Splendeur et misère de la social-démocratie

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Protesters take part in a May Day (Labour Day) rally from the Social Democrats in Sweden, in Stockholm on May 1, 2018. (Photo by Jonathan NACKSTRAND / AFP)

JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Par Anne Chemin

Né dans les années 1930, solidement implanté en Europe du Nord après-guerre, ce singulier compromis entre socialisme et capitalisme a subi de plein fouet les crises des années 1980. Le « modèle scandinave » a-t-il encore des ressources pour se réinventer ?

Les sociaux-démocrates scandinaves ont longtemps ressemblé à ces « amis à la fois beaux, sportifs et intelligents » que l’on admire autant qu’ils nous agacent, s’amuse le politiste Fabien Escalona, dans une note pour la Fondation Jean-Jaurès. Leur charme opère dès 1936 : cette année-là, le président américain Franklin D. Roosevelt dépêche en Suède un groupe d’experts chargé d’étudier ce singulier compromis entre socialisme et capitalisme. L’Europe des années 1960 est, elle aussi, séduite par ces réformistes qui semblent avoir résolu, avec une insolente facilité, la quadrature du cercle progressiste : conjuguer une économie compétitive et un Etat-providence généreux.

Avec le temps, le vent, pourtant, finit par tourner. Dès 1980, le sociologue allemand Ralf Dahrendorf affirme que la social-démocratie est « à bout de souffle ». « Son étoile pâlit. Révolutionnaire il y a un siècle, radicale dans les années 1920, elle s’est solidement implantée après 1945 et a commencé à s’essouffler dans les années 1970. » Quarante ans plus tard, ce constat semble plus pertinent que jamais : la social-démocratie a perdu nombre de batailles électorales et son hégémonie intellectuelle n’est plus qu’un souvenir. Bousculée dans les années 1980 par la vague néolibérale anglo-saxonne, elle est aujourd’hui contestée par la gauche radicale comme par les populismes de droite. « Le concept de la social-démocratie vit son crépuscule », résume l’historien suédois Tomas Lindbom sur la plate-forme de débats Telos.

Cette éclipse intervient au terme d’une longue histoire. « Dans le vocabulaire politique, le mot de “social-démocratie” apparaît pour la première fois peu après la révolution de 1848 », constatait, en 2009, le politiste Philippe Marlière, dans la revue Contretemps. Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, les socialistes européens se déchirent au sujet de l’exercice du pouvoir. « La véritable ligne de fracture est liée à la question de la démocratie politique, poursuivait-il. Certains acceptent le cadre de la démocratie parlementaire des régimes capitalistes. D’autres, au contraire, pensent que le libéralisme politique est étranger au mouvement ouvrier et doit être rejeté. »

Modèle scandinave et culture méditerranéenne

Pendant la « crise révisionniste » du SPD allemand, à la fin du XIXe siècle, Eduard Bernstein (1850-1932) défend ainsi l’abandon de la voie révolutionnaire. Prenant acte de l’échec des prédictions de Marx – le prolétariat ne devient pas de plus en plus misérable –, il propose de parier sur les perspectives offertes par le droit. « Si l’objectif ultime d’un système socialiste et non plus capitaliste doit être, selon lui, conservé par les sociaux-démocrates, la stratégie pour l’atteindre ne doit plus passer par une révolution violente, mais par la conquête progressive et croissante de droits politiques et sociaux au sein des institutions existantes », résume Fabien Escalona dans sa note pour la Fondation Jean-Jaurès, intitulée « La social-démocratie entre crises et mutations ».

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