Sous Modi, les Indiens se sont équipés de latrines mais ils répugnent à les utiliser

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Dans le cadre de la mission « Inde propre », New Delhi a augmenté les aides à la construction de toilettes. Mais près de la moitié de la population continue à se soulager en plein air.

Par Guillaume Delacroix Publié aujourd’hui à 13h03

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Dans des toilettes publiques de Ghaziabad, dans l’Uttar Pradesh, en novembre 2017.
Dans des toilettes publiques de Ghaziabad, dans l’Uttar Pradesh, en novembre 2017. PRAKASH SINGH / AFP

Les cahutes sont agglutinées les unes aux autres au bord de la mer d’Arabie. C’est sur les rares mètres carrés encore inoccupés du bidonville de Walkeshwar, dans la mégapole de Bombay, entre trois baraquements et deux tas d’ordures, que les autorités ont entrepris de construire des toilettes publiques.

En arrivant au pouvoir en 2014, le premier ministre Narendra Modi, candidat à un deuxième quinquennat aux législatives qui se tiennent en plusieurs phases jusqu’au 23 mai, s’était juré « d’en finir avec la défécation en plein air » en Inde, en lançant la mission Swachh Bharat (« L’Inde propre ») pour bâtir des toilettes publiques un peu partout, et aider les Indiens à s’équiper à domicile.

Le candidat Modi en a fait un argument de campagne de nouveau cette année, en expliquant qu’il fallait le réélire pour que le programme soit mené à son terme d’ici au 150anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, lequel donnera lieu à de grandes célébrations dans toute l’Inde, en octobre.

« Quatre mois avant les élections, la mairie a installé deux WC au bout de notre impasse, mais les femmes sont les seules à les utiliser. Les hommes, eux, préfèrent continuer d’aller faire leurs besoins entre les rochers, à toute heure du jour et de la nuit », racontent les frères Yadav. Agés de 14 et 21 ans, Ritik et Rahul montrent la clé du cadenas des toilettes. Une copie a été donnée aux dix maisons minuscules les plus proches, où vivent environ 70 personnes.

« Tout part dans la mer »

Sur le mur latéral, une plaque en granit noir rappelle le nom de leur bienfaiteur, Mangal Prabhat Lodha, élu local du Parti du peuple indien (BJP, nationaliste hindou, au pouvoir). « Notre communauté lui avait écrit cinq ou six fois pour obtenir ces WC, mais l’ennui, c’est qu’il n’y a pas d’eau à l’intérieur, précisent les deux garçons. On est obligés d’aller remplir un seau au robinet collectif avant de les utiliser. Et ensuite, tout part dans la mer. » Le gain écologique est nul, mais au moins, les femmes ont gagné en intimité.

Le bidonville, accroché à la colline de Malabar, entoure les temples hindous du bassin sacré de Banganga, où jaillit une source d’eau douce depuis qu’y a fait halte le héros mythologique Rama. En face de la maison de la famille Yadav, quatre autres toilettes étaient sorties de terre en 2016. « A l’époque, ils avaient mieux fait les choses, en prévoyant des chasses d’eau et en posant une canalisation souterraine pour les raccorder au tout-à-l’égout », observe Shivchran Gupta, 46 ans, qui refuse que l’on interroge sa femme à ce sujet, par pudeur.

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