« Sous Mario Draghi, la BCE a pratiqué une fuite en avant monétaire »

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Dans une tribune au « Monde », l’expert financier Jean-Michel Naulot dresse un bilan critique des années Draghi, qui ont fait exploser le bilan de la Banque centrale européenne et gonfler les bulles financières.

Publié aujourd’hui à 14h00 Temps de Lecture 5 min.

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« La politique de la BCE a eu pour effet de faire plonger la zone euro vers des taux proches de zéro, voire négatifs, sans rapport avec la situation économique et financière » (photo : la BCE, à Francfort, le 22 octobre).
« La politique de la BCE a eu pour effet de faire plonger la zone euro vers des taux proches de zéro, voire négatifs, sans rapport avec la situation économique et financière » (photo : la BCE, à Francfort, le 22 octobre). Michael Probst / AP

Tribune. Le 26 juillet 2012, moins d’un an après sa prise de fonctions, alors que l’euro était tout près de l’explosion, Mario Draghi avait, grâce à une phrase restée dans toutes les mémoires, fait immédiatement retomber la pression spéculative. En déclarant qu’il était prêt à faire tout ce qui était nécessaire pour sauver l’euro (« whatever it takes »), il laissait entendre que les moyens d’action de la Banque centrale européenne (BCE) étaient illimités. Il a mis ensuite en place des mesures qui ont démontré qu’il tenait parole.

La boîte à outils semblait inépuisable, comblant de bonheur des investisseurs qui voyaient en lui un magicien ! Au cours des huit années de son mandat, le sauvetage de l’euro a constitué le vrai fil conducteur de sa politique. Il a su très habilement utiliser l’objectif officiel de la BCE – atteindre un taux d’inflation proche de 2 % – pour justifier sa politique de taux zéro et les achats massifs de dettes souveraines.

Mario Draghi a convaincu les investisseurs de plusieurs façons. En septembre 2012, il a annoncé que la BCE était prête à acheter des titres souverains d’un pays en difficulté pour des « montants illimités », sous réserve de la mise en place d’un plan de redressement négocié avec les institutions européennes. Par ailleurs, tout au long des huit années de son mandat, il a mis à disposition des banques, gratuitement et sur de longues durées, des lignes de financement considérables.

Ces opérations, officiellement destinées à assurer une bonne liquidité du marché, ont permis aux banques d’acheter de la dette souveraine domestique, notamment dans les pays périphériques, et de faire ainsi baisser les taux d’intérêt. A partir de 2015, la BCE est elle-même passée à l’action en achetant massivement des dettes souveraines (politique de quantitative easing). Enfin, tout récemment, Mario Draghi a poussé les feux de sa politique monétaire accommodante jusqu’à annoncer la reprise du quantitative easing en novembre… c’est-à-dire lorsque Christine Lagarde lui aura succédé !

Le risque n’est plus rémunéré

Mais cette politique d’achat de dettes souveraines atteint aujourd’hui ses limites. Les divisions récentes au sein de la BCE montrent que des critiques sévères commencent à s’exprimer. Le bilan de la BCE a été lourdement impacté. Il représente désormais 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, un niveau très supérieur à celui de la Banque d’Angleterre (27 %) et double de celui de la Banque centrale américaine (Fed, 18 %). Lorsqu’il avait atteint 25 %, fin 2014, la Fed avait considéré qu’il importait de le réduire car cette dérive risquait de porter atteinte à sa crédibilité. Pendant un demi-siècle, jusqu’à la crise de 2008, le bilan de la Fed était en effet resté cantonné aux environs de 5 % du PIB.

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