Sosies toxiques : ne vous faites pas avoir par la petite ciguë

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Ces quatre plantes appartiennent à la même famille des Apiacées, jadis connues sous le nom évocateur d’ombellifères (porte-ombelles, du fait de leur inflorescence caractéristique). Cela explique leur ressemblance, car s’il est généralement facile d’attribuer un végétal à cette famille, il s’avère nettement plus ardu de l’identifier avec précision, car les sosies y abondent. On connaît bien la confusion classique entre la carotte et la grande ciguë – d’ailleurs simple à éviter lorsque l’on sait que la première est notoirement velue alors que la seconde est totalement glabre, c’est-à-dire dépourvue de poils : le toucher est un sens important pour distinguer une plante d’une autre et pour aider à la déterminer.

Toutes les plantes qui nous intéressent ici sont glabres. Et qui plus est, toutes quatre peuvent se rencontrer dans le même environnement : le jardin. Deux d’entre elles y viennent toutes seules, tandis que la troisième et la quatrième y sont exclusivement cultivées.

Ceux qui disent « mauvaise herbe » ne l’ont pas goûtée

egopode en pot

L’égopode en pot – Source : spm

Commençons par présenter l’égopode… si tant est qu’il ait besoin de l’être : c’est l’une des « mauvaises herbes » les plus détestées des jardiniers, car il se propage à la vitesse de l’éclair avec ses longues tiges souterraines, ou rhizomes, qui lui permettent d’envahir sans pitié les parcelles entretenues. Des binages et des sarclages réguliers, ainsi qu’un paillage copieux et constant, réussissent à calmer ses ardeurs, mais tenter de l’éliminer en passant le motoculteur sur son terrain de vie est suicidaire, car chaque fragment développe à son tour des rhizomes et le problème se trouve multiplié. Ceux qui le connaissent, d’ailleurs, ne se plaignent pas de sa présence, car l’égopode est l’un de nos meilleurs légumes sauvages. Ses toutes jeunes feuilles, tendres et luisantes, fournissent de délicieuses salades. Et ses feuilles adultes se préparent d’une multitude de façons : c’est un légume aromatique, à saveur de carotte et de céleri – deux cousins, toujours de la même famille. On en fait des quiches exquises, de succulents gratins, il accompagne la viande – la daube, la carbonade ou le baeckoffe à l’égopode sont des plats roboratifs et savoureux – et le poisson, il donne des soupes parfumées… On n’en finirait pas. Mentionnons pourtant ses vertus diurétiques et sa capacité à dissoudre les cristaux d’acide urique qui le rendent utile contre la maladie douloureuse connue sous le nom de « goutte » ou, jadis, de « podagre ». De là proviennent ses surnoms de « podagraire » et d’« herbe-aux-goutteux ».

Mais, j’oubliais de le décrire. Au début du printemps sortent du sol de délicates feuilles vert clair qui s’ouvrent en trois larges folioles, la terminale elle-même divisée en trois, tandis que les deux latérales le sont généralement en deux : elles évoquèrent à ceux qui nommèrent la plante un sabot de chèvre – égopode (en latin Aegopodium podagraria), dérive du grec aïx, aïgos, « chèvre », et podion, « patte ». Toutes les foliolules (folioles de second rang) sont dentées sur le pourtour. Le pétiole, la queue de la feuille si vous préférez, est souvent, mais pas toujours, rougeâtre. L’égopode présente à la coupe une forme caractéristique : sa section est en « V », ce qu’il est facile de sentir entre ses doigts – encore le toucher. Et il est parcouru tout du long d’une gouttière sur sa face supérieure. Le limbe – la partie plane de la feuille, ici les folioles – est d’un vert mat. Plus tard, au début de l’été, une pousse émerge de l’humus qui deviendra une tige portant quelques feuilles puis, à son extrémité, de petites ombelles de fleurs blanches qui se transformeront en fruits un peu aplatis et allongés.

Bien vérifier avant la floraison

le persil

Le persil – Source : spm

L’égopode pousse normalement dans les bois frais, car il aime l’ombre, mais il a souvent migré dans les terres remuées et ensoleillées des jardins – à moins que ces derniers n’aient été conquis sur d’antiques forêts. C’est là qu’il côtoie parfois la petite ciguë. Cette cousine de la grande ciguë (Conium maculatum) appartient à un autre genre (Aethusa cynapium), mais renferme comme elle de la conine et divers alcaloïdes toxiques dont l’aethusine, bien qu’elle s’avère généralement moins dangereuse. La petite ciguë fait d’abord sortir de terre ses feuilles composées de plusieurs folioles, chacune elle-même composée de foliolules profondément incisées en segments aigus. Cette découpe répétée leur confère une apparence bien différente des feuilles de l’égopode et devrait suffire à éviter la confusion. Puis la tige monte et porte de petites ombelles composées d’ombellules de fleurs blanches exhibant trois très fines bractées (des feuilles miniatures liées aux fleurs) toutes dirigées vers le bas, ce qui donne à l’inflorescence un aspect caractéristique et rend la plante adulte facile à reconnaître.

Avant la floraison, la petite ciguë pourrait être prise pour du persil plat (Pëtroselinum crispum), et le cas est maintes fois survenu : si vous observez dans votre jardin du persil que vous ne vous souvenez pas avoir planté, il y a de fortes présomptions pour qu’il s’agisse en fait de cette ombellifère toxique. Ses feuilles sont d’un vert mat, parfois un peu grisâtre, et fortement découpées, bien différentes de celles du persil, moins profondément incisées et d’un vert plus clair et luisant. Le goût, bien sûr, n’est pas le même, mais il est préférable d’éviter d’avoir recours à ce dernier pour différencier ces plantes.

Les intoxications, dues à la confusion fréquente des feuilles avec celles du persil, sont rarement mortelles du fait de leur saveur désagréable. On observe des vomissements répétés, des troubles gastro-intestinaux souvent accompagnés de vertiges. Des doses importantes induisent un engourdissement des membres, ainsi que des problèmes cardiovasculaires et respiratoires pouvant mener à la mort. La petite ciguë peut aussi se montrer photodynamisante : un contact cutané avec les feuilles ou le suc de la plante suivi d’une exposition au soleil peut entraîner des lésions cutanées d’intensité variable allant de la simple rougeur à l’apparition de bulles et de vésicules. Quelques jours plus tard, les zones touchées présentent souvent une hyperpigmentation.

Une confusion supplémentaire pourrait avoir lieu avec le cerfeuil (Anthriscus cerefolium) – également de la même famille –, un autre condiment fréquemment cultivé dans les potagers. Son feuillage dru et très léger est finement découpé, beaucoup plus que celui de la petite ciguë, et il dégage au froissement une odeur caractéristique, légèrement anisée, très différente de celle de sa cousine toxique. Utiliser son odorat peut donc aussi s’avérer très utile pour rester en bonne santé !

Habitat Couleur de la plante Folioles Pétiole
Égopode Aegopodium podagraria Bois, jardins Vert clair, parfois rougeâtre Dentées Section en « V », en gouttière par-dessus
Petite ciguë Aethusa cynapium Terres remuées, jardins Vert sombre, mat Profondément découpées Arrondi
Persil plat Petroselinum crispum Cultivé dans les jardins Vert clair, brillant Moyennement découpée Arrondi
Cerfeuil Anthriscus cerefolium Cultivé dans les jardins

 

Vert clair, brillant Profondément découpées, très fines Arrondi

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