Soledad Gallego-Diaz ou la libre expression

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Le parcours de la journaliste espagnole de 68 ans, antifranquiste dans sa jeunesse, épouse celui du journal « El Pais », qu’elle dirige aujourd’hui. Son objectif : lui redonner sa ligne éditoriale progressiste, et lui imprimer un angle plus féministe.

Par Publié aujourd’hui à 11h30

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Yann Legendre

Il aura fallu quarante-trois ans d’existence au journal El Pais pour qu’une femme en prenne pour la première fois la direction. En juin 2018, Soledad Gallego-Diaz, 68 ans, cheveux blancs et fines lunettes, a pris la barre du quotidien de référence espagnol au milieu de la tempête qui secoue non seulement la presse, confrontée aux défis de la transformation numérique et à la crise de confiance des lecteurs, mais aussi l’Espagne, où se tiendront, le 10 novembre prochain, les quatrièmes élections législatives en quatre ans.

Figure respectée de la profession, discrète et rigoureuse, cette journaliste « historique » symbolise le retour à l’essence du quotidien de centre gauche progressiste, né au printemps 1976 – six mois après la mort de Franco –, pour accompagner la démocratie naissante, et accusé ces dernières années d’avoir pris un virage éditorial à droite. Sa nomination a été plébiscitée par les salariés, qui l’ont soutenue à 97,2 %.

« Récupérer la culture d’“El Pais” »

Dans son bureau rempli de livres, au milieu de photographies rappelant les moments forts de sa carrière, au troisième étage du siège d’El Pais, dans l’est de Madrid, « Sol », comme l’appellent ses proches, préfère ne pas s’étendre sur la gestion des dernières années – la vingtaine d’éditoriaux publiés en 2016 contre le dirigeant socialiste Pedro Sanchez, dans l’un desquels il sera même traité d’« insensé sans scrupule ».

Cette femme posée et modérée, couronnée du prix du journalisme Ortega y Gasset (créé par El Pais) en 2018, dont la prise de fonctions a coïncidé avec celle de Pedro Sanchez à la tête du gouvernement espagnol, se contente d’expliquer avec prudence que son objectif consiste à « récupérer la culture du journal ». Un journal dont l’histoire s’imbrique dans celle de la démocratie espagnole.

« Soledad représente une tentative de récupérer le prestige d’“El Pais” et son image d’indépendance », Fernando Vallespin, politiste

« Durant la Transition [1976-1982] et les premières années de la démocratie, El Pais était ce que l’on appelait un intellectuel collectif. Le journal répondait à deux fonctions : forcer les limites de la liberté d’expression, en débattant sur tous les sujets, et éduquer les classes moyennes aux valeurs démocratiques que le pays devait réapprendre après quarante années de dictature, rappelle le sociologue et politiste Fernando Vallespin. A mesure que la société a mûri, ce rôle de tuteur intellectuel de la démocratie espagnole s’est effacé, et lorsque Prisa [groupe propriétaire d’El Pais] est devenu un géant médiatique, il a perdu son caractère presque sacré. Soledad représente une tentative de récupérer son prestige et son image d’indépendance. »

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