[Société] VIDEO. Pour le directeur du CHU, “l’enjeu est de continuer à prendre en charge tous les patients”

0
52

[ad_1]

Si La Réunion a été préservée de la première «vague» de covid, elle fait face depuis la mi-août à une accélération du nombre de cas autochtones. Désormais prudents, les médecins regardent les prochains mois avec une vigilance accrue. Le point avec Lionel Calenge, le directeur général du CHU.

Avec six mois de recul, comment analysez-vous le premier épisode de covid à la Réunion ?

 

“On peut capitaliser sur tout ce qu’on a appris de cette première phase : le CHU s’est profondément réorganisé pour prendre en charge les patients covid. Nous avons des acquis de cette expérience en terme d’organisation des soins. L’enjeu actuel est d’être à la fois en capacité de prendre en charge les patients covid, sans désorganiser les soins programmés dans les autres disciplines médicales. C’est une équation compliquée, on s’y attelle au quotidien. Nous avons des cellules de crise aussi souvent que possible avec les équipes. Mais nous travaillons aussi en collaboration avec le groupement hospitalier du territoire (GHT) : on pilote cette crise avec le CHOR, le GHER, mais aussi avec le groupe privé Clinifutur, pour organiser le parcours des patients. Nous n’avons aucune projection épidémiologique disponible, nous pilotons sans avoir de boule de cristal, mais nous avons pensé et modélisé tous les cas de figure possibles. Ça requiert une adaptabilité permanente de notre part. Cela nous a permis d’avoir jusque-là toujours un coup d’avance sur la maladie.

 

A LIRE AUSSI : Unité Covid au CHU Nord : “Nous n’avons jamais arrêté le combat”

 

Quelle est l’organisation retenue ?

 

Nous avons armé des lits en médecine et en réanimation sur les sites nord et sud. Nous avons des unités dédiées au covid. A ce jour, nous avons 51 lits de médecine dédiés au covid pour 37 patients hospitalisés (jeudi, ndlr). Par rapport à la première phase, nous avons eu beaucoup plus de patients hospitalisés en mars, mais ce n’était pas du tout le même type de patients. Au départ, le CHU recevait tous les patients covid du territoire car la pathologie était très mal connue. Aujourd’hui, en médecine, nous avons des patients assez lourds, âgés ou avec des co-morbidités.

 

Quelles sont vos capacités en réanimation ?

 

Avant la crise, nous disposions de 58 lits sur le CHU. Aujourd’hui, nous avons 76 lits de réanimation ouverts sans avoir dû déprogrammer beaucoup d’autres opérations. Nous sommes à 90% de taux d’occupation de ces lits de réanimation à Saint-Pierre et à 70% sur Saint-Denis. Actuellement, 16 patients covid sont hospitalisés en réa (jeudi, ndlr). Nous ne sommes pas sur une augmentation forte de l’activité, mais plutôt sur un plateau. Depuis mi-août, nous accueillons entre 10 et 19 patients en réanimation maximum (le 3 septembre, ndlr). En médecine, on fluctue entre 35 et 45 patients.

 

VIDEO. Pour le chef des urgences, “on essaie surtout de se préparer à ce qui pourrait arriver”

 

En cas de flambée, quel est le plan B ?

 

On pourrait passer, avec des déprogrammations d’opérations en médecine cette fois, à 85 lits armés avec le personnel dont nous disposons et en s’organisant avec le CHOR (15 lits) et le GHER où nous basculerions les patients de gériatrie. Si vraiment ça s’accélère, un troisième palier prévoit la fermeture d’une ou plusieurs unité(s) de médecine pour les dédier aux patients covid+. C’est en réflexion avec la communauté médicale. Les unités covid+ imposent des contraintes supplémentaires d’organisation ou de consommation d’EPI (équipements de protection individuelle).

 

Quel est l’état d’esprit des personnels ?

 

Nos personnels ont été très mobilisés depuis mars, même si la Réunion n’a pas connu de première vague épidémique forte. Nous avons eu quelques clusters au CHU : il y a eu 7 contaminations aux urgences nord à la mi-août, en réanimation, en gériatrie, au sud… Nous avons encore un cluster actif en maladies infectieuses. Les personnels covid+ sont alors sortis immédiatement des services.

 

Face au nombre de cas, faut-il être inquiet ?

 

Il n’y a pas besoin d’être inquiet, mais vigilant. Avec un pilotage très réactif et adaptable, nous avons toujours su répondre aux besoins avec les autres hôpitaux du territoire. Le CHU n’est pas seul à piloter cette crise, le privé nous aide. Il y a 25 lits de suite de soins et de réadaptation à la clinique Saint-Vincent, une unité de soins de suite pour les patients covid- a été ouverte par Clinifutur. Si l’épidémie s’intensifie, le service de gériatrie du CHU nord sera fermé et les patients seront transférés au GHER pour récupérer une dizaine de lits de médecine.

 

Disposez-vous suffisamment d’équipements désormais ?

 

Nous ne sommes pas inquiets sur les EPI (équipements de protection individuelle), l’horizon est dégagé. Sur les masques, nous disposons de 4 mois de stock (chirurgicaux et FFP2). Il y a deux semaines, nous avons eu une petite tension sur les sur-blouses, mais d’autres CHU nous ont dépanné : nous avons reçu 60 000 sur-blouses. Nous avons un mois de stock. Les approvisionnements sont sécurisés par nos pharmacies. Jusqu’à la fin septembre, c’est Santé publique France qui nous approvisionne en médicaments hypnotiques, ensuite cela sera de notre responsabilité. Nous avons 115 respirateurs.

 

Où en est le Copermo ?

 

Dès mars, le ministre de la Santé a annoncé la suppression des plans de retour à l’équilibre dans l’attente du Ségur de la Santé. Depuis nous n’avons pas eu de consigne contraire : les suppressions de postes et de lits sont toujours gelées. Le comité de performance et de modernisation (Copermo) sur la partie investissements a été supprimé. La validation de nos budgets se fait en lien avec l’ARS.

 

Quel est le surcoût de cette crise pour le CHU ?

 

De mars à mai, nous avons accumulé 8 millions d’euros de surcoûts. D’ici la fin de l’année, ce sera bien plus. Il a fallu recruter des personnels, s’approvisionner en matériels, créer des unités covid, organiser des équipes mobiles de prélèvement… Sur le premier semestre, nous avons connu de nombreuses déprogrammation d’opérations. Or, les hôpitaux sont financés à 70% par les séjours des patients. Entre janvier et juin, nous avons perdu 6,7% de recettes. En métropole, la moyenne des CHU est une baisse de 11,5%. Le vrai enjeu aujourd’hui est d’être en capacité d’accueillir des patients covid+, mais il ne faut surtout ne pas oublier les autres patients. Il ne faut pas de perte de chance pour les patients chirurgicaux du territoire. Nos blocs opératoires tournent pratiquement en régime normal. Si jamais la crise devait s’accélérer, pour passer à 85 lits de réanimation, il faudra fermer des blocs opératoires pour redéployer les infirmiers anesthésistes. Nous avons aussi pensé à faire intervenir nos chirurgiens sur d’autres sites, au GHER, au CHOR et à Clinifutur pour certaines spécialités en ambulatoire : ophtalmologie, chirurgie digestive, chirurgie vasculaire…”

 

Propos recueillis par E.M

[ad_2]

Source link

clicanoo

Have something to say? Leave a comment: