souffrait d’un mélange d’hubris et de dépression et d’un début de cancer. Les Iraniens ne le suivaient pas de bon cœur dans la marche forcée à l’occidentalisation à laquelle il les vouait.

Acteur traditionnel de la vie politique du pays, le clergé chiite – le pays appartient à la branche minoritaire de l’islam – va cristalliser un large mouvement de protestation contre le régime du chah. Mais une fois celui-ci effondré, le parti des mollahs – et à sa tête la figure tutélaire de la révolution, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny – va éliminer par la terreur tous les autres acteurs de la révolution. S’installe un régime théocratique : le dernier mot appartient au Guide religieux – Khomeiny meurt en 1989 et, depuis, la fonction est assurée par Ali Khamenei. La charia assure le droit commun. Il y a des élections, un espace démocratique plus grand qu’ailleurs dans la région, même si les candidats à la présidence et au Parlement sont soigneusement « sélectionnés ». L’ensemble forme une complexe machinerie de pouvoirs et contre-pouvoirs, où l’opposition n’est tolérée qu’à l’intérieur du système : toute autre expression critique est farouchement réprimée.

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