Sur le Web, les Chinois se rebiffent

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Un passager attend son vol à l’aéroport de Wuhan, dans la province du Hubei, le 23 mai.
Un passager attend son vol à l’aéroport de Wuhan, dans la province du Hubei, le 23 mai. HECTOR RETAMAL / AFP

Deux sujets sensibles – un local et un international – ont provoqué ces derniers jours de vives réactions des internautes chinois, obligeant les autorités à faire en partie marche arrière.

Le premier concerne la ville de Hangzhou. Siège du géant de l’e-commerce Alibaba, cette ville située à 180 km au sud-ouest de Shanghaï se veut à la pointe de la modernité. Un peu trop, parfois, semble-t-il. Vendredi 22 mai, la commission de la santé de la ville a présenté la mise en place d’une application destinée à « promouvoir une vie saine » en favorisant des « mesures préventives » pour favoriser la santé publique.

Il s’agissait de proposer aux habitants d’introduire dans leur smartphone leurs données médicales mais aussi des indications sur leur mode de vie : nombre d’heures de sommeil, de cigarettes fumées dans la journée, de verres d’alcools consommés… Grâce à toutes ces informations, une note est attribuée, accompagnée d’un dégradé de couleurs, du vert – tout va bien – au rouge – attention danger. Dans ce cas, il suffit d’appuyer sur une touche pour consulter un médecin ou un psychologue. Nec plus ultra, cette application permet également à un groupe – une entreprise, par exemple – de collecter les données de ses membres et d’établir des comparaisons.

Bien que locale, cette initiative intéresse largement : le hashtag « le code santé de Hangzhou va entrer en application » a été visualisé plus de 110 millions de fois sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. Or, l’immense majorité des réactions ont été négatives. Petit florilège : « Il faut aussi que je vous dise combien de fois je chie par jour ? », « Pourquoi mon entreprise devrait-elle être au courant de ma santé ? » « Je cherche un conjoint. Vais-je devoir lui montrer mon score ? », « Parmi vos idées lumineuses, envisagez-vous d’intégrer une puce dans notre corps ou de tatouer un code sur notre visage ? ». Convaincu qu’Alibaba est derrière tout cela, un internaute menace : « Si Alipay [le système de paiement d’Alibaba] fait cela, je me désabonne. »

Les réactions ont été telles que mardi 26 mai, la ville de Hangzhou a fait machine arrière. Un porte-parole de la commission de la santé de Hangzhou a expliqué qu’il ne s’agissait que d’une suggestion à laquelle il ne serait pas donné suite pour le moment.

Réduction drastique des vols vers la Chine

Alors que la Chine se vante d’avoir maîtrisé le Covid-19, un autre sujet agace les internautes : les très grandes difficultés qu’éprouvent les Chinois actuellement à l’étranger pour rentrer en Chine pour la simple raison que la CAAC, l’aviation civile, a réduit drastiquement tous les vols internationaux. Depuis la fin de mars, chaque compagnie aérienne chinoise n’est autorisée qu’à un vol par semaine et par pays et la quasi-totalité des compagnies aériennes étrangères ne peuvent plus effectuer leurs rotations.

Environ 350 millions de Chinois se sont intéressés à ce sujet sur les réseaux sociaux. Un thème d’autant plus sensible que 1,4 million d’étudiants chinois sont actuellement coincés à l’étranger. Des milliers d’internautes chinois se plaignent sur le site de la CAAC. Ils protestent contre l’absence de vols et les tarifs prohibitifs proposés par les compagnies. « Les autres Asiatiques peuvent rentrer chez eux, mais nous, on nous demande 60 000 yuans [environ 7 500 euros], trois fois plus que les Japonais », se plaint un touriste coincé au fin fond de l’Amérique latine.

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Non sans ironie, certains font même appel à Wu Jing, le réalisateur de Wolf Warrior 2. Ce film nationaliste, plus grand succès populaire du cinéma chinois, se termine en effet par une phrase culte : « Aux citoyens de la République populaire de Chine : si vous rencontrez des dangers à l’étranger, n’abandonnez pas ! Souvenez-vous que derrière vous se tient la puissance de votre mère patrie ! » Depuis avril, le site Internet de la star est submergé de réactions du type : « Eh, Wolf Warrior, peux-tu ramener les gens bloqués en Russie ? » Comme Wu Jing garde le silence, certains l’interpellent : « Plein de gens attendent ton aide. Les entends-tu ? »

La CAAC, elle, a laissé entendre qu’à partir du 1er juin le nombre de vols internationaux hebdomadaires pourrait passer de 134 à 407, mais sans plus de précision. Une façon de désamorcer en partie les critiques.

Deux exemples qui montrent que, malgré l’omniprésence de l’Etat et de sa censure, les autorités savent manifestement jusqu’où ne pas aller et tenir compte, jusqu’à un certain point, des avis exprimés.

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