Sur les traces des maîtres d’Hégra, perle du désert arabe

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Publié aujourd’hui à 14h58, mis à jour à 15h01

« On va faire une minute de silence. » La femme tout en dynamisme qui parle, Laïla Nehmé, directrice de recherche au CNRS, est de ces personnes déterminées qui emportent beaucoup sur leur passage. Alors, quand elle demande le silence à la petite troupe de journalistes conviés sur le site antique d’Hégra par l’Institut du monde arabe (IMA) à l’occasion de son exposition sur la région d’Al-Ula, tout le monde s’assied à même la roche et se tait.

Nous sommes dans le mahrameta, un lieu très particulier du site antique, un cirque naturel ceint de montagnes gréseuses qui, selon l’inclinaison des rayons du soleil, prennent des teintes jaunes, abricot, voire rougeâtres, comme partout à Hégra. L’endroit est presque clos. Partant du diwan – impressionnante salle taillée dans le rocher où, il y a deux mille ans, les membres d’une ou de plusieurs confréries religieuses se réunissaient –, seul un étroit défilé au sol recouvert de sable blond y conduit. Face à nous, une ouverture rectangulaire donne sur une citerne creusée dans la falaise. Lorsque se déclenchent les rares grosses pluies qui frappent en hiver cette région aride du nord-ouest de l’Arabie saoudite, deux canalisations elles aussi découpées dans le roc recueillent l’eau dégoulinant de la montagne, la déversent dans la citerne et peuvent la remplir en une poignée d’heures.

Vue du « diwan », une salle où se réunissaient les confréries religieuses, situé à l'entrée de l'étroit passage conduisant à des sanctuaires nabatéens.
Vue du « diwan », une salle où se réunissaient les confréries religieuses, situé à l’entrée de l’étroit passage conduisant à des sanctuaires nabatéens. HUBERT RAGUET

Atmosphère quasiment mystique

« On va faire une minute de silence », répète Laïla Nehmé, sur un ton volontaire qui ne souffre pas la contestation, à l’adresse des retardataires qui flânaient dans le défilé. Le silence se fait, pour qu’on l’écoute. Une brise infime entre dans nos oreilles, quelques mouches vrombissent, un oiseau s’envole quelque part au fond du cirque ; on ne bouge plus pour ne pas entendre ses vêtements se froisser ; on se retient de déglutir et presque de respirer ; on finit par percevoir l’atmosphère quasiment mystique du mahrameta, littéralement le « lieu sacré ». Le temps est comme suspendu.

Il faut le remonter par l’imagination pour comprendre Hégra et retourner au début de notre ère. Cela fait quelques décennies seulement que les Nabatéens s’y sont installés. Au départ, il s’agit d’un peuple de nomades. Au Ier siècle av. J.-C., l’historien grec Diodore de Sicile, se référant à des sources bien plus anciennes, écrit d’eux qu’« ils aiment passionnément la liberté » et qu’« ils ont pour coutume de ne pas semer de grains, de ne pas planter d’arbres fruitiers, de ne pas boire de vin et de ne pas construire de maisons ».

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