« Soudain, le vent a repoussé l’incendie. Comme par miracle, notre ville a été épargnée »

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M Le magazine du Monde

« Ma vie a basculé le mardi 31 décembre. Ce jour-là, mon mari, mon fils et moi avons été brusquement réveillés par la sonnerie du téléphone à 6 heures du matin. C’était un message des autorités nous disant qu’un incendie arrivait dans notre direction et que nous devions partir. On n’a pas eu le temps de réfléchir. Nous avons vite rassemblé quelques affaires – passeports, photos, habits –, embarqué notre chien et grimpé dans la voiture. Dehors, la fumée était déjà très épaisse. Surtout, il faisait extrêmement chaud. À l’ouest, le ciel était tout rouge. Nous avons rejoint le club de sport qui faisait office de centre d’évacuation.

Toute la ville était là. Soudain, le générateur électrique s’est arrêté, nous nous sommes retrouvés dans l’obscurité : la tension est alors montée d’un cran. Puis, les flammes se sont dangereusement rapprochées du club et les responsables nous ont dit que nous n’étions plus en sécurité, qu’il fallait évacuer le centre d’évacuation ! Quand nous sommes sortis, le ciel était devenu complètement noir et il y avait ce vent terrible. Mais ce qui m’a vraiment pétrifiée, c’est le feu qui brûlait à l’ouest accompagné de bruits d’explosions. J’ai paniqué car mes parents vivaient là-bas et comme nos téléphones ne fonctionnaient plus, je n’avais aucun moyen de les joindre.

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C’est l’instant où j’ai eu le plus peur. Peur pour mes proches, peur de mourir aussi car le feu avançait inexorablement vers nous. Nous étions prisonniers, impuissants. Toutes les routes étaient fermées, nous n’avions nulle part où aller. Il ne restait plus que la plage. Nous nous y sommes tous réfugiés avec nos sacs et nos animaux domestiques. Des habitants avaient même amené des chèvres et des oiseaux. Des gens pleuraient, certains avaient perdu leur maison. Et puis, soudain, le vent a repoussé l’incendie. Comme par miracle, notre ville a été épargnée. Le soir, nous sommes rentrés chez nous, nous avons dîné et joué au Scrabble pour nous changer les idées. C’était un drôle de réveillon, irréel. Toute la nuit, mon mari est resté debout pour s’assurer que les flammes ne revenaient pas.

Au matin, j’ai appris que le magasin que je gérais depuis huit ans, dans une ville voisine, avait brûlé. Une énorme partie de ma vie s’est envolée d’un coup. J’y ai passé tellement de temps, j’y ai consacré tellement d’énergie. Je ne sais pas s’il va être reconstruit. Ni quand. Jeudi, les autorités nous ont demandé d’évacuer de nouveau en raison d’une hausse des températures prévue pour le week-end qui allait raviver les feux toujours actifs aux alentours. Nous sommes partis à Sydney sans savoir si nous retrouverions notre maison en rentrant. À qui la faute ? Au réchauffement climatique ? Aux politiques ? Je ne sais pas. Je ne me pose pas ce genre de questions, ça me dépasse un peu. »

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